T.C.-95 : ‘The fog of the crisis

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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T.C.-95 : ‘The fog of the crisis

15 octobre 2020 – Faut-il songer à ‘classer’ les choses crisiques dans cette période d’intense activité sismique secouant le Système, entre catastrophes, complots et reset, chutes et rechutes, confinements et couvre-feu, racialisme et wokeness, président-Covid et The-Donald guéri ? Est-ce bien utile ? Retrouverions-nous, en faisant ce classement, une vérité première, ou simplement une vérité-de-situation comme nous disons, ou contribuerions-nous à rendre encre plus épais le brouillard de la crise... ?

Il y avait le ‘brouillard de la guerre’, – ‘the fog of the war’, que l’on disait fort épais ; il y a désormais, entêtant et terrible, non plus épais mais complètement trompeur, chose cosmique aux limites improbables dissimulant en simulacres insaisissables des ombres indécises et catastrophiques, – il y a désormais le ‘brouillard de la crise’, – ‘the fog of the crisis’... Voilà un changement d’importance.

Prenez donc ceci, une chose parmi d’autres comme un exemple de ce qui ne cesse de me surprendre dans cette confusion tourbillonnante : l’affaire du conflit du Haut-Karabakh, dont certains analystes respectables vous assurent qu’il y a rien de moins qu’un risque de guerre mondiale, qui m’est passé complètement inaperçu jusqu’ici. Par la tournure un peu torturée de l’expression (“qui m’est passée”), j’entends affirmer que je plaide coupable.

Bien que j’en sois évidemment informée par le courant de la communication, cette crise n’a pas éveillé en moi le moindre intérêt de l’analyste. D’où vient cette attitude qui n’est ni délibérée, ni réfléchie, ni volontaire, mais simple réflexe intellectuel d’évidence que je me donne à moi-même ? C’est-à-dire, me dis-je également si je n’ai pas tort, – réflexe d’intuition, ‘simple’ peut-être mais nullement simpliste, et que finalement je crois juste ?

Ainsi le Haut-Karabakh ne compte-t-il pas pour moi comme d’autres disent qu’il faut compter avec lui.

D’un autre côté, méthodologiquement et géographiquement, il y a une sorte de nébuleuse qui s’est formée comme un immense phénomène du cosmos sans fin, dont sont effectivement absentes les crises géopolitiques assez classiques, même si échantillon de la Guerre de 4ème Génération (G4G), comme le Haut-Karabakh ; et cette “sorte de nébuleuse” qui réunit les maillons essentiels d’une nouvelle et gigantesque forme crisique.

Il s’agit principalement du Covid et de l’élection USA2020, parce que ces deux énormes ‘trous noirs’ dévorent gloutonnement tout le reste pour se constituer eux-mêmes en ‘matières’ essentielles constitutives de la Grande Crise (GCES), une sorte de ‘matière noire’ mystérieuse et profonde. Ce sont des ‘ogres’, comme les scientifiques disent des ‘trous noirs’ qui avalent étoiles et galaxies.

(On appréciera comment, notamment par ailleurs avec ‘L’Horizon de l’Événement’ évoqué justement à propos de USA2020, on est d’esprit très cosmique et universaliste dans le sens du cosmos-Univers, sur ce site par les temps qui courent si vite. Beaucoup question, précisément, de ‘trous noirs’, parce que l’image est parfaitement adaptée à ce qui se passe : les crise se dévorent les unes les autres, comme des ogres, pour grossir et se constituer en une irrésistible Grande Crise.)

Cela signifie qu’après un impeccable départ au début de cette année 2020, ‘impeccable’ dans le sens du groupement parallèles et presque coordonnées des dynamiques différentes, notamment des deux gros morceaux, Covid et USA2020, on voit l’ensemble transmuter comme un énorme phénomène galactique et se morpher en un seul gigantesque ensemble. Ce n’est pas le début de la Création d’un monde qui par définition n’a pas de début, ni un Big Bang pour nous donner un peu d’importance, mais tout de même...

Il y a ensemble dans la dynamique tourbillonnaire, le sens de l’aggravation des tensions, avec parfois des interférences, lorsqu’un président des États-Unis se prend une sorte de quick-Covid, comme les nourritures fast-foods qu’on réserve à nos chers obèses. The-Donald, lui, s’est contenté d’un fameux bras d’honneur, – “gardez la monnaie”, – à ses adversaires progressistes-sociétaux, et le voilà de retour sur les tréteaux de la campagne du spectacle !

La façon dont le Covid se mélange avec l’immense ébranlement aux USA, dont la France qui se balance et se ramasse en un saut périlleux renverse dans un régime de ‘couvre-feu’ sans que pas une de ces éminences bureaucratiques et financiarisées ne sache exactement la vérité du danger (lisez celui-là qui n’est pas d’accord), et pour d’excellentes raisons, ni ne sache encore moins ce que c’est qu’un couvre-feu.

(Moi, je sais, c’est lorsque les rues noires de la nuit deviennent comme une prison à ciel ouvert, cette situation qui pourrait se terminer par des gens d’armes qui ouvrent le feu avant de vous dire “Qui va là ?”, parce que l’instant d’avant un des leurs a été étendu raide par la ‘kala’ d’un dealer de marque agréé, migrant de migration récente et opportune, qui prétendait ne pas sortir de sa Porsche Cayenne modèle-2025 standard pour port d’héroïne. Si ce n’est pas cette sorte d’aventure et si tout le monde au contraire continue à se balader, c’est qu’alors le couvre-feu n’est que de carnaval ; crise balançant entre tragique et bouffe, et comment conçoivent-ils d’en sortir, ceux qui dirigent ?)

Il existe dans cet immense ébranlement cosmique des rassemblements crisiques complètement inédits, sans précédents dans la forme et la dynamique, dont on distingue mal le sens et la stratégie, qui manient des mesures à la fois liberticides, incohérentes, sans la moindre coordination s’il devait y avoir eu des intérêts communs, – ce qui n’est pas le cas. Comparez par exemple le comportement de quelques ‘Big Tech’, comme Facebook et Tweeter (qui vont devoir rendre des comptes au Sénat), censurant aussi bien des officiels, des parlementaires, etc., qui font circuler des articles mettant en évidence la corruption ukrainienne (et chinoise éventuellement) si incroyable de Hunter Biden, mettant en cause son père Joe.

...Et d’autre part, et dans un tout autre domaine mais qui suscite la même sorte de crise imprudemment liberticide, l’attitude qu’on a vue du gouvernement français sur ce que l’‘ordre de couvre-feu’ et toutes les mesures accompagnatrices peuvent avoir d’également liberticide dans un sens intrusif, presque comme un censeur pouvait faire montre dans l’ancien monde, et lui pour d’excellents motifs, dans les internats de lycée. En même temps et dans la même confusion cosmique, la situation dans ces quelques jours, dans ces quelques heures que nous vivons, donne la sensation de redevenir catastrophique, comme on l’avait ressenti en mars-avril, comme entraînée dans une sorte de colossal Niagara qui assaille cette civilisation aux abois.

A quoi jouent tous ces pouvoirs sans la moindre légitimité ou drapés dans une légitimité aussi vide qu’un squelette décomposé et aussi douteuse qu’une poubelle souillée, éructant dans tous les sens comme s’ils savaient de quoi il s’agit, sans le moindre souci de l’esprit des lois et des coutumes ? Peuvent-ils imaginer aller bien loin sur cette voie ? Pourront-ils exposer longtemps, d’une manière si obscène, la crise du pouvoir dans la postmodernité, l’irresponsabilité et l’extraordinaire abysse du vide intellectuel de ceux-là, eux-mêmes, qui prétendent le porter et le représenter ?

... D’autre part [bis, certes], qui d’autre pourrait les remplacer ? Qui d’autre saurait quoi faire, saurait comment agir, comment reconquérir la légitimité perdue ? Qui d’autre ?!

D’autres questions passant par là se pressent : qu’est-ce qui marche selon le plan prévu et selon nos prévisions, c’est-à-dire conjointement ? Qu’est-ce qui avait été prévu par nos augures, et même par nos augustes et propres visions d’observateurs indépendants ? Rien du tout, niente, nada, nothing, les sacrées choses se dissimulent dans ‘the fog of the crisis’. Nous nous trouvons devant d’immenses ébranlements, de formidables secousses, tout cela qui n’est pas nécessairement brutal dans l’instant où cela se fait, mais au bout du compte, 3-4 semaines, 1-2 mois au plus, valant dérive des continents et fin d’un monde pas moins.

(Attention, nous dit une voix de la retenue dans ce monde de la communication où l’on croirait marcher sur du sable : pas trop de collapsologisme ni d’eschatologisme, s’il vous plaît dites que tout va très bien même “s’il faut que je vous dise...”.)

Alors, il faut bien que je l’avoue, et vous disant avec la plus grande franchise, à la fois touché par une certaine lassitude, peut-être de la fatalité, mais aussi cette intuition qui ne me quitte pas qu’un grand et nouvel ordonnancement du monde tend à préparer sa mise en œuvre... Il ne me déplaît pas d’être ainsi remis à ma place, et dans l’attente que des forces formidables décident de notre sort. Il n’y a aucune hiérarchie à faire dans ces crises, comme s’il dépendait de notre jugement d’en établir l’importance et la dangerosité. Ces crises constituent un ouragan, un cyclone, dont nous sommes les jouets, auxquels nous ne comprenons rien, dans le cadre desquelles chacun des actes de ceux qui prétendent à leur maîtrise n’a comme effet que de mettre en évidence la vanité de ces prétentions.