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4318Une crise respire, elle reprend son souffle pour de nouvelles dévastations qui seront terribles. Il semble bien que l’épisode colossal ouvert au tout début de cette première années de ces néo-Roaring Twenties, essentiellement avec Covid-19 conjointement avec la crise Iran-USA, s’installe dans la nouvelle situation ainsi créée.
(Il faut noter à propos du mot “crise” dans l’évolution du concept, que l’on devrait parler, pour être plus juste, et dans le cas actuel plus que jamais, d’“épisode crisique” dans un gigantesque cadre crisique [la Grande Crise d’Effondrement du Système, ou GCES]. Jamais la continuité et l’entrecroisement de tous ces mouvements crisiques n’ont été aussi forts, avec des crises différentes [Covid-19, Iran, Syrie] s’amalgamant pour former un épisode crisique. L’ensemble de la situation du monde est devenue crisique, ou une seule énorme crise globale et ontologique ordonnant le tout en plusieurs segments, épisodes, etc. Il faut garder cela à l’esprit, même quand l’on emploie le mot “crise” : chaque fois une enquête doit être rapidement revue pour savoir de quelle dynamique l’on parle.)
Actuellement, que se passe-t-il et comment peut-on parler d’“intermède” (Intermezzo), effectivement comme une respiration du monstre crisique ? Plusieurs points sont à décliner, qui caractérisent effectivement un tel moment de transition, des points qu’il s’agit de prendre en compte comme de nouvelles structures de la situation du monde..
• Le monde entier est fermement installée dans la pandémie Covid-19. Quels que soient ses caractères, son origine, la façon dont on la présente, la déforme, l’enfle ou la dissimule, Covid-19 règne. Tout se fait ou ne se fait pas en fonction de Covid-19. Cette crise a produit son effet majeur de déstructuration et de paralysie à la fois (tout est bouleversé par elle mais rien ne peut se faire sans tenir compte d’elle). Elle est pour l’instant hors de contrôle quant à sa durée, ce qui ouvre toutes les possibilités à la dynamique crisique et interdit au Système de tenter d’y mettre un frein décisif.
• Les effets “collatéraux” (économiques, sociaux, psychologiques) commencent à être mesurés comme des crises en elles-mêmes dévastatrices et de plus en plus centrales. Jamais sans doute dans l’histoire de la modernité ne s’est produit un événement d’une telle ampleur dans le ralentissement/l’arrêt de l’économie, quasiment dans le monde entier. Des segments importants de l’économie sont désintégrés (par exemple, le transport aérien, par conséquent une part importante de l’industrie aérospatiale). La catastrophe sociale enchaîne automatiquement. Le paysage se peuple de ruines complètement improbables, inattendues et indescriptibles : de l’ordre du Système se précipite, comme une cascade gigantesque, le désordre du monde.
• Les “réponses” économiques sont de deux ordres : l’accroissement colossal de l’interventionnisme étatique et national (choix général avec des nuances, sauf aux USA), la tentative désespérée de sauvegarde du libéralisme par le moyen d’un socialisme de subvention des pouvoirs d’argent, dans le désordre d’un pouvoir aux abois dans un affrontement idéologique haineux (USA) ou dans l’impuissance et la paralysie sans la moindre influence des instituions internationalistes et globalistes (UE, OMC, etc.).
• D’une façon générale, l’orientation de la bataille économique passant par l’interventionnisme s’oriente vers le souverainisme, la tentative de restauration du pouvoir et de la légitimité de l’État national, éventuellement des nationalisations et des renationalisations. Aux USA, le désordre se trouve dans la confrontation d’une opposition extraordinairement idéologisée vers le sociétal et un gouvernement prisonnier des puissances d’argent ; par exemple, Boeing a demandé $60 milliards de sauvetage du gouvernement mais refuse absolument de transformer cet argent en actions et présence de la puissance publique dans le Conseil d’Administration. Les probables 30% de chômage aux USA dans deux ou trois mois, – à moins que le dieu américaniste écoute les exhortations au miracle de Trump pour une reprise du travail à Pâques, – constitueront une catastrophe menaçant la stabilité intérieure des USA et la légitimité de Washington D.C., tandis qu’en Europe de telles conditions approchantes constituent une calamité renforçant plutôt les structures régaliennes de solidarité (charge aux gouvernements en place de s’y inscrire, ou non avec conséquences).
• Deux puissances émergent bien entendu dans leurs capacités de riposte à Covid-19 et leurs capacités d’aide extérieure, notamment et sur l'air de l'ironie vers les pays européens de l’UE. La Chine et la Russie renforcent leurs positions respectives dans ce qui tenterait, dans le meilleur des cas, d’évoluer vers un “concert des nations”. Bien que ces deux puissances travaillent (jusqu’ici) à l’intérieur du schéma libéral par pur réalisme et opportunisme, leur position et leur action dans la crise constituent une défaite majeure pour l’ordre libéral, pour les autorités globalistes du bloc-BAO, particulièrement l’UE, et pour les USA. Le remplacement par certaines autorités du drapeau de l’UE par le drapeau chinois ou le drapeau russe en Italie (le principal pays-UE touché par la pandémie, et vers lequel de l’aide importante, chinoise et russe, est transférée) constitue un symbole puissant et puissamment ironique de ce basculement.
• La psychologie collective suit ce bouleversement général en l’identifiant de plus en plus comme une crise du Système (la GCES) alors qu’il y a un mois il n’était question que d’une pandémie dont personne ne mesurait l’effet catastrophique. Les psychologies absorbent donc, en une sorte de révolution (dans le sens orbital), un changement systémique fondamental identifié comme tel, à partir de réactions initiales (d’elles-mêmes, de ces psychologies) au danger d’une pandémie qui fut aussitôt classifiée comme un effet catastrophique de la globalisation.
La fluidité d’urgence et de contamination de la crise n’est nullement arrêtée ni contrôlée, mais ses constituants sont identifiées suffisamment pour susciter une mobilisation constante d’une part, une contestation polémique mettant en cause les pouvoirs libéraux en place d’autre part. Il n’y a pas de désintégration, – sauf peut-être aux USA si la situation n’est pas radicalement redressée, – mais une très forte tension qui maintient ouverte, – non, de plus en plus ouverte la poursuite de la catastrophe en un nouvel épisode crisique où les diverses dynamiques crisiques en cours verraient s’ajouter à elles une contestation politique du système pouvant conduire vers des modifications ou des basculements politiques.
Cela est d’autant plus possible que la principale force dressée contre cette possibilité, les USA de l’américanisme entropique, se trouve dans une crise politique profonde, nullement née de la crise-Covid19 puisque bouillonnant depuis 2015-2016 mais accentuée par elle, qui ne peut être dissipée par rien puisqu’elle se cristallise dans l’élection présidentielle de novembre où s’affronteront deux candidats aussi improbables, aussi contestées, aussi prompts à enflammer les extrêmes, aussi poussés l’un que l’autre à une haine capitale l’un de l’autre.
(La dernière bouffonnerie étant que Biden, célèbre pour ses mains baladeuses, est publiquement dénoncé pour “harcèlement sexuel” du bon temps des années 1990, lui qui représente le parti des minorités, des LGTBQistes et des féministes du type MeToo. Jamais un candidat [probable] du parti démocrate qui se veut parti de la vertu moderniste, n’a rassemblé autant les tares comportementales des employés du Système émargeant au ‘Vieux-Monde’ : gérontocratie irresponsable, hypocrisie par rapport aux “valeurs” du parti, corruption de lui-même et de toute la famille, comportement personnel de type “machiste”-dents blanches [éternel sourire de Biden-pince-fesses], etc. )
Tout cela vient à partir d’une surprise à la fois totalement inattendue et aisément prévisible, qu’est une épidémie devenant pandémie. Le monde des sapiens-sapiens en a déjà connues beaucoup, mais jamais dans une telle position (la globalisation) où la pandémie est préparée par les liens et les chaînes innombrables comme autant de canaux de contagion qu’a créées la globalisation, et par l’incroyable puissance du pouvoir d’accélération des événements et d’emprisonnement dans tout événement nouveau ou dans l’invention d’événements, du système de la communication.
Le 1erjanvier 2020, nous terminions nos Notes d’Analyse sur « la destitution du Système » par ces observations qui nous semblent complètement justifiées par ce qui a suivies, alors que nous ne savions rien, strictement rien, absolument rien de Covid-19 (madame Buzyn, elle, savait, avec quelques devins d’après-coup) :
« L’image de “la destitution du Système”, – cette fois, “impeachment” pris dans son sens maximaliste, radical et catastrophique, – nous est extrêmement précieuse. Elle rend bien compte, à l’instar de la situation washingtonienne dans “D.C.-la-folle”, de la confusion et de la dynamique à la fois, et de l’indescriptibilité du phénomène. “Indescriptibilité” vient évidemment de “indescriptible”, qui “qualifie quelque chose qui ne peut être décrit à cause de son extravagance ou de sa complexité” ; ou mieux encore et plus justement à notre sens, pour avancer dans notre propos en montrant l’impasse de la raison-subvertie où nous met ce processus :
» “...qui décrit quelque chose qui ne peut être décrit”.
» Sans nul doute, Loukianov exprime un sentiment qui est nôtre, déjà plusieurs fois exprimé dans nombre d’articles, selon lequel l’effondrement du Système (sa “destitution” si l’on veut, pour donner à l’événement une forme anecdotiquement humaine) se fait ‘sous nos yeux’ sans que nous n’en voyons rien de ce que notre pauvre raison-subvertie en attend : “Contrairement à la destitution d'un président, la ‘destitution mondiale’ n’exige pas un vote formel pour entrer en vigueur. Cette destitution est déjà entrée en vigueur...[...] Le nouveau paradigme émerge alors que l'ancien s’effondre.”
» Au reste et comme on le sait, d’autres parmi les dirigeants qui sont issus du Système ou doivent s’arranger du Système, avancent un jugement similaire : Poutine et Macron notamment, quelque surprise initiale que nous ayons éprouvée à rapprocher ces deux noms. C’est bien le signe que l’événement touche les plus habiles comme les plus médiocres, donc qu’il s’agit d’un événement hors des normes de la raison, celle dont Pascal disait : “Que j’aime à voir cette superbe raison humiliée et suppliante !” »
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