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1111…Effectivement, si le successeur de Benoît XVI, que nous connaîtrons sans douter le mois prochain, a conscience de l’importance de sa sainte fonction et de l’urgence des choses de ce temps, il devra envisager cette mission désormais sacrée pour sauver le monde : la question de la canonisation du président, Son Excellence Barack H. Obama. Si nous avions Saint Barack ou, mieux, Saint BHO parmi les nouveaux saints de l’Église avant la fin 2013, cette mesure essentielle après celle de l’instauration du mariage gay en France, peut-être notre contre-civilisation aurait-elle une chance d’échapper in extremis à son sort pour devenir enfin la Sainte Civilisation de la Fin des Temps. Nous aurions fait l’économie d’une Apocalypse et serions passés directement au règne du Royaume de Dieu sur Terre. La terre serait ainsi devenue notre Sainte-Planète.
C’est à peine si, écrivant cela, nous nous moquons. La chronique du 19 février 2013 (dans le Guardian) de Glenn Greenwald consacrée à la chaîne de télévision MSNBC est édifiante à cet égard. Comme l’écrit Greenwald, “il ne semble pas admissible [à MSNBC] que le nom de Barack Obama sorte des lèvres d’un collaborateur de la chaîne sans qu’il soit précédé d’un ‘Président’ ou d’un ‘Honorable’, ou même d’un ‘Son Excellence’ (cela est vraiment arrivé)…” Voici le début du commentaire de Greenwald, saluant l’engagement par MSNBC de deux anciens collaborateurs de Sa Majesté BHO Robert Gibbs et David Axelrod (“Je me demande ceci, écrit Greenwald: quelqu’un qui passe du poste de porte-parole d’Obama à la Maison-Blanche ou d’organisateur de la campagne d’Obama, à celui de collaborateur de MSNBC, s’apercevra-t-il seulement qu’il a changé de métier ?”)
«Last month, MSNBC's Al Sharpton conducted a spirited debate about whether Obama belongs on Mount Rushmore or instead deserves a separate monument to his greatness (just weeks before replacing frequent Obama critic Cenk Uygur as MSNBC host, Sharpton publicly vowed never to criticize Barack Obama under any circumstances: a vow he has faithfully maintained). Earlier that day on the same network, a solemn discussion was held, in response to complaints from MSNBC viewers, about whether it is permissible to ever allow Barack Obama's name to pass through one's lips without prefacing it with an honorific such as “President” or “the Honorable” or perhaps “His Excellency” (that really did happen).
»Yesterday, Chris Matthews – who infamously confessed that listening to Obama (sorry: President Obama) gives him a "thrill going up his leg" – hosted another discussion, this one involving former Obama campaign aide and MSNBC contributor Joy Reid, about whether the Honorable President should be mounted on Mount Rushmore (Matthews restrained himself by explaining that "I'm not talking about Mt. Rushmore but perhaps the level right below it", but then shared this fantasy: "If [Obama] were hearing us talking about him maybe mounting Mount Rushmore, getting up there with the great presidents...what would he be thinking? 'That's exactly what I'm doing?'"). A Pew poll found that in the week leading up to the 2012 election, MSNBC did not air a single story critical of the President or a single positive story about Romney – not a single one – even as Fox aired a few negative ones about Romney and a few positive ones about Obama. Meanwhile, Obama campaign aides who appeared on MSNBC were typically treated with greater deference than that shown to the British Queen when one of her most adoring subjects is in her presence for the first time…»
Avant de poursuivre ce rapide commentaire, rappelons que le Mont Rushmore est cette montagne de granit où sont taillés et sculptés les visages géants de Georges Washington, de Thomas Jefferson, d’Abraham Lincoln et de Theodore Roosevelt, – qui devraient effectivement être complétés par celui de Saint-BHO… Le cas de MSNBC est peut-être un exemple extrême, mais ce n’est tout de même qu’un exemple du climat général qui règne dans les élites et le monde de l’information libéral (progressiste) lorsqu’il s’agit de la personne du président Obama. Ce climat de culte approchant effectivement de la sanctification fait de MSNBC une chaîne désormais bien plus partisane que la chaîne Fox News pour l’autre côté de l’échiquier politique. (Mais peut-on qualifier de “partisane” une organisation d'information dont la référence est la sainteté de la personne à laquelle toute sa mission d'information est dédiée ? Peut-on qualifier de “partisane” l'Eglise parce qu'elle privilégie manifestement la cause de Jesus-Christ ? On admettra que la question est sérieuse.)
Il s’agit d’un bon exemple du climat général qui a envahi les directions politiques et les élites du Système, la branche progressiste ayant complètement basculé dans la même narrative exalté et hystérique que la branche conservatrice-neocon du temps de GW Bush. Les deux démarches sont similaires même si leur objet est dissemblables et paraît les mettre en position d’antagonisme, et l’esprit dérangé qui les habite est le même, servi par la même psychologie affaiblie jusqu’à la pathologie chronique. Ils mesurent, cet esprit dérangé et cette psychologie malade, l’urgence extrême et la panique courante qui habitent les serviteurs du Système devant l’extension-turbo de la crise. (Car notre appréciation est bien qu’il n’y a ni jeu, ni feinte, ni cynisme dans tout cela, – car une telle tension imposée par le mensonge à la psychologie serait insupportable,– mais bien un cas orwellien affectant les psychologies jusqu’à la pathologie et touchant en priorité et presque exclusivement dans leur continuité, au contraire dans ce cas du schéma orwellien, les élites-Système.)
Cette appréciation générale vaut bien entendu pour l’utilisation du système de la communication par ces mêmes factions et élites-Système, et l’information qui va avec, utilisation qui semble dépasser le stade de la narrative pour celui d’une sorte d’“Histoire Sainte” en train de se faire. Il nous semble que cet excès est fort proche de produire d’une façon systématique un effet inverse à celui qui est recherché, en devenant une mesure très perceptible et dévastatrice, si même elle n’est pas réalisée comme telle, du désarroi du Système, bien plus qu’une contribution efficace à sa défense désespérée.
Mis en ligne le 20 février 2013 à 04H37
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