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1445«Les femmes pardonnent parfois à celui qui brusque l’occasion, mais jamais à celui qui la manque», disait Talleyrand. Voilà une pensée d’homme à saisir aux cheveux qui traduit le non-dit féminin, son non-savoir. La femme séduit et s’offre à qui elle veut. Elle ne dit jamais à l’homme « Prend-moi ». Elle offre et attend que son offre fasse effet, exige de l’homme une compréhension intuitive au-delà des mots suivie d’un acte masculin, d’une décision qu’elle ne veut, et ne doit pas prendre. La décision d’agir lui parait, à juste titre, déplacée : « Si tu me trouves à ton goût, fais-moi la cour, poursuis-moi de tes assiduités, je t’y encourage, c’est tout ce que je peux faire. Je ne peux à la fois être l’offre et la demande » ! La femme doit être passive pour mieux convaincre qu’elle ne l’est pas, mieux vaincre celui qui croira l’avoir vaincue. Elle crée la situation et attend. L’homme doit alors montrer son agir. S’il ne se décide pas, ça veut dire que soit il est timide, donc n’est pas très intéressant, soit il me trouve moche, pense la femme, et donc est aveugle !... Ou alors, s’il a raison, si je suis réellement moche, alors « bye bye chéri, je vais me proposer à un autre qui fera moins le difficile ». Celui qui devant une femme brusque l’occasion, force la situation, montre, que subjugué par son désir il se maîtrise mal. Or que cherche précisément la femme ? Que devant elle l’homme perde les pédales, sa raison, son sang froid et donc par là montre sa faiblesse, sa maladresse, voire son indélicatesse si, plus que brusquer, il viole. Mais si violence il y a, il peut être pardonné car sa violence montre plus encore la pauvreté de ses ressorts. Enfin, si la femme donne l’impression extérieure d’être victime de l’agression et fortement affectée (argument féministe pour qui la femme est littéralement tuée par le viol), on sait qu’au fond, la première émotion surmontée, elle n’en a cure, qu’en laissant faire elle montre à son violeur qu’elle lui est supérieure, lui fait constater « qu’à vaincre sans péril il triomphe sans gloire ». Le viol rabaisse plus l’homme que la femme, chose que le féminisme refuse de voir, désireux qu’il est d’instrumentaliser la violence pour servir des intérêts qui ne sont pas ceux du féminin mais de ceux qui veulent la destruction de la famille et de la société. Violée, une femme reçoit la sympathie, le mâle l’opprobre, sans compter les suites pénales. Qui a gagné? La femme. D’avoir « payé de sa personne » ne l’affecte plus puisque par là elle a vaincu, mais elle doit faire comme si. Que fait-elle d’ailleurs sur la terre sinon de toujours payer de sa personne en accouchant la vie? L’homme se croit libre, la femme se sait esclave de la vie mais d’un esclavage qui lui assure la domination de son maître. Elle est instrument. A sa guise instrument de scandale ou de bonheur pour elle et pour l’homme. Depuis quarante ans elle a choisi la première option. Pourtant, fine mouche, elle en voit les limites. Les intelligentes ne sont plus féministes, si… elles l’ont été. Les très intelligentes ne l’ont jamais été.
J’écris ces lignes après avoir vu le film sur les femmes russes dans le second conflit mondial. Comme tireurs d’élites, pilotes, elles furent jalousées, critiquées et finalement mises de côté à la fin du conflit par le pouvoir car les hommes qui les avaient invitées au combat ne savaient comment, publiquement, louer leur courage. De charmeuses, d’embellisseuses de la vie et du monde, elles s’étaient transformées en hommes tuant des hommes, ne pouvaient donc plus être reconnues comme objet de désir, incarnation de beauté ou d’amour. En donnant le meilleur d’elles-mêmes, en se sacrifiant pour la mère-patrie, le Père-Mère, elles se firent tabou, vieillirent dans l’indifférence ou la jalousie des femmes et des hommes, payèrent le prix d’avoir voulu non égaler, mais surpasser les hommes et d’y être arrivé ! C’est pourquoi cette réflexion inspirée de Talleyrand doit se clore par l’affirmation un rien arrogante mais pour une part justifiée, de Charlotte Whitton : « Quoi qu’elle fasse, la femme doit le faire deux fois mieux que l’homme pour qu’on en pense autant de bien. Heureusement, ce n’est pas difficile. » Cela vaut évidemment aussi pour le sexe. Loin d’en être victime, la femme triomphe en pornographie. Elle en est la vraie héroïne, domine le mâle sans effort. On est toujours supérieur quand on est passif, quand on laisse faire et qu’on recueille le fruit des actions hasardeuses (elles le sont toutes) des autres. Vive la femme et le féminisme! celui qu’il faut taire, celui qui pratique un non-agir agissant, celui qui selon l’homme-femme Talleyrand pardonne « parfois » un agir condamné. Donner la mort (grande ou petite), est un agir condamné.
Marc Gébelin
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