Tea Party et l’empire (suite…)

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Il apparaît de plus en plus que le facteur Tea Party “à l’intérieur” du parti républicain (mais nullement intégré dans ce parti) constitue un événement promis à être important dans la question de la politique extérieure belliciste aux USA (disons, “la question de l’empire”). On a déjà vu un aspect de cette mésentente interne hier, 30 septembre 2010. Aujourd’hui 1er octobre 2010, Patrick Buchanan publie un article intitulé Tea Party vs. War Party?, sur le même thème.

«“We’re all on the same page until the polls close Nov. 2,” Richard Viguerie, the longtime conservative strategist who has allied with the Tea Party, told the New York Times. After that, “a massive, almost historic battle for the heart and soul of the Republican Party begins.” Indeed, such a battle seems unavoidable… […]

»The neocons are nervous the Tea Party may not sign up to soldier on for the empire. Writing in the Washington Post, Danielle Pletka and Thomas Donnelly of AEI have sniffed out the unmistakable scent of “isolationism” among Tea Party favorites. They are warning that the old right and Tea Party might unite in a “combination of Ebenezer Scrooge and George McGovern, withdrawing from the world to a countinghouse America.”»

Notre commentaire

@PAYANT Décidément, Tea Party est un mystère aux multiples faces. Il y a sept mois, la question de la politique extérieure et de la politique belliciste des USA avait été évoquée à propos de Tea Party, notamment par Ron Paul, lors de la convention CPAC de février 2010. On en était resté sur une note assez incertaine, observant d’une part que rien de précis à cet égard n'avait eu lieu, d’autre part qu’il existait évidemment un débat potentiel d’une grande importance autour de Tea Party, à l’intérieur de Tea Party, entre le parti républicain et Tea Party, etc. Depuis, rien de spectaculaire, encore moins de décisif, toute l’énergie étant mobilisée pour les élections de novembre prochain et pour les querelles intérieures, polémiques et intestines. Tout au plus constatait-on que cette question des rapports de Tea Party et de la politique belliciste était-elle posée.

D’une façon assez soudaine et sans qu’on puisse identifier les causes précises de ce débat, apparaît effectivement le débat de la politique extérieure et de la politique belliciste actuelle des USA, dont le parti républicain est évidemment un très chaud partisan et qui semblerait désormais déplaire considérablement à Tea Party. On avait tout de même remarqué, certes, que les néo-conservateurs n’étaient pas du tout enthousiasmés par la victoire de Christine O’Donnell pour la désignation républicaine, pour les élections sénatoriales dans le Delaware. On ne pouvait pour autant en tirer la conclusion que cette insatisfaction portait spécifiquement sur la question de la politique extérieure (avec la suspicion des néo-conservateurs que Tea Party pourrait s’opposer à cette politique à l’intérieur du parti républicain). Il semble pourtant que les esprits aient évolué dans ce sens, comme on le lit désormais dans les commentaires des néo-conservateurs. Il semble par conséquent que cette question-là commence désormais à être posée d’une façon très précise, conduisant effectivement à une division de facto à l’intérieur du parti républicain entre partisans et adversaires de cette politique, – entre “orthodoxes” républicains (avec les neocons derrière) et la faction Tea Party.

Par ailleurs, et bien qu’effectivement on reste incertain sur le processus en cours et sur les causes de son déclenchement, il faut admettre que la logique des situations conduit effectivement à considérer que Tea Party évolue vers une position “antiguerre” comme l’affirme Patrick Buchanan, ce qui va conduire à des affrontements sévères après les élections du 2 novembre. La déclaration que cite Buchanan du stratège républicain passé à Tea Party, Richard Viguerie, va évidemment dans ce sens («We’re all on the same page until the polls close Nov. 2. After that, a massive, almost historic battle for the heart and soul of the Republican Party begins.») Cette logique des situations porte essentiellement sur deux points :

• La question des dépenses du gouvernement fédéral (qui est un des principaux arguments de Buchanan pour développer sa thèse). Les démocrates eux-mêmes l’ont fait remarquer à propos du programme du parti républicain, en mettant en évidence la contradiction avec Tea Party. Si le parti républicain orthodoxe veut réduire les dépenses publiques, comment pourra-t-il le faire sans toucher aux dépenses de défense nationale, alors que le reste des dépenses fédérales sont aux limites des nécessités et que le déficit colossal ne permet plus aucune marge de manœuvre ? D’un autre côté, si Tea Party exige effectivement ces réductions de dépense, et même des réductions encore plus importantes que celles qu’envisage la parti républicain orthodoxe, comment faire sinon en venir nécessairement à exiger la réduction des dépenses de sécurité nationale, donc la réduction des engagements outre-mer. Il s'agirait alors d'une attaque directe contre la politique belliciste.

• L’influence importante que semblent avoir acquis les libertariens type-Ron Paul au sein de Tea Party. (On en avait déjà vu des signes certains en février dernier, lors de la réunion du CPAC déjà rappelée plus haut. C’est une influence souterraine, non explicitée et non officiellement affirmée, mais extrêmement efficace dans la mesure où les libertariens sont un groupe très structuré, ce qui est rare au sein de Tea Party ; qu’ils sont un groupe avec des idées clairement affirmées, clairement structurées, remarquablement exprimées et qui vont dans le sens de l’orientation fondamentale de Tea Party (gouvernement central réduit au minimum, dépenses fédérales réduites au minimum). Il est assez logique que cette influence s’exerce également, de plus en plus, au niveau de la politique extérieure, selon une logique qui est proche de la philosophie générale de Tea Party (réduction du rôle du gouvernement central).

Ce qu’on observe d’une façon générale, supérieure à toutes les considérations tactiques et aux évolutions des uns et des autres, c’est effectivement comme force principale d'orientation de Tea Party une grande tendance, qui est de type centrifuge, “dévolutionnaire”, qui est la recherche de la réduction des dépenses du gouvernement central, du rôle de ce gouvernement, de l’intervention de ce gouvernement, au profit des pouvoirs des Etats et des pouvoirs locaux. Il est manifeste que cette logique sous-tend, d’une façon diffuse mais importante, sinon massive, toute la dynamique de Tea Party


Mis en ligne le 1er octobre 2010 à 14H05