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800130 mai 2020 – Il s’agit d’un embrasement exceptionnel, à partir des nuits d’émeutes de Minneapolis. Désormais, un nombre impressionnant de grandes villes aux USA sont touchés par la réaction de la rue, dans des manifestations tournant très rapidement à l’affrontement, puis à l’émeute pure et simple.
Bienvenus : nous sommes entrés sur une terra incognita dont nul ne sait ce qu’elle nous réserve.
Il serait aisé, comme font nombre de politiciens et de commentateurs appointés-Système, de définir la chose comme une réaction antiraciste, contre les violences policières. L’analyse est extrêmement courte, à l’image de la corruption du simulacre qui enveloppe tous les événements où le Système est en cause. Nous sommes bien au-delà de l’antiracisme Africain-Américain, – on le voit d’ailleurs sur les photos et vidéos montrant un nombre important de participants “blancs” (s’il est encore autorisé de parler de couleur de peau, – qu’on nous pardonne).
Remarquablement inspiré sur ce point essentiel, WSWS.org ne cesse de taper sur le clou, jusqu’à illustrer son texte du jour par une photo montrant une femme seule affrontant un rang de policier, – et la femme est blanche et bien blanche. Et WSWS.org de terminer son article sur l’embrasement américaniste (ou antiaméricaniste ?) de la sorte :
« L’ancien vice-président Joe Biden, [candidat démocrate] présumé à la présidence, a accusé le peuple américain plutôt que la police du meurtre de Floyd. “Avec notre complaisance, notre silence, nous sommes complices de la perpétuation de ces cycles de violence”, a-t-il prêché, invoquant comme cause le racisme comme “péché originel de ce pays”.
» Il ne fait aucun doute que le racisme a été un élément important dans le meurtre de George Floyd. Mais le racisme est encouragé dans un contexte social précis, celui de l'aggravation des inégalités sociales dans le capitalisme du 21e siècle, où la classe dominante fait tout son possible pour diviser et antagoniser la classe ouvrière. Plus de 1 000 personnes sont victimes de la violence policière en Amérique chaque année, et si un nombre disproportionné d’entre elles sont noires, le plus grand nombre est blanc. Ce que presque tous ont en commun, c'est qu’ils viennent de la classe ouvrière, la plupart de ses couches les plus pauvres. »
Il est vrai que le racisme et l’antiracisme constituent les slogans basiques du discours-Système pour éviter la seule explication qui vaille pour ces convulsions crisiques, – soit l’expression violente de la Grande Crise qui secoue le Système, qui marque son Effondrement, – la GCES. C’est, bien au-delà et au-dessus des agitations LGTBQ dont l’antiracisme est le compagnon de route, un immense événement que cette flambée de violence enchaînant en l’intégrant la crise-Covid19 dans un tourbillon crisique qui ne cesse de se creuser.
Il serait bien lassant de dévider la liste des incidents comme celle des villes touchées par les troubles et les violences (ZeroHedge.com donne une abondante documentation). Les commentaires courants et bienpensants sont empreints des prudences et des intérêts électoraux, bien plus que de la préoccupation dont on devrait faire preuve devant la gravité de la situation. Les bonnes âmes des plateaux-TV de l’aile progressiste-sociétale du système de l’américanisme ont reçu instruction de ne pas parler d’“émeutiers” ou de “pillards” mais de “protestataires” ; Trump, lui, parle de “voyous”.
Il faut identifier et retenir quelques faits, circonstances, déclarations, comportements qui, selon nous, marquent les événements de façon originale, instructive, ou simplement d’une importance réelle.
• Les premières 24 heures de l’intervention de la Garde Nationale (à Minneapolis) ne montrent guère de résultats. Les soldats font comme les policiers : ils reculent devant les émeutiers (les “protestataires”). Pourquoi ? Parce qu’ils ont la consigne absolue du maire et du gouverneur (tous deux des démocrates) d’éviter tout incident, tout acte pouvant être qualifié de “répressif” puisqu’il s’agit (les “protestataires”) de leur électorat d’une part, d’une foule représentant au moins symboliquement le cliché bienpensant des Africains-Américains opprimés d’autre part. (Cette situation de l’impuissant paralytique qui tient les manettes est, à cet égard, partout la même dans les pays de cette civilisation du bloc-BAO qui se meurt, – par exemple, comme les policiers français, avec leurs instructions de “laisser-faire” dans les mauvais quartiers.)
• Les “protestataires”, puisqu’il en est ainsi, ont promis d’attaquer désormais les banlieues riches de Minneapolis (les 1% et les 0,1% de la région) ... S’ils le font, on se trouverait devant une situation extrêmement intéressante.
• L’un des événements les plus singuliers est l’attaque du siège de CNN à Atlanta, dans la mesure où les attaquants (les “protestataires”) devaient être (?) des membres de Black Lives Matter et de groupes progressistes du type Antifa/antiTrump, que soutient habituellement CNN, le plus antiTrump des réseaux. La maire d’Atlanta, la très-progressiste et Africaine-Américaine Lance Bottoms, a fait un très violent discours adressé aux “protestataires”. D’autres magasins ou propriétés détruits n’ont pas bénéficié de ce soutien.
• Le Pentagone prépare des unités de la Police Militaire pour éventuellement intervenir à Minneapolis dans les quatre heures à partir d’un ordre d’intervention. Cela implique que Trump a ordonné spécifiquement à son ministre de la défense Mark Esper d’être prêt à impliquer le Pentagone (les forces armées, normalement affectées aux seules actions extérieures) dans toute situation intérieure qui l’exigerait. (Les Gardes Nationales qui interviennent déjà ne sont pas incluses dans cette législation courante de non-intervention intérieure, puisqu’elles se réfèrent aux États spécifiques de l’Union.)
• Van Jones, activiste, ancien conseiller proche d’Obama, licencié par son ami président par prudence (celle du prudent-président), devenu commentateur à CNN, a fait vendredi cette remarque très intéressante, qui mériterait un développement : « Ce n'est pas le blanc raciste du Ku Klux Klan qu’il faut craindre. C'est la partisane blanche et progressiste d’Hillary Clinton qui promène son chien dans Central Park et qui vous dit en général : “Oh, je ne distingue pas entre les races, la race n'est pas un problème pour moi, je vois tous les gens de la même façon, je donne aux associations caritatives” ; mais à la minute où elle voit un homme noir qu’elle juge défavorablement, ou dont elle craint quelque chose, elle fait de la race un argument comme si elle avait été entraînée par la Nation Aryenne... [...] Un membre du Klan n'aurait pas pu être mieux formé pour décrocher son téléphone et dire à la police que c'est un homme noir... [...] Ce que vous voyez maintenant, c'est un rideau qui tombe. »
• Enfin, parce qu’il ne faut jamais manquer de mettre la traditionnelle cerise sur la tarte à la crème, il y a l’hypothèse du Russiagate, toujours bon pied bon oeil ... Cela est relevé par Graham Dockery, sur RT.com : « Le meurtre apparent de George Floyd par un policier de Minneapolis n’est pas seulement une démonstration choquante de brutalité policière. Il fait partie du plan de la Russie pour renverser les États-Unis, selon des affirmations de membres de l’intelligentsia progressiste. “Le meurtre de George Floyd s'inscrit dans le plan directeur de la Russie visant à promouvoir la VIOLENCE aux États-Unis, selon la communauté de l'intelligence”, a tweeté vendredi Leanne Watt, psychologue clinicienne. »
• ... En n’oubliant pas la version du gouverneur démocrate du Minnesota, qui jugerait éventuellement que la cause initiale des émeutes pourrait être le fait de “suprémacistes blancs”, avec un zeste de cartels mexicains de la drogue... Tandis que d’autres (voir l’auteur conservateur Candace Owens) jugent que l’affirmation du chef de la police de Minneapolis selon laquelle nombre de “protestataires” n’étaient pas de Minneapolis, implique que le mouvement a été lancé et soutenu par les groupes de George Soros.
• Jusqu’ici, il y a eu deux morts, un à Detroit du feu d’un sniper inconnu vers la foule émeutière, et un autre, un officier des Services Fédéraux de Protection, à Oakland, en Californie.
Il est bien entendu impossible de réduire cette énorme cascade de révoltes au seul “racisme policier”, même si toutes les forces de communication du Système, dans ce cas des démocrates, y besognent dur et ne vont pas cesser. L’événement prend racine évidemment dans la crise américaniste qui se développe depuis des années, plus précisément et opérationnellement au moins depuis 2009 et l’apparition du Tea Party. Droite ou gauche, peu importe, tandis que la crise du pouvoir washingtonien (de Washington D.C. à “D.C.-la-folle”) depuis 2015-2016 est venu ajouter l’ingrédient d’une agitation permanente, à la fois corruptrice et de simulacre, entretenant les composants de l’explosion qui s’effectue plutôt comme une accélération constante d’un processus de plus en plus brutal de décomposition.
Les Cassandre et prophètes de malheur sont à leur travail, avec d’autant plus d’ardeur que les événements les confirment ; ainsi de Michael Snyder, et son site, le bien-nommé EconomicCollapse, après avoir détaillé l’effondrement de l’économie, écrivant le 28 mai 2020 (depuis, son diagnostic s’est certainement aggravé) :
« Il y a eu tant de colère qui s’est amassée en Amérique durant les “bonnes années”, et maintenant cette nouvelle dépression qui s’abat sur nous avec une force incroyable va rendre les choses beaucoup, beaucoup terribles.
» Quand il n’y aura plus d’emplois disponibles et que les gens n’auront plus de quoi fournir le minimum vital à leurs familles, nous verrons apparaître une frustration dans une mesure et d’une brutalité jamais vues auparavant.
» Aussi, prenez note de ce qui est en train d’arriver dans les rues de Minneapolis parce que c’est l’esquisse de ce qui nous attend dans un proche avenir dans toutes nos grandes villes. »
La situation aux USA ressemble d’une certaine façon symbolique à la crise du Covid19 qu’elle est en train de continuer à subir par ailleurs (encore plus de 1 200 morts hier). Cette succession de violences émeutières agit comme une pandémie, provoquée par un virus dans une première vague, avec peut-être une accalmie puis une deuxième vague, ou simplement la poursuite de la contagion. Le parallèle entre Covid19 et la violence émeutière s’inscrit évidemment dans le cadre le plus grave qu’on puisse imaginer, c’est-à-dire cette Grande Crise GCES qui se développe implacablement.
Désormais, tous les éléments nécessaires à la montée vers le paroxysme du paroxysme sont en place. Ce qui se passe aujourd’hui, de Minneapolis à Atlanta, à New York City et même devant la Maison-Blanche, apparaît, soit comme une répétition, soit comme une amorce d’un processus constant conduisant à une élection qui sera évidemment très agitée, jusqu’à la possibilité d’un état d’urgence imposée par les événements et la renvoyant aux calendes trumpistes. Désormais (suite), les éléments nécessaires à une guerre civile, sortant du cocon de ce qui fut jusqu’ici une “guerre civile froide”, sont non seulement en place, mais en état de marche.
Il y eut même, ces derniers jours à Mineapollis, des citoyens particulièrement impressionnants, armés de fusils d’assaut comme vous et moi puisque c’est courant dans le “Rêve Américain”, venus protéger un magasin qui demandait de l’aide alors que les policiers étaient occupés à dégager à toutes jambes du commissariat du 3èmeDistrict pour qu’on puisse le brûler, selon les ordres du maire (laisser-faire, pas de répression). L’un d’entre eux, de ces citoyens “particulièrement impressionnants”, nous explique comment vont les choses : « Nous ne sommes absolument pas d'accord avec le pillage, mais nous sommes d'accord avec la cause des protestations. »
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