Tea Party les terrifie…

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Le constat est étonnant, sur la réaction de certains républicains après la “sortie” de Michelle Bachmann, les critiques contre elle venues de ce même parti républicain, puis un retournement significatif. Politico.com, qui avait largement couvert l’intervention de Bachmann et les réactions souvent négatives d’autres républicains, rapporte, dans un nouvel article, ce 28 janvier 2011, les réactions effrayées et “paniquées” de nombreux élus du parti républicain à cet article initial.

«Bachmann’s Republican critics may be sick of her grandstanding, but they’re more terrified of her tea party following.

»In just her third term, she has developed a fan base like 2008 Republican vice presidential nominee Sarah Palin’s: Energized, fiercely loyal and capable of making a critic’s life miserable with threats of political retribution. She’s also a huge media draw — whether it’s MSNBC, which lampoons her, Fox News, which promotes her, or CNN, which aired her entire State of the Union rebuttal Tuesday night. All that’s missing is a Saturday Night Live spoof.

»It’s enough to make most Republicans think twice before crossing her — or at least wish they had. Take Rep. Jason Chaffetz. Hours after POLITICO published his comment knocking Bachmann’s rebuttal to the State of the Union address, the second-term Utah Republican issued a statement, through Bachmann’s office no less, walking back his criticism.

»“My primary concern with Congresswoman Bachmann’s speech was the timing of it relative to Chairman Paul Ryan’s (R-WI) official response to the President’s State of the Union address. I felt at the time the proximity of her speech was too near Chairman Ryan’s official response,” Chaffetz said. “I have since learned that the timing of Congresswoman Bachmann’s address was not simultaneous to Chairman Ryan’s official response. … Now understanding the true order of events, I would not have made the same comments to the media.” That’s a far cry from his original assessment: “To try to upend Paul Ryan was just wrong.”

»Chaffetz knows well the power of conservative grassroots movements, as he won his seat with a right-flank challenge to then-Rep. Chris Cannon in 2008 and is now looking at a primary challenge to Sen. Orrin Hatch. Though he didn’t mention Chaffetz or Bachmann, the top strategist for the Tea Party Express said in a Thursday National Review Online story that Hatch won’t be targeted by the group in 2012. […]

»For any Republican who fears a primary challenge — or would like help for a general election — there’s no percentage in getting on the wrong side of Palin or Bachmann.

»“The base loves them and if you want the base to love you, you have to love them,” said Republican strategist John Feehery, a former House GOP leadership aide. “If you don’t care about the base, then you can say whatever you want.”

»But the reality is most Republicans do care about the base — and fear the consequences of crossing their stars.»

Notre commentaire

@PAYANT Il s’agit d’un épisode caractéristique de la situation complètement nouvelle qui s’est établie à Washington. On la prendra moins pour son importance spécifique, y compris pour ce qui concerne la position de Michelle Bachmann (ou de Sarah Palin en l'occurrence), son éventuel programme, ses ambitions, etc., que pour son caractère à la fois exemplaire et symbolique. De ce point de vue, l’emploi du verbe “terrifier” dans le titre de l’article rend parfaitement compte de ce que nous voulons définir.

L’arrivée de Tea Party dans le jeu washingtonien a déclenché de nombreuses spéculations sur la question de la “récupération” du mouvement par le parti républicain, et à son avantage, – donc de la récupération de Tea Party par l’establishment (dont le parti républicain, dans sa structure standard, est l’aile droite, comme on est l’aile droite d’un “parti unique”). Nous-mêmes avons traité de ce problème, en arguant que la structure (ou plutôt la non-structure) de Tea Party, son organisation (ou son plutôt inorganisation), son absence de programme trop précis et son désordre évident, constituaient autant d’armes inédites, dans une situation inédite, pour que ce même Tea Party ne puisse être récupéré. (Voir notamment nos textes du 8 janvier 2010, 20 juillet 2010 et 28 septembre 2010…)

D’une façon générale, la majorité des commentateurs washingtoniens, armés d’une pensée unique remarquablement bien huilée, a toujours argumenté que la machine washingtonienne ne ferait qu’une bouchée de Tea Party, avec les arguments habituels (poids des lobbies et de leur argent, places privilégiées au Congrès, positions de direction dans le parti contre la loyauté au Système, etc.), concluant que la récupération as usual avec un mouvement de cette sorte ne serait qu’une question de quelques semaines. L’épisode Bachmann semble montrer que ce n’est pas le cas du tout, non pas parce que Bachmann est particulièrement vertueuse mais parce qu’il s’agit d’une pétroleuse qui a compris comment se servir du système de la communication pour assurer une position de contestatrice de l’establishment en verrouillant un électorat de base particulièrement activiste. Or, il y a une situation conflictuelle inéluctable au sein du parti républicain, parce que l’establishment ne peut accepter une certaine autonomie d’action et de parole nettement anti-establishment d’une partie de lui-même ; mais comme, dans cet antagonisme, l’establishment ne parvient pas pour l’instant à récupérer Tea Party et que l’antagonisme ne se dément pas, c’est le contraire qui se produit : l’establishment panique devant Tea Party.

Peu importe que Tea Party soit moins populaire ces derniers temps, depuis l’affaire de la fusillade de l’Arizona (contre la parlementaire démocrate Giffords). Peu importe qu’on continue évidemment à lui prêter des desseins secrets et épouvantables. Peu importe que Tea Party n’ait pas de programme bien établi. Peu importe que, dans divers cas, on trouve des parlementaires Tea Party qui sacrifient aux coutumes de Washington en cherchant à renforcer, à force d’influence nouvelle, les circonscriptions qu’ils représentent. L’essentiel est que Tea Party est dans la place, à Washington, qu’il ne s’en laisse pas compter, qu’il ne joue pas le jeu en ce sens qu’il ne montre aucune loyauté envers le Système parce qu’il a compris que c’est une position très populaire, pour ne pas dire populiste, qu’il continue à être insaisissable, qu’il semble décidément bien difficile à “récupérer” au point de “paniquer” l’establishment. (Il sème même la panique chez les militaires, qui se demandent quelle va être l’attitude des parlementaires Tea Party vis-à-vis des dépenses du Pentagone, qui reconnaissent se trouver devant “un mystère” de la sorte qu’ils n’ont pas l’habitude de rencontrer au Congrès.)

Bref, l’épisode Bachmann met les pendules à l’heure pour ce qui concerne la situation à Washington. Il n’apporte aucune promesse de rien du tout, et surtout pas la promesse que Tea Party va réformer ce Système totalement irréformable. Il apporte la promesse, déjà en, cours de réalisation, de l’introduction d’un facteur de désordre complètement incontrôlable. Il apporte la division du Congrès en factions là où il n’y avait que la fausse opposition des deux ailes du “parti unique”. Il apporte la mise en évidence de l’affaiblissement dramatique de l’establishment qui est au service du Système, un affaiblissement du à une fatigue de la psychologie consécutive à des années de pression d’une politique caractérisée par un extrémisme sans frein (la “politique de l’idéologie et de l’instinct”). Tous les Obama du monde ne pourront rien contre cela.


Mis ern ligne le 29 janvier 2011 à 12H16

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