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42322 septembre 2020 – Difficile de suivre le rythme de l’histoire heure par heure, lorsqu’elle a décidé de se mettre en mode métahistorique-turbo, et qu’elle tient ce rythme en nous informant directement, nous laissant tous ébahis et épuisés. Dans la matinée (à la première heure de ce vendredi dans la nuit), Trump a mis en ligne le tweet suivant :
« Tonight, @FLOTUS [Melania Trump] and I tested positive for COVID-19. We will begin our quarantine and recovery process immediately. We will get through this TOGETHER! »
Ce tweet est sans le moindre doute le plus diffusé de tous les tweets-Trump, et peut-être même de l’histoire du tweet en général. Je renonce à donner un chiffre, sinon que nous évoluons dans les millions. Paul Joseph Watson, sur son site Prison Planet, déroule un nombre impressionnant de tweets de réaction à l’annonce de la nouvelle. Il s’agit d’un reflet spontané du climat de folie régnant aux USA, notamment celui de la haine, avec ces tweets stupéfiants qui célèbrent l’événement, souhaitant une mort prompte et sans retour à Trump, etc. : « Les gauchistes célèbrent le diagnostic positif au Covid de Trump ». Nous marchons dans une exo-réalité, pour certains une réalité des enfers, pour d’autres une sur-réalité, – tout ce qu’on veut sauf la normalité, ; peut-être même les gauchistes sont-ils en train de prier, comme de bons croyants soudain devenus, pour la mort rapide et sans un pli de Satan...
Il va sans dire que c’est toute la direction du pouvoir aux USA qui est pour l’instant dans une sorte d’état de décapitation virtuelle puisqu’en nécessité d’être testée et peut-être assignés à une quarantaine, et de toutes les façons plongée dans un désordre extraordinaire. Il y a la chaîne des successeurs constitutionnels du président en cas de disparition, les principaux dirigeants, son vice-président et la Speaker Pelosi, son adversaire Joe Biden, etc. Toutes ces personnes ayant été en contact ou proches de Trump sont effectivement susceptibles de se voir assigné un temps de quarantaine.
J’essaie en vain de donner des indications précises, mais c’est une tâche absurde ; finalement, le désordre de mes indications est le meilleur reflet des effets de l’événement. Il y a quelque chose d’absolument métaphysique dans ces événements, et notamment dans cette infection au Covid, à 35 jours de l’élection. Le président, et un président si absolument furieux et producteur de chaos, qui se moquait du Covid en le défiant, va-t-il disparaître ? ...Ou bien, au contraire, revenir sur la scène et profiter d’un climat de sympathie que susciterait un tel rebondissement, – et alors Covid s’avèrant un allié complètement inattendu et fort généreux, pour celui qui le moquait autant ?
Chaque péripétie extraordinaire, effectivement métaphysique, nous fait encore plus nous persuader que nous vivons une séquence d’événements d’une sorte qui n’existe pas dans notre mémoire historique, qui jamais ne projeta l’Histoire du monde sur une terra incognita secouée de tant de fureurs sismiques. Ce qui me frappe avec une puissance inouïe, ce n’est pas tant le contenu de ces événements, ni leur signification, – ils sont trop rapides pour qu’on puisse y songer, – mais leur rythme sans égal, l’espèce de méthode surhumaine de l’art du contrepied : à peine avez-vous commencé à vous rétablir des effets de l’un, dans un sens, qu’un autre vous envoie sa secousse tellurique, – dans l’autre sens !
Je suis assis à ma machine et ressens un calme étrange, alors que défile la cacophonie des constats, des observations, des réactions hystériques, des fureurs et des angoisses ! Ajouter à cela que la perspective est une période de plusieurs jours de calme, le temps de voir progresser l’infection, pour savoir si elle s’efface ou s’enflamme ; ce calme imposé, comme dans l’œil du cyclone !
Je suis frappé comme par la foudre, – c’est une métaphore, n’est-ce pas, – par l’autonomie des événements dans l’ordonnancement des choses et de leur dynamique. Chaque événement peut être compris et expliqué rationnellement, par notre « superbe raison humiliée et suppliante » de et selon Blaise Pascal ; effectivement « humiliée et suppliante », car l’enchaînement et la dynamique, les rapports de cause à effet, la nécessité et la dérision des événements répondent à un ordre qui n’est pas le nôtre ; à une maîtrise qui nous dépasse et dont nous sommes les jouets.
Que dire de plus ? J’entends ici et là, partout autour de nous, les machines furieuses de la communication, zombies en bandouillère, qui produisent et crachent leur prévisions, leurs hypothèses, entre quarantaine et 25ème amendement, fourrées au milieu d’une chaîne de successeurs constitutionnels dont les maillons sont autant de gérontes maquillés en gérontocrates, qui font paraître le PolitBuro des années 1980-1985 comme un rassemblement de boy-scouts, jusqu’au dernier possible successeur de la lignée, presque un de la famille puisque un nommé Grassley, un Charles Ernest de l’Iowa à 86 ans... Tout cela se fait et se dit, sur les chaînes d’info, dans une ambiance presque joyeuse et effarée, rigolarde et secouant la tête, dans le genre “On renonce à comprendre” et allons-y, ‘Embrassons-nous Folleville’, ayant décidément choisi le côté bouffe de la chose.
Que dire de plus ? m’interroge encore cette question... Je n’avais qu’à choisir de ne rien écrire, ce qui eût été montrer de la fidélité à la tradition et à la méthode dedefensa.org, et une marque de respect pour ‘notre’ métahistoire. Mais non, justement ! Ces gémissements ne sont pas de mise : si j’ai parlé très vite d’un événement de cette importance dynamique, par son rythme et la surprise qu’il porte, c’est bien entendu pour saluer cette métahistoire et nous rappeler combien nous dépendons d’elle, directement avec le Ciel pourrait-on dire, et combien peu de moyens d’influence, et encore moins d’action, nous pouvons avoir sur elle.
Voilà donc la conclusion : le fait de n’avoir rien à dire en cet instant, et le dire d’une façon si ouverte, c’est prendre la mesure de la dimension extraordinaire de la dynamique des événements qui accompagne l’effondrement du Système dans sa Grande Crise. Alors et compte tenu de ces conditions, le destin du ‘candidat du chaos’ balance entre les enfers où le jette ses ennemis, et la Résurrection où l’attendent ses partisans. En tout état de cause, nous ne pouvons que suivre le spectacle que les dieux ont décidé de monter pour nous.