Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
530216 novembre 2019 – Commençons par ce qui semblerait le plus “anecdotique” si l’on en croit la narrative-Système du-jour (car il y a toujours, désormais, plusieurs narrative-Système sur le mêtier), c’est-à-dire l’affaire Epstein... Drôle de coïncidence, en effet : après être ressorti du silence éternel le 7 novembre avec le cas de ABC (Disney) qui a étouffé pendant quatre ans les révélations de sa journaliste Amy Robach sur Epstein, voilà que cette affaire ressort à nouveau, comme on rebondit, par trois voies bien différentes, zombieSystème et antiSystème mêlés...
• Le Palais de Buckingham (la brave et tenace Élisabeth II elle-même) a “autorisé”, c’est-à-dire ordonné au Prince Andrew, duc d’York, de donner une interview sur son implication dans la crise-Epstein. La chose est diffusée ce jour (ce soir) sur la fidèle BBC, et tout le monde en connaît déjà le contenu. Même Gala, qui tresse des couronnes à la Reine comme il va de soi, est une source acceptable sur le cas. Entretien d’un intérêt du type “pour les nuls”, en-dessous de nul : Andrew nous dit donc qu’il regrette chaque jour, brave homme, ses relations avec Epstein dont il ignorait la noirceur profonde de son caractère, qu’il se maudit d’avoir si légèrement donné son amitié, qu’il n’a aucun souvenir de photos, sans doute montage malveillant, de lui avec des gamines pubères ou à peine adolescentes sinon déjà bien-faites, que ce n’est certainement pas son genre, etc.
• Indirectement en direct du Congrès des États-Unis, le 13 novembre, le parlementaire républicain de la Chambre Paul Gosar avait tweeté “Epstein didn’t kill himself” (ce qui était déjà une affirmation de Rybach, d’ABC [voir plus haut], une semaine auparavant, en même temps qu’une appréciation universellement répandue quelques jours après la mort d’Epstein, y compris dans les colonnes du Washington Post). Le tweet a fait le tour du Système et a soulevé une vertueuse colère chez les démocrates de plus en plus danse de St-Guy, réussissant l’exploit d’en faire un appel au fascisme :
« La [presseSystème] et les politiciens démocrates ont affirmé leur opposition furieuse au message, le qualifiant de “manœuvre de fasciste” pour recruter des [antiSystème] et substantiver une “théorie de la conspiration d'extrême-droite”. “Nous allons avoir besoin de réfléchir à la façon de combattre cette attaque”, a tweeté un démocrate. »
• Enfin, il y a Assad, qui ne cesse désormais de répondre aux demandes d’interview, essentiellement sinon exclusivement russes. Après RT, c’est Sputnik et Rossiya-24 qui ont obtenu une interview commune le 14 novembre. Le président syrien se montre très disert à propos... d’Epstein, et disant ceci :
« Il y a quelques semaines, le milliardaire américain Jeffrey Epstein a été tué. Et ils ont dit qu’il s’était suicidé en prison. Mais il a été tué parce qu’il connaissait beaucoup de choses secrètes sur des personnalités importantes de certains gouvernements, entre autres britannique et américain, et probablement d’autres pays. »
N’est-ce pas étrange, intrigant et significatif à la fois que le Prince Andrew et le Palais de Buckingham, un parlementaire républicain de la Chambre, enfin le président Assad dit “le boucher de Damas”, nous entretiennent en même temps du cas Epstein ? Mais noter cela, surtout après l’affaire Disney-Epstein du 6-7 novembre, c’est faire du complotisme pour recruter des fascistes, ou bien l’inverse. “Complotisme” encore, bien entendu, lorsque Assad, décidément en verve, développe un propos similaire à celui qu’il donne concernant Epstein, cette fois à propos de la mort, – mystérieuse dit-on, “tombé par la fenêtre” de son appartement, en Turquie, – de James Le Mesurier ; celui-ci, officier du MI6 et fondateur des “Casques blancs”, reconnus comme un outil de qualité pour les falseflag et l’action humanitaire tournée selon le script-Système… Assad, enchaînant là-dessus sur d’autres morts incertaines, Bagdhadi, ben Laden, etc. peut-être…
« Assad a laissé entendre que le décès du délinquant sexuel condamné était analogue à celui du fondateur des Casques blancs, James Le Mesurier, qui aurait sauté par la fenêtre de sa maison en Turquie, plus tôt cette semaine. La police turque considère la mort de Le Mesurier comme un suicide.
» “Ils sont devenus un fardeau une fois qu'ils ont joué leur rôle. Un besoin urgent de les éliminer est apparu après qu'ils aient rempli leur rôle.”
» Assad ne parlait pas seulement d'Epstein et de Le Mesurier, mais aussi d'Oussama ben Laden, chef d'Al-Qaida, – formé à l'origine par la CIA pour combattre l'Union soviétique en Afghanistan, – et Abu Bakr al-Baghdadi, chef de l’État islamique [Daesh], qui a été détenu par les Américains dans les prisons du célèbre camp Bucca et Abu Ghraib en Irak. Tous ces gens “ont été tués principalement parce qu'ils connaissaient des secrets d’une considérable importance”, a affirmé le dirigeant syrien. »
Interrogé sur les appréciations d’Assad concernant la mort de Le Mesurier, la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères Maria Zakharova a simplement remarqué que personne n’était mieux placé que lui, le président syrien ami de la Russie, pour apprécier l’événement, tant la situation de la mort de Le Mesurier est « proche de la situation sur le terrain », en Syrie. Il faut noter encore que la même Zakharova, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a une longue expérience des relations avec la presse selon le système de communication tel que le manie le bloc-BAO (elle fut porte-parole de la délégation russe à l’ONU), commentait le 7 novembre, après l’éclat public de l’affaire ABC (Disney)-Epstein, que le milliardaire de la catégorie pédo-milliardaire devait être (lui aussi) au courant de “secrets d’une considérable importance”.
Il semble assez logique d’envisager qu’il y ait eu concertation entre les Russes et Assad pour former une sorte d’offensive de communication profitant de divers événements d’une manière qui n’exclut pas une connaissance de certains programmes ou projets, y compris pour des éliminations type-CIA. Dans tous les cas, voici Assad qui parle à RT.com le 10 novembre comme on a pu l’entendre, pour notamment donner son appréciation sur le comportement erratique sinon entropique des USA dans l’utilisation de leurs forces armées ; puis le voici qui parle à nouveau, toujours pour des réseaux russes, le 14 novembre. Entretemps Le Mesurier s’est “suicidé”, ou bien s’est un peu trop penché à la fenêtre de son appartement comme vous et moi ; et Assad relie aussitôt la mort de Le Mesurier à celle d’Epstein, dont nous avions eu un rappel le 6-7 novembre avec l’affaire ABC-Epstein, et à celles d’autres personnages à l’existences et aux statuts tourmentés, également disparus.
Il y a donc une succession de morts énigmatiques, avec Epstein, Bagdhadi et Le Mesurier, tandis qu’Assad nous explique que si la mort de Le Mesurier est due à l’action d’un service de renseignement “étranger”, il s’agit évidemment de la CIA puisque tous les soi-disant “services de renseignement étrangers” qui peuvent être impliqués dans cette affaire, comme celui de la Turquie où résidait Le Mesurier notamment, ne sont rien d’autre que des extensions de la CIA. A comptabiliser tout cela, en y ajoutant l’intervention d’Andrew duc d’York sur injonction de Buckingham, et dans une manière proprement ridicule qui sent son improvisation, les réactions hystériques du “parti de la destitution” à “D.C.-la-folle” qui est aussi le parti des Clinton avec leurs “secrets d’une considérable importance” parce qu’un parlementaire républicain a tweeté “Epstein didn’t kill himself”, on a plutôt l’impression qu’une certaine panique est en train de s’emparer du Système dans toutes ses ramifications dont certaines s’affrontent entre elles. On a observe qu’il y a la possibilité de liens entre ces différents événements, comme si l’on faisait le ménage en vitesse ; mais plus que “des liens” d’ailleurs, qui sont évidents et évidemment complotistes, il y a comme une sorte d’état d’esprit collectif commun à tous ces événements, qui fait en sorte qu’on se sent autorisé à parler de cette “certaine panique” comme d’un état de l’esprit qui serait essentiellement un mouvement collectif, répondant à une perception également collective.
On pourrait même, pour couronner le tout ou envelopper le cadeau d’un somptueux emballage, placer l’intervention de Macron avec The Economist à propos de l’OTAN, de la Turquie et de Trump, comme un autre facteur de cette “certaine panique” qui ressortirait alors d’un mouvement de déstabilisation psychologique général, qui commencerait à toucher les divers acteurs du Système dont certains s’affrontent furieusement, dont certains jouent franchement un jeu antiSystème à l’occasion et pour telle ou telle occasion. On trouve trace de de cet état de l’esprit dans l’allure et les mots de Trump et d’Erdogan, les deux retrouvant une espèce de complicité qui ne trompe personne ni eux-mêmes d’ailleurs, pour écarter, – on ne dira même pas “condamner”, – les propos de Macron mettant en cause la Turquie et les USA dans la cause de son “interrogation” générale sur les promenades “mentales” de l’OTAN. Cette allure et ces mots Trump-Erdogan semblaient être de pure circonstance d’une part, d’autre part ils mesuraient l’embarras où se trouvent les uns et les autres devant le jeu inattendu du Français qui semble avoir retenu certaines confidences, sinon certains jugements, de ses rencontres et entretiens récents avec Poutine.
(On manque rarement l’occasion, lorsqu’on parle de ces récentes déclarations de Macron, dans les canaux qui se placent dans l’ambition d’une stratégie européenne de la part de la France, d’ajouter aux propos incendiaires sur l’OTAN ce qu’a dit le président français de la nécessité de meilleures relations avec la Russie. Comme si ceci constituait une éventuelle alternative à cela, – c’est dans tous les cas ce que concluront nécessairement les analystes de la CIA, puisque de toutes les façons ils ont toujours pensé dans ce sens durant un demi-siècle… Ils le concluront en lisant la conclusion de Dominique Trinquand, ancien chef de la représentation militaire française à l’OTAN, dans l’interview qu’il a donnée le 15 novembre à Spoutnik-français : « Je pense aussi qu’à terme, il faut réfléchir à la défense de l’Europe avec des implications stratégiques importantes. Je pense aussi qu’il faut réfléchir, comme ça a été fait il y a 15 ou 20 ans, mais probablement mal, à associer la Russie à la réflexion sur la défense de l’Europe. Ça ne veut pas dire qu’il y aura un commandement intégré, mais qu’il faut développer une vision commune. »)
Ce qui nous frappe, dans ces divers constats, références, extraits de déclarations, etc., c’est l’intégration qui est faite d’événements et de personnages de milieux et de champs d’activités très différents, mais tous à l’intérieur du Système, qui d’habitude semblent n’avoir aucun lien de communication entre eux et qui sont rassemblés pour cette occasion. Lorsqu’Assad parle des morts de Le Mesurier, d’Epstein, de Bagdhadi et de ben Laden, il mêle des milieux aussi différents que la jet set et ses perversités, c’est-à-dire le crime organisé d’une façon ou l’autre, le monde des organisations dites “non-gouvernementales” et bien entendu soutenues en sous-main par tant de gouvernements (“les Casques Blancs” de Le Mesurier), le terrorisme islamiste depuis les origines de la fin des années 1970, les activités diverses qui lui sont liées dont le trafic international de drogue n’est pas la moindre, impliquant là aussi le crime organisé, et ainsi de suite.
Tout cela est plaqué sur les secousses formidables qui brinqueballent actuellement le Système dans son ontologie même : l’état des relations transatlantiques par rapport à l’“option russe” (“option” de la guerre ou de la coopération), et surtout l’extraordinaire partie qui se joue à Washington entre la crise de la destitution et celle des élections présidentielles USA-2020 (puisqu’il est acquis pour nous que cette campagne présidentielle est d’ores et déjà une crise).
Forum — Charger les commentaires