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543612 décembre 2020 – Nouveau cri de guerre, qui l’eût cru, après Brexit et d’autres Exit de supputation : maintenant, c’est Texit ! (Pour ‘Texas Exit’)... Spectre de la sécession, qui court désormais comme l’incendie des pins de Provence brûlés par le soleil, par temps de mistral, avec ce mot en étendard :
« Le terme TEXIT est devenu viral sur les médias sociaux car de nombreux législateurs républicains font circuler l’idée de la sécession si le gouvernement fédéral continue à contrecarrer la valeur des votes du Texas de vote en permettant à d’autres États de manipuler leurs lois électorales sans aucune conséquence pour eux ».
Poussé par les ‘effets et résonnances de tendance’, dirais-je pour rendre compte d’un phénomène de communication, suivant la décision de la Cour Suprême (SCOTUS) de repousser en l’ignorant (sans l’examiner) la plainte du Texas contre le Michigan (notamment) pour violation de la Constitution des États-Unis, je fais une intervention de la sorte du fameux (en d’autres temps) “Nous interrompons nos émissions pour une nouvelle importante... ” ; et cette nouvelle importante, c’est l’importance de communication justement, que ce mot qui claque comme un drapeau, – Texit !, – est appelée à prendre. Superbe véhicule de communication.
Je double un peu mes confrères, amis et néanmoins au garde-à-vous de RapSit-USA2020 mais les événements l’exigent pour signaler l’apparition de ce nouveau terme qui constitue l’un des plus graves prolongements de la décision de SCOTUS de nous la faire à la Ponce Pilate : la suggestion du parti républicain du Texas de songer à la sécession (pour lui et éventuellement d’autres États). Son argument est : puisque les États qui ne respectent pas la Constitution (modification inconstitutionnelle, selon le Texas, de la procédure électorale, notamment du Michigan), et puisqu’on refuse d’entendre ceux qui la respectent et exigent que les autres la respectent (nous autres, Texas), – eh bien, Texit !
Je vais surtout développer mon argumentaire autour de la décision de SCOTUS elle-même, faite sans doute pour éviter un peu plus de désordre, et qui en produit beaucoup plus, par tonnes. Le journaliste d’origine serbe Nebojsa Malic, qui a vu de près le développement de la guerre civile en ex-Yougoslavie décortique la position de la Cour Suprême, qui est vraiment celle d’un Ponce-Pilate postmoderne...
« En se lavant les mains de la responsabilité d’entendre la contestation par le Texas de l’élection présidentielle de 2020, les neuf juges de la Cour suprême des États-Unis ont peut-être scellé le sort du pays et rendu une guerre civile cinétique beaucoup plus probable. »
Malic n’est pas vraiment partisan (ni pro-Biden certes, mais pas vraiment pro-Trump), et c’est cela qui est important. Il étudie cette affaire du point de vue, non pas tant professionnel qui est souvent partisan, mais du point de vue de l’expérience de celui qui a subi cette sorte de phénomène de la guerre civile et qui peut prétendre savoir d’une certaine façon quels événements, souvent faits de bonnes intentions mal choisies et à contretemps, conduisent à laisser tomber sans le vouloir et comme par inadvertance l’allumette dans le baril de poudre.
SCOTUS a choisi la voie de la sagesse-Système qui est devenue aujourd’hui une sagesse invertie au vu de la catastrophe en cours : ne rien changer, ne rien contester, absolument ne soulever aucune objection... En fait, c’est bien ceci : la maison est si branlante, si fragile, se disent-ils dans leur grande ‘sagesse’, qu’on ne doit pas bouger le petit doigt, – qu’on n’écoute même pas la plainte du Texas, même si c’est pour la rejeter qu’elle soit ou non fondée.
« L’ironie de la situation est que la Cour suprême aurait pu éviter une autre guerre civile si elle avait choisi d'entendre le procès du Texas, et si elle avait ensuite statué contre lui pour des raisons non prétextuelles. Cela aurait au moins permis d’envoyer aux partisans de Trump le message que le système fonctionne et qu’ils doivent continuer à lui faire confiance. Il y aurait toujours la possibilité d’un match retour lors des examens de mi-parcours de 2022 (élections mid-term) ou de 2024 (présidentielles).
» Les chances que les Neuf se rangent du côté du Texas et bloquent les électeurs étaient minces. Les juges sont notoirement allergiques à l'idée de faire tanguer le bateau... [...] La Cour aurait pu recourir à n'importe laquelle de ces gymnastiques mentales qu’il a précédemment utilisées pour légiférer depuis sa table de sagesse afin de parvenir à une sorte de solution salomonique.
» Au lieu de cela, ils ont littéralement abdiqué leur responsabilité constitutionnelle, – et ont envoyé [involontairement] ce message insultant aux 75 millions d’Américains qui ont voté pour Trump : votre vote compte pour du beurre... »
Il y a quelque chose de fascinant, n’est-ce pas, dans cet enchaînement d’attitudes, de mesures, de réponses, faites pour apaiser la situation et qui, à tous les coups, font un peu plus gronder le brasier. Dans ce qu’on pouvait envisager comme réponse de SCOTUS, je voyais plusieurs possibilités, mais vraiment pas celle du méprisant “passez outre” (“Passez outre, manants et déplorables”, non ?)... Alors que, pis encore pour les gardiens de la Constitution si complètement sacralisée, il est inscrit dans la Constitution (« l’article [3 de la Constitution] stipule explicitement que SCOTUS sera la juridiction fondamentale en cas de “Controverses entre deux ou plusieurs États ; – entre un État et les citoyens d’un autre État ; – entre les citoyens de différents États” »)
Ainsi ont-ils permis ce paradoxe de voir les républicains du Texas faire un communiqué dans lequel ils proposent une “union des États qui veulent respecter la Constitution”, et qui se détacheraient ainsi, qui feraient sécession, d’une Union où la plus haute instance, SCOTUS, bafoue la Constitution en ne prenant pas une décision, simplement par laisser-faire, laisser-aller. Et il faut la somme de talents juridiques de ces neufs magistrats d’élite pour aboutir à ça ?
D’accord, la “Personne de l’Année” de Time, Joe Biden et Kamara Harris (tiens, ils sont deux, deux “personnes de l’Année” en une “Personnes de l’Année” ? Étrange, – et un petit manipulateur satirique en a glissé une troisième entre les deux, le visage du président Xi, de Chine...), – cette étrange personne dédoublée devrait être celle qui prêtera serment à deux mains le 20 janvier, à moins d’un des innombrables incidents et rebondissements infiniment possibles, sinon probables d’ici là, car combien de choses peuvent-elles se passer en plus d’un mois ... Mais imaginons que la chose se fasse, pour la simplicité de l’argument : que croyez-vous que le Texas fera du président Biden-Harris ? Acceptera-t-il la moindre consigne, la moindre remarque de lui ?
« En tant que personne ayant (à peine) vécu une guerre civile, je sais une chose ou deux... [...]
» [Je sais que] les guerres civiles commencent lorsqu’une faction décide qu’elle ne peut plus poursuivre ses objectifs par des moyens politiques, juridiques ou économiques, car ils lui ont tous été confisqués. Quelqu’un peut-il affirmer, les yeux dans les yeux, qu'aucun partisan de Trump ne ressent cela ?
» À tort ou à raison, ils jugent que l’élection a été volée et que les personnes qui l’ont fait s’en sont tirées à bon compte. Quelle est la probabilité qu'ils aient confiance dans une élection à venir ? À peu près autant qu'ils font confiance aux médias, aux entreprises ou aux tribunaux à l’heure actuelle.
» La Cour suprême a eu l’occasion de désamorcer cette bombe à retardement. Au lieu de cela, ils ont interprété leur Ponce Pilate et ont psalmodié “ce n’est pas notre affaire”. C’est ainsi que la Bosnie est arrivée. J’espère et je prie pour que cela n’arrive pas ici, mais je crains que ce soit le cas. »
J’ai toujours pensé, et cela a souvent été écrit sur ce site, que la Guerre de Sécession, – celle qu’ils appellent Civil War, – était le pivot, le cauchemar et l’essence catastrophique de ce pays immense qui prétend être une nation républicaine et impériale, et qui ne l’est pas. Ce pays est hanté par le spectre de la sécession, et voilà que les neuf Sages, dans leur folle plasticité circonspecte et retenue, l’ont fait ressurgir.
... Avec un nom qui claque comme un étendard, grave erreur de communication : Texit !
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