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25938 février 2022 (19h20) – On observera que toutes les brutales péripéties que nous connaissons, autant de subcrises (cette latinisation de la chose me sied à merveille) de la Grande Crise, ont une parenté avec la subcrise majeure du Covid ; au point, cela, où nous faisons alternativement de cette subcrise majeure une “Grande-Crovid”, intégrant “crise” et “Covid”. Voilà pour la sémantique complotiste, appuyée sur un sentiment désormais universel :
« Covid19 est désormais complètement une affaire politique, un abcès de fixation d’un affrontement où les perceptions sont entre un pouvoir qui veut se saisir du plus de moyens de coercition qu’il peut, et de populations qui interprètent désormais ces actions Covid comme la mise en place systématique d’un cadre de surveillance confinant à la tyrannie. »
Le ‘Freedom Convoy’ est lié au Covid, mais il a aussi une ramification puissante vers la colère intérieure des États-Unis où s’organisent des ‘American Freedom Convoy’. La crise-bouffe de l’Ukraine où l’on attend l’invasion comme d’autres attendent Godot est évidemment l’indiscutable bâtarde de l’antirussisme complètement affectiviste du bloc-BAO ; elle est bâtarde activée comme grotesque bouée de sauvetage d’un président sénile aux abois, au cœur de la crise de l’américanisme elle-même activée par le Covid... Le serpent se mord la queue.
Tout cela, on en conviendra se trouve à un point de paroxysme, – un de plus, certes, – qui mérite une observation et une réflexion générale. On n’oserait dire qu’il s’agit d’un point d’inflexion décisif mais on conviendra qu’il s’agit d’une belle accélération dans le processus. Les accélérations se succèdent et ne rétrogradent jamais ; nous les conservons et la suivante s’ajoutera à l’élan ainsi acquis. Quand tout cela se dénouera-t-il ?
Question sans importance, le sort du nœud gordien dépend des forces supérieures qui nous mènent sans dénier nous en informer (nous gâcherions tout). Elles seules, ces forces supérieures qui nous emportent, disposent du secret qui permet de dénouer ce nœud sacré, car ces forces ont des habiletés sublimes qui les dispensent de la brutalité humaine : elles ne tranchent pas, elles dénoueront et alors paraîtra quelque chose d’entièrement nouveau, à notre complète surprise. J’espère que cela nous rendra humbles.
Restons à notre niveau et voyons de plus près de quoi il s’agit.
Dernier venu, premier servi. Le ‘Freedom Convoy’ semble avoir atteint le point de non-retour d’une sorte d’institutionnalisation. Il semble bien difficile que les autorités canadiennes puissent s’en défaire par la simple action de police, voir plus (l’armée ?), au risque de provoquer des violence qui pourraient transformer la crise en crise de régime.
On notera trois points qui nous paraissent importants, dans une action qui rappelle à certains celle des Gilets-Jaunes, mais avec la différence de la mobilité et du poids : lorsque vous êtes dans un camion de 35 tonnes, votre voix se fait plus et mieux entendre.
• Le premier point est le passage quasiment automatique d’une revendication étroite (“pas de vaccination obligatoire pour les routiers”) à une revendication plus large dans le même domaine (“plus de contraintes sanitaires”) à une revendication politique universelle (“plus d’atteinte aux libertés”). L’extension du mouvement, – dont on ne sait jusqu’où elle ira et ce qu’elle produira, – se fait par simple éveil d’une colère latente qui touche toutes les sociétés, marque de la Grande Crise de civilisation.
• Le deuxième point est l’extension géographique du mouvement, d’autant plus aisé qu’il existe dans ce cas précis des routiers, technologiquement et psychologiquement, un formidable potentiel de rébellion pour la même raison que ci-dessus (« L’extension du mouvement [...] par simple éveil d’une colère latente qui touche toutes les sociétés, marque de la Grande Crise de civilisation”). Les prévisions abondent :
« À l’instar des camionneurs canadiens à Ottawa, un nombre croissant de manifestations inspirées par les camionneurs semblent prendre de l'ampleur dans le monde entier, avec des groupes qui se forment aux Pays-Bas, en Autriche, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. [...]
» “Je pense que vous commencez à voir ce qui va devenir un grand mouvement mondial pour mettre fin à ces contraintes”, a déclaré Brian Brase, coorganisateur de la manifestation américaine, à Fox News le 6 février, en faisant référence aux exigences en matière de vaccins. “C'est une violation de vos droits de l'homme que d'être obligé de prendre ce vaccin. Si vous le voulez, allez le chercher, mais être mandaté pour le faire, nous nous élevons contre cela. Nous pensons que c'est mal”. »
• Pour ce troisième point, il n’en faut pas démordre : le ‘Freedom Convoy’ déploie sous nos yeux, pour ceux qui regardent et entendent, la fantastique puissance de la communication, la complexité incroyable, à la manière des rhizomes de Deleuze déployés contre les thèses et les influences de Deleuze, d’un enchevêtrement de réseaux, de vidéos, de texto, de transmissions, de groupes de discussion, de réunions filmées, de consignes. Nul ne sait qui en est la tête, et ainsi existe une décentralisation formelle qui rend extrêmement difficile d’intervenir efficacement. On ajoute à cela, du fait des spécificités des routiers, une formidable capacité de mobilité géographique et un “poids” mécanique considérable. Nous avons nommé cela, cette forme de guerre de la communication : une guerre hybride du type-G5G.
Nous passons à la subcrise de l’Ukraine, qui est une autre sorte de guerre hybride modernisée G5G, mais cette fois dans la spécialisation du simulacre et de son entraînement, par déterminisme-narrativiste.
Il nous semblerait que, pour tenter d’obtenir de vrais résultats dans l’étrange subcrise de l’Ukraine, notre-président français & européen eût été plus avisé d’aller à Washington D.C., saluer poliment Joe Biden et se mettre à la recherche de quelques-unes des tentacules de DeepState. Encore n’aurait-il eu aucune certitude d’aucun résultat, tant la cause centrale de la dynamique de cette affaire ukrainienne, justement n’est ni centrale ni réunie en une seule dynamique mais à un ensemble de mobiles dans lequel il faut placer, – soyons justes, – Joe Biden lui-même.
Quoi qu’il en soit, réélection oblige, Macron est bien allé à Moscou. Il l’ignore sans doute, mais ce qu’il restera de cette rencontre, c’est ceci, en forme de plaquette du type “souvenir de Moscou”, cette éblouissante tirade de Poutine à l’intention de la presseSystème parisienne interloquée :
« Ce n’est pas nous qui avançons vers l’Otan mais l’Otan qui avance vers nous. C’est pour le moins faux d’un point de vue logique de dire que la Russie se comporte de manière agressive. C’est l’infrastructure de l’Otan qui se rapproche de nous. [...] Pourquoi l’adhésion de l’Ukraine est dangereuse ? Parce qu’il y a un problème. Les pays européens, y compris la France, estiment que la Crimée est une partie de l’Ukraine. Et nous croyons que c’est une partie de la Fédération de Russie. Et si l’on entreprend des tentatives pour changer cette situation par des moyens militaires, alors que dans les textes doctrinaux de l’Ukraine il est écrit que, d’abord, la Russie est une ennemie, et ensuite, que la reprise de la Crimée par des moyens militaires est possible ? Imaginez que l’Ukraine soit membre de l’Otan. L’Article 5 n’est pas supprimé ; au contraire Mr. Biden a dit récemment qu’il était absolument impératif et qu’il serait appliqué. Donc il y aura une guerre entre la Russie et l’Otan. J’ai déjà posé cette question la dernière fois : “Est-ce que la Russie doit entrer en guerre contre l’Otan ?” Mais il y a une autre question : “Et vous, voulez-vous entrer en guerre contre la Russie ?” Demandez à vos lecteurs, vos spectateurs et vos internautes : “Voulez-vous que la France entre en guerre contre la Russie ?” Ce sera le cas.” »
Le même jour où Macron était à Moscou et obtenait l’engagement de Poutine de ne pas vouloir un conflit en Ukraine, ce que le Russe répète depuis des années, la porte-parole du ministère des affaires étrangères Maria Zakharova donnait son analyse de la situation sur son compte ‘Instagram’ :
« Selon elle, les gouvernements américain et britannique ont inventé une “menace russe” et diffusé des informations pour faire une provocation sur une éventuelle invasion de l'Ukraine afin de lancer un “combat héroïque” puis de déclarer haut et fort leur “victoire”. C’est une occasion pour eux de détourner l'attention de leurs problèmes intérieurs et de redorer leur image après l’échec en Afghanistan, a affirmé lundi Maria Zakharova sur sa chaîne Telegram.
» Sur un ton sarcastique, elle a noté que “le temps passe et la Russie n'attaque pas l'Ukraine”, ajoutant que l'intention des États-Unis, commanditaires de cette “musique”, et celle de leurs alliés britanniques, est “évidente”. »
Zakharova aurait pu s’abstenir d’évoquer le Royaume-Uni, partie complètement négligeable dans cette affaire, et s’en tenir aux questions intérieures US. Le cas est singulier d’entendre le directeur du NSC et conseiller du président pour les affaires de sécurité nationale dire à la suite que les USA envoient des forces dans les pays de l’OTAN frontaliers de la Russie, que c’est uniquement défensif parce que les Russes pourraient aussi bien attaquer « demain que dans les semaines qui viennent », alors que les Ukrainiens continuent à répéter que ces prévisions (US) sont complètement erronées et déformées.
« Sullivan a toutefois insisté sur le fait que l'envoi de 1 700 soldats américains en Pologne, dans le cadre d'un déploiement de 3 000 hommes en Europe, n'avait pas pour but d'aggraver les tensions dans la région, ce que l'Ukraine elle-même a accusé l'Occident de faire ces dernières semaines.
» Les forces déployées, a déclaré M. Sullivan, “n'ont pas été envoyées pour combattre les forces russes en Ukraine”. Elles sont là pour “défendre nos alliés de l'OTAN” et pour envoyer un “message clair” à la Russie, à savoir qu’une “agression” contre ces alliés entraînera une “réponse ferme”, a-t-il déclaré.
» Sullivan a affirmé qu'il existe une possibilité “très nette” que la Russie envahisse l'Ukraine, peut-être même “dès demain”. »
Aujourd’hui, les gens les plus acharnés avec les Russes à démentir la possibilité très rapprochée d’une attaque russe se trouvent chez les Ukrainiens eux-mêmes, qui commencent à se douter de quelque chose. Il y a deux semaines, Zelenski avait commencé dans ce sens, lorsqu’il déclarait :
« “Il y a des signaux même de la part de dirigeants d’États respectés, ils vont jusqu’à dire qu’il y aura une guerre demain”, a-t-il déclaré aux journalistes à Kiev. “Ce n’est rien d’autre que de la panique, et imaginez combien cela coûte à notre État [en termes économiques] ?”. »
Ce qui revient à une équation assez simple : le “parti de la guerre” américaniste veut à tout prix une guerre avec la Russie et Biden ne veut à aucun prix qu’un soldat US y soit engagé. Les deux tendances s’entendent donc pour le moment à répandre une communication hystérique, extraordinairement retransmise par une presseSystème qui n’a plus aucun frein à sa totale soumission ; la condition expresse avancée pour l’instant, à l’insistance de Biden, est qu’un tel conflit attisé par les USA se fasse jusqu’au dernier Ukrainien. Zelenski apprécie moyennement et il est aujourd’hui conduit à le dire, ayant conclu que les USA ont autant besoin de lui qu’il n’a lui-même besoin des USA.
La manœuvre est claire et nous ramène à notre propos. Biden, sa direction & sa clique n’ont pas tant besoin de détourner l’attention du public des problèmes intérieurs, – le public n’a, pour une grande part, pas encore découvert que l’Ukraine existe, – il a besoin de maintenir un semblant d’hégémonie à l’extérieur pour tenter de maintenir en place l’autorité fédérale par rapport à ses États de l’Union. A cet égard les avatars des contraintes anti-Covid imposées par Biden et repoussées par nombre d’États de l’Union, – ou bien la déroute de la nouvelle politique migratoire, – lui font bien plus de mal que la déroute en Afghanistan. C’est dire quel malheur ce serait si l’on rajoutait là-dessus la formation d’un puissant mouvement ‘Freedom Convoy’. En ce sens, le destin du gouvernement d’Ottawa est beaucoup plus important pour Biden que le destin du gouvernement de Kiev.
C’est ainsi que la Grande Crise, la Grande-Crovid, achève sa grande orbite d’une révolution dont le terme la ramène au début de cette aventure. A nouveau, le serpent se mord la queue.
C’est ce qu’on nomme, entre forces supérieures, une “synthèse orbitale”. Elle nous mène sans que nous en ayons la moindre conscience, vers le terme de cette aventure...
Sous le désordre, le sens.
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