Syrie : fragmentation et radicalisation

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Syrie : fragmentation et radicalisation

Un texte d’un ancien analyste de renseignement du Pentagone devenu journaliste indépendant, Joshua Foust, apporte des précisions très intéressantes sur l’évolution de la situation sur le terrain en Syrie, indépendamment de la crise actuelle autour du chimique. Cette évolution est très rapide et radicale. Elle pourrait d’ailleurs s’en trouver accélérée par une éventuelle frappe aérienne US, conduisant à une situation beaucoup plus complexe et incontrôlable qu’elle n’est aujourd’hui. (Encore ne s’agit-il que d’éléments relativement connus et identifiés, les éventuels bombardement pouvant en faire surgir d’autres dont il y a beaucoup à parier qu’ils iraient dans le même sens.)

(Il est à signaler que le texte de Foust, publié dans defenseOne.com le 27 août 2013, est plutôt favorable à la politique officielle US. Il tient pour assuré que le chimique a été utilisé par Assad. Son analyse est ainsi d’autant plus inintéressante puisqu’elle n’est nullement marquée par une tendance à plutôt peindre une situation défavorable à une entreprise de prise de contrôle de la situation, surtout des éléments rebelles disparates, ce qui est le but des USA et du bloc BAO.)

Plusieurs éléments sont à mettre en exergue.

• La continuelle radicalisation des rebelles, par la prépondérance sans cesse grandissante des groupes islamistes type-al Qaïda, qui amène même certains groupes “modérés” à se rapprocher des islamistes malgré les consignes de leurs dirigeants, répercutant les ordres de Washington à cet égard. Ce dernier point est capital parce qu’il met en question toute la politique US depuis que la présence prépondérante des islamistes a été admise. La politique de Washington était d’éloigner les “modérés” de cette tendance, de les armer lourdement, de les constituer en une force autonome capable d’équilibrer, voire de surpasser les forces islamiques au sein de la rébellion. Il semble bien que ce soit le contraire qui se produise, avec l’intégration grandissante de ce qui reste de forces “modérées” dans les rangs islamistes.

• Le constat d’une analyste qui vient d’effectuer un voyage d’étude en Syrie, qui est particulièrement intéressant. Selon ce constat, les forces régulières syriennes ont de plus en plus tendance à s’appuyer sur des milices, ou à se constituer en milices, sous l’impulsion et souvent l’encadrement de cadres iIraniens ou de membres du Hezbollah, et souvent aussi avec des Iraniens et des membres du Hezbollah à l'intérieur de ces milices pour en contrôler les structures. Ainsi les structures des forces soutenant le régime se rapprochent de celles des rebelles, ce qui leur permettrait éventuellement de mieux les affronter. A contrario, cela tendrait à diminuer le rôle des forces régulières syriennes, dans tous les cas dans leurs structures traditionnelles d’armée lourdement équipée (blindés, armes lourdes, etc.). Cette évolution tendrait à les rendre moins vulnérables à des interventions étrangères du type des “frappes chirurgicales” envisagées par les USA contre des infrastructures.

• Dans la logique de cette évolution, il apparaît que le rôle du Hezbollah et surtout de l’Iran ne cesse de grandir, jusqu’à constituer des réseaux de pouvoir influant très fortement sur la direction syrienne. Ce fait pourrait même poser à terme un problème à la direction syrienne et à Assad. Dans tous les cas, ce dernier élément témoigne de l’implication grandissante de l’Iran, par conséquent de l’élargissement du conflit non par sa géographie nécessairement mais par l’évolution des structures qui s’affrontent et de la nationalité et de l'orientation des forces qui s’y trouvent engagées.

«... But the biggest disaster to befall the country may not be the alleged use of chemical weapons by Syrian President Bashar al Assad, an incident now being investigated by a team of United Nations inspectors. Rather, it‘s the continued fracturing of Syrian fighters – a development that threatens any hope for reconstruction once the fighting dies down – that is sparking such concern and caution about the two-year civil war.

»In a video statement released on Aug. 22, the five front-line commanders from the opposition-backed Supreme Military Council announced they were abandoning the group and choosing instead to work with any group willing to fight Assad. They tendered their resignation while sitting in front of the black flag of Jabhat al Nusra, a key opposition group with growing ties to al Qaeda in Iraq – implying they have rejected U.S. demands not to work with jihadists.

»The council, formed in December 2012, was meant to consolidate the various rebel factions into a unified command structure. It never really worked – the SMC had little legitimacy, and the chains of command to each front were only as good as the individual commanders leading them. Though it had the potential to serve as a check on the radicalization of the opposition movement, that potential now seems further away than ever before.

»“It’s really sad to see,” Elizabeth O’Bagy, a senior research analyst at the Institute for the Study of War who just returned from a research trip to Syria, told Defense One. “Islamic movements are taking over the council and people feel they can’t fight back.” The Syrian resistance has become increasingly radicalized over the last two years. “Especially in Aleppo, but also in the rebel-controlled North, you see the Islamic State of Iraq taking over local councils entirely,” she says, referring to the official name for al Qaeda’s branch in Iraq.

»The SMC is nominally led by Salim Idriss, who chairs its Joint Staff. “It never really exercised its power,” said Kirk Sowell, CEO of Uticensis Risk Services and an Arabic language researcher. “They failed to remove troublesome commanders from Aleppo and Dira, but they could have become a kind of Defense Ministry.” Yet this recent defection of its top leaders, Sowell says, shows that not only does Idriss lack authority over his own commanders, but that the SMC “is a total non-entity” inside Syria. [...}

»In the video, SMC spokesman Fatih Hassun, the commander of the Homs Front, repeatedly uses the phrase “majusi” to describe the enemy. “It is the most sectarian way of framing the conflict,” Sowell said, as it turns the war into a Sunni-vs-Shia battle.

»While the UN continues to inspect the chemical attack, while dodging sniper fire, yet another worrying development is taking hold among the regime forces. “The regime is evolving into a variety of militia-like forces,” O’Bagy said. “I was amazed when I was in Aleppo that the regime largely withdrew from the city and relied instead on local militia groups.” These militias consist of both local fighters and foreign fighters, mostly from Hezbollah and Iran. “I am amazed at how many pro-regime militias have Farsi-speaking advisers with them,” she said. “Iran is heavily influencing the regime’s decision-making process.”

»Complicating matters is the growing presence of Iranian fighters at Assad’s chemical weapons facilities. In a February 2009 report, Janes Defense Weekly detailed an agreement between Damascus and Tehran to upgrade Syria’s chemical weapons. It’s unclear whether Iran had any say in the most recent chemical attack, but there are growing reports that Iranian fighters are guarding Syria’s chemical weapons facilities. As the world ponders what comes next for Syria, the involvement of Iran and Hezbollah weighs heavily. And the prospect of more direct involvement by Tehran has many analysts worried. Moreover, the increasing radicalization by Syrian rebel groups, including the SMC’s decision to work directly with the local al Qaeda branch, bodes poorly for any future scenario.»

dedefensa.org