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51899 juillet 2019 – Lors de sa conférence de presse en fin de G20 à Osaka, Poutine répondit à une question sur son interview donné au Financial Times (FT), au cours duquel il constatait sur un ton assez “badin” que l’hyperlibéralisme était “obsolète”. Il admit que la chose (l’interview) avait été discutée comme s’il s’agissait d’une très importante matière avec plusieurs de ses interlocuteurs lors des rencontres bilatérales en marge du G20, avec présidents, premiers ministres divers, etc., du bloc-BAO pour le cas, et que cela fut pour lui une complète surprise : « Cela a été une complète surprise pour moi qu’une interview où j’ai dit ce qui me semble être un constat de routine...[...] ait pu soulever tant d’intérêt... »
Là-dessus, sans sollicitation du journaliste qui l’interrogeait, il enchaîna de lui-même sur la question des mœurs, notamment liées à la question du sexe (ou disons du “genre” pour bien se conduire), bien plus que sur les problèmes économiques et politiques liés à cet “ultralibéralisme” ;
« Le chef d'État a évoqué, une nouvelle fois, ce qu'il considère être les limites de l’“idée libérale”, en prenant pour exemple des thématiques précises : “Comment peut-on s’imaginer que, dans certains pays européens, dans les écoles on dise aux parents : ‘Les filles ne devraient pas porter de jupes à l'école’. [...] ‘Pour des raisons de sécurité’.[...] Pourquoi cela devrait-il être ainsi ?[...] A mon avis, on va trop loin avec cette idée disons ‘libérale’ qui commence à ‘se dévorer’ elle-même.. [...] J’ai dit dans cet interview : on a inventé cinq ou six genres. Je ne comprends même pas ce que cela veut dire”[...] “Il faut respecter tout le monde, c’est vrai, mais on ne peut pas imposer sa position par la force. Ces derniers temps, les partisans de la soi-disant idée libérale l’imposent, ils insistent sur la nécessité d’une certaine éducation sexuelle à l’école. Les parents s’y opposent, et ils sont presque mis en prison pour ça” ».
Puis Poutine quitta son pupitre, repoussant l’avalanche de question d’un geste de la main par-dessus l’épaule qu’on traduira audacieusement et directement par un “Bullshit ! Y en a marre...” extrêmement polyglotte. Quoi qu’il en soit de ma traduction également audacieuse, il reste qu’il est remarquable et significatif que le président russe, à partir d’une question sur l’idéologie écrasante de l’hyperlibéralisme, concrétise son propos en s’étendant sur les questions des mœurs postmodernisés, essentiellement à connotation du labyrinthe sexe-genre qui marque notre époque très-étrange.
La Grande Crise d’Effondrement du Système a aujourd’hui une connotation nettement liée aux mœurs de type “diversité” et au sexe du type “genre” pris dans leur sens le plus confusément égalitaire, sorte par exemple de sexe rock’n’roll si vous voulez. La politique, aujourd’hui, et même des questions essentielles de politique, se trouvent là, au cœur de notre Grande Crise, et ainsi soit-il de notre civilisation, ou contre-civilisation.
D’où l’émoi extraordinaire autour de l’arrestation, le 6 juillet à New-York, du milliardaire Jeffrey Epstein. Sa principale occupation semble être d’organiser, déplacement aérien privé à l’appui, d’immenses partouzes globalisées avec des mineures sur une mignonne petite île des Caraïbes qui lui appartient, – “paradis sexuel” comme il y a des paradis fiscaux dans la zone, – pour lui-même et quelques-uns de ses riches et influents amis. C’est sa spécialité, la pédophilie de luxe, pour laquelle il a déjà été condamné en 2008 à 18 mois de prison alors qu’il méritait au moins 20 ans, essentiellement avec de jeunes mineures rabattues par quelques spécialistes de son entourage, grassement payés pour cette rude tâche.
(Détail passionnant : le procureur avec lequel il parvint à ce marché si scandaleusement avantageux, – on parle de la peine de prison, qui plus est dans une prison confortable, – est aujourd’hui ministre des transports de Trump.)
ZeroHedge.com, qui se précipite sur le cas qui passionne “D.C.-la-folle”, ressort l’affaire du soi-disant “carnet noir” d’Epstein, détaillée en 2015 par Gawker.com, où l’on trouve cités divers noms (une cinquantaine) et dates de déplacement qu’on pourrait, selon la tournure de l’esprit qu’on a et les notes d’appréciation qu’on trouve, associer dans des rôles différents aux entreprises courantes de Epstein ; il s’agit de gens du show-business, d’hommes politiques, de copains-milliardaires, etc. : notamment Ted Kennedy, David Koch, Ralph Fiennes, Alec Baldwin, Courtney Love, Barbara Walters, Ehud Barak, Tony Blair, le prince Andrew, Peter Soros (neveu de George), – « And of course, poursuit l’article, Bill Clinton and Donald Trump ». Les Clinton, surtout, sont réputés pour leurs liens avec Epstein.
Le roi des “complotistes”, Alex Jones, se fait un délice sur Infowars.com de ressortir ses archives, lui qui a suivi Epstein depuis des années et en a fait, durant la campagne présidentielle de 2015-2016, un des arguments de son accusation concernant la dépravation satanique des élites progressistes et démocrates. La chose avait fait partie effectivement de la fiesta des rumeurs de USA-2016, notamment autour de Hillary Clinton et de ses supposées tendances sataniques, comme cela était rapporté le 6 novembre 2016 :
« Drôle d’atmosphère, agrémentée de détails déplorables (The Deplorable, selon Hillary) sur les déplacements de Bill (une vingtaine) et même d’Hillary (six) vers une sorte de Sex Island (Orgy Island ou Sex Slaves Island, selon d’autres sources) fournie en mineures de bas âge et tenue par un pédophile notoire et confirmé puisque déjà condamné pour ce délit, Jeffrey Epstein ; la petite île faisant partie semble-t-il, – cela ne s’invente pas quoique restant à confirmer, – des Virgin Islands, ou Îles Vierges... »
... Tout cela retrouvant par ce biais des rapports avec USA-2016 un aspect politique que cette situation n’a d’ailleurs jamais perdu, et plus encore lorsqu’on sait qu’une offensive dévastatrice pourrait avoir lieu contre le DeepState, notamment le FBI et la CIA, – et le Russiagate pourrait alors se transformer en DeepStateGate exulte ZeroHedge.com. C’est Ray McGovern, dissident de la CIA et auteur confirmé, qui détaille la chose dans ConsortiumNews, dans ses possibilités explosives : « Le DeepState gagne presque toujours. Mais si le procureur général Barr obtient l’appui de Trump pour s’en prendre à des enquêteurs [de la CIA et du FBI sur le Russiagate contre Trump], c'est l’enfer qui risque de se déchaîner [contre le DeepState], car les preuves contre ceux qui ont pris de sérieuses libertés avec la loi pourraient bien leur éclater à la figure.... » Si un tel DeepStateGate avait effectivement lieu, il ne fait aucun doute que le scandale sexuel “de genre” Epstein y aurait sa place, d’une façon ou l’autre.
Peut-on ranger dans la même catégorie l’affaire sans précédent de l’amiral William Moran, choisi en avril par Trump pour devenir CNO (Chief of Naval Operations, chef d’état-major de la Marine), confirmé par le Sénat en mai, et qui décide brusquement de démissionner, de partir à la retraite et de laisser l’US Navy dans l’improvisation de trouver un autre amiral pour cette prestigieuse fonction stratégique ? C’est un événement sans précédent dans l’histoire militaire des forces armées US, pour un chef d’état-major nommé et confirmé ; la démission de Moran est la conséquence d’une pression irrésistible du ministre de la Marine Richard Spencer, qui vient d’être mis au courant d’une implication indirecte de Moran dans des occurrences embarrassantes, par le fait et le biais d’un de ses collaborateurs compromis dans des affaires de polissonneries, sans doute “de genre”, sans doute de type orgies homosexuelles, etc.
On comprend alors que, dans cette époque si étrange, on juge impérativement et stratégiquement que ce choix d’un collaborateur au comportement social et hiérarchique douteux aurait certainement compromis la capacité de l’amiral Moran à ordonner et à suivre le déplacement de ses porte-avions. (Ou bien, est-ce dire n’importe quoi ?) Et l’on comprend aussi bien que sa démission brutale et sans précédent accroit vertigineusement la crise à la fois du vide et du désordre du Pentagone, marqué précédemment par la démission du faisant fonction de secrétaire à la défense Shanahan il y a un mois, avec remplacement par un nouveau “faisant fonction”, Mark Esper.
« Drôle d’atmosphère », tout cela, qui est poursuivie et renforcée, en basculant dans une autre dimension de la Grande Crise des sexes et des genres, autant que de la diversité qui l’accompagne, tout cela qui paraît être l’essence de cette époque étrange, celle qu’évoquait avec accablement Poutine : l’affaire de la victoire de l’équipe des USA dans la Coupe du monde du football féminin. La grande vedette de l’équipe, Megan Rapinoe, « homosexuelle affichée depuis 2012, défend les droits de la communauté LGBT et a récemment affirmé: “vous ne pouvez pas gagner sans les gays dans votre équipe”. » Qui plus est et pour renforcer son dossier, Rapinoe est si complètement antitrumpiste qu’elle ne répondra certainement pas à la “fucking invitation” à la Maison-Blanche adressée par Trump à l’équipe de football ... « Drôle d’atmosphère » et étrange époque, car tout cela, de Epstein à Rapinoe, est fondamentalement politique, peut-être bien plus que la tension entre les USA et l’Iran qui ne cesse de s’afficher comme un vrai simulacre.
Et l’on ne s’arrête pas là ! Car si elle est certes vertueuse puisque femme et LGTBQ, Rapinoe, elle est aussi blanche, ce qui est nettement, nettement moins glorieux sinon “frankly suspicious”. D’où l’article du Monde de Stephanie Le Bars (femme certes, mais black je ne sais pas) qui se scandalise d’une équipe première US très-trop majoritairement blanche (« Coupe du monde féminine : les États-Unis en manque de diversité. Alors qu’elle rencontre les Pays-Bas en finale dimanche, la sélection américaine, symbole de la défense de minorités, est majoritairement composée de joueuses blanches. ») Cela suscite un autre article, à la fois profondément accablé et ironiquement furieux, du commentateur de Figaro-Vox Gilles William Goldnadel (certes juif, mais Français et blanc...). Goldnadel termine par cette conclusion ironique et désabusée, qui mesure bien la catastrophe intellectuelle qui embrase la civilisation régnante, contre-civilisation et civilisation de la néantisation de l’esprit :
« De même, mon imagination est impuissante à décrire la réaction du journal du soir, si un beau matin, me prenait l’idée de considérer qu’il y a trop de noirs dans l’équipe de basket-ball olympique américaine. Ou que j’en vins à m’étonner de la sous-représentation des blancs parmi les sprinteurs.
» Mon compte serait bon. Autrement dit mauvais.
» On voit bien où je veux en venir: l’antiracisme devenu fou incarne une schizophrénie chromatique de la pensée : vous trouvez qu’il y a trop de blancs de peau, votre esprit est blanc comme neige. Vous considérez qu’il y a trop de noirs, votre âme l’est tout autant.
» Jusqu’à quel sous-sol de l’obsession racialiste et de l’anti-occidentalisme bêtifiant certains vont-ils descendre ? »
En effet et contrairement à ce que la raison qui échappe à la subversion, extrêmement rare dans ces temps étranges j’en conviens, vous inviterait à croire, tout cela n’est nullement accessoire mais au contraire profondément politique, et l’essence même (quoique frelatée à très faible octane) de la Grande Crise en cours, la Crise de l’Effondrement devenue bouffe. C’est bien sur ce point que se dresse la plus grande difficulté pour l’esprit de peser et de mesurer les évènements les uns par rapport aux autres, et l’importance de leur poids et de leur rôle dans cette même Grande crise d’Effondrement du Système.
Comment accepter que la mesure de la destruction du monde, et de l’éventuelle rédemption qui pourrait naître, si “les forces de l’esprit” auxquelles croyait Mitterrand, ou les forces d’au-dessus de l’esprit qu’elles inspirent voudraient bien à nouveau nous inspirer, passent d’abord par ce sas de la folie des psychologies déclenchant une explosion des mœurs à destination, à consommation et à connotation toutes liées à l’explosion sociétale (sexe-genre, racialisation de tout, etc.), dont le but est l’uniformisation-totale et entropique de l’être réduit à ses caractéristiques les plus sommaires et éventuellement les plus pervers, et à la bassesse, à la primitivité de la pensée réduite au slogan de l’idiot et à l’anathème du fou ?... Comment accepter cela ? Au contraire, comment ne pas l’accepter puisque cela est et s’impose absolument, et qu’il faut en passer par là ?
Cette Grande Crise d’Effondrement, en quelques années, a été investie pour une très grande part, peut-être pour sa plus grande part, par cet extraordinaire désordre des mœurs concentrés sur l’aspect du sexe-genre et de ses compléments d’uniformisation égalitaire rejetant tout ce qui a précédé, comme dans une volonté de génocide du passé et de transmutation invertie et subversive de la grande mémoire métahistorique. C’est, du point de vue de l’“Idée” et de l’opérationnalisation de l’“Idée”, une complète inversion, une sorte de Révolution par le plus bas de l’être, transformé comme on s’imagine transcender le monde en domaine d’exception et presque métaphysique d’un esprit qu’on aurait logé dans le confort de nos phantasmes les plus vils et les plus fous, et de nos conceptions les plus barbares... Il s’agit d’une barbarie pire que celle qu’on a coutume de désigner, il s’agit de cette barbarie de la postmodernité, une barbarie-bouffe et rock’n’roll ; il s’agit, considéré plus gravement, de la Barbarie intérieure dont parlait Jean-François Mattei, arrivée à son terme catastrophique et entropique.
Eh bien certes, il faut en passer par là...
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