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6226• Pour tenter de suivre les arcanes de l’aventure du sabotage-terroriste des NordStream (plutôt que de tenter de prouver, comme font les intellectuels français, que les Russes ont fait le coup), on se propose de suivre les traces du Polonais Sikorski. • Un drôle d’oiseau, plus neocon que les plus neocons et pourtant libre de ses mauvaises humeurs et de sa brutalité. • Partir du « Thank You, USA », effacé depuis, pour parvenir à tenter de comprendre comment ces folles cervelles fonctionnent. • L’aventure des NordStream1/2 montre qu’on ne recule devant rien.
Rien ne vaut de suivre l’aventure de l'ancien ministre polonais et actuel député européen Sikorski pour suivre les péripéties de l’attaque de sabotage-terroriste contre les gazoducs NordStream. Il a, aussitôt l’attaque commise et ses effets connus, tweeté à partir de la fameuse photo montrant le remous énorme causé sur la surface de la mer par la fuite de gaz :
« Thank you, USA »
Il a ainsi fourni l’argument le plus percutant par sa brièveté pour indiquer le coupable le plus évident, sans nécessité d’enquête ni de preuve, dans cette affaire. Mais l’on constate, deux jours plus tard, qu’il a pris l’initiative finalement assez objectivement stupide en ce qu’elle confirme paradoxalement l’effet obtenu, de retirer son tweet. Alors, le journaliste et cinéaste Dan Cohen exprime le sentiment général en tweetant à son tour (avec le tweet initial et supprimé de Sikorski inclus et donc retrouvé, – cela tweete à tout va !) :
« Le parlementaire européen Radek Sikorski supprime deux jours plus tard son tweet attribuant le bombardement de Nord Stream aux États-Unis. Ses tweets de suivi restent.
» Maintenant, cela semble encore plus suspect. »
Les “tweets de suivi” de Sikorski disent notamment, toujours fleuri de la belle image de la Mer Baltique bouillonnant de gaz :
« ... La seule logique [de NordStream] était pour que Poutine puisse exercer un chantage et mener sa guerre en Europe de l’Est en toute impunité. »
« Tous les États baltes maritimes et l’Ukraine se sont opposés à la construction de NordStream pendant vingt ans. Maintenant 20 $milliards de métal fracassé reposent au fond de la mer, un coût de plus pour la Russie pour son invasion criminelle de l’Ukraine... Quelqu’un a effectué une Opération Spéciale de Maintenance. »
Le fait est que Sikorski a été un peu rapide et extrêmement abrupt dans son tweet initial (« Thank you, USA »), alors que l’opération d’élaboration d’une narrative dont le but serait de ‘canceller’ absolument et ad vitam aeternam/nauseam l’évidence de la responsabilité des USA s’avère assez sinon très-difficile. C’est dire qu’en supprimant son tweet et surtout sans trop se presser, il a fortement, sinon très-fortement contribué, au contraire, à éclairer et à renforcer cette évidence. (Cela n’éclatera pas aux yeux des foules américanistes-occidentalistes, adeptes de la presseSystème et des chaînes verrouillées, foules auxquelles on épargnera la lecture et le commentaire de cet épisode-tweeté.)
En effet, l’évidence conduit en général, d’une main ferme et sans ciller, à attribuer la responsabilité de cette opération de “sabotage-terrorisme” à l’US Navy, qui avait plusieurs navires en manœuvres opérationnelles depuis plusieurs jours, avec leurs hélicos anti-sous-marins et toute la logistique nécessaire, sur cette zone maritime où s’est produit l’opération. On précise que cette zone est sous un contrôle strict, constant et très étroit de l’OTAN, c’est-à-dire de l’US Navy, ce qui implique toutes les difficultés du monde pour un intrus (russe, évidemment), pour réaliser une telle opération secrète.
(On met de côté l’autre évidence, plus conceptuelle et complètement logique, – chose infâme dans nos temps-devenus-fous, – de s’interroger sur la logique politique qui aurait poussé les Russes à penser à un montage, ou à une plongée pour détruire leurs propres gazoducs alors qu’ils seraient prêts à livrer à nouveau du gaz si l’évolution de la situations et les positions des pays concernés y conduisaient, alors qu’ils ont un bouton à pousser et le résultat est le même, alors que... etc.)
On trouve dans tout cela de quoi se rassurer et s’assurer de la perception des responsabilités, et le tweet initial de Sikorski a fortement servi, dans sa brièveté et sa netteté, à bien mettre tout cela en cohérence. Plus encore, les autres tweets que Sikorski a laissé, même s’ils sont plus explicites, confortent cette perception, tout comme celui-ci que signale Spoutnik :
« Cependant, M. Sikorski n'a pas supprimé un autre tweet où l'on pouvait lire “Comme on dit en Pologne, “Une petite chose, mais tellement de joie”, accompagné de la même photo de l'eau bouillonnante.
» Ce tweet a [à nouveau] suscité la controverse, beaucoup se demandant ce que le législateur polonais voulait dire en le publiant. »
Nous pensons décidément que cette intervention de Sikorski a une réelle importance dans cette affaire, en même temps qu’elle est symbolique d’une situation considérée du point de vue psychologique. Nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises Sikorski dans nos commentaires, suffisamment pour connaître la variabilité et la brutalité du personnage. Ainsi, en octobre 2014, lorsqu’une conversation privée qu’il avait avec un ami politique fut enregistrée et publiée par le journal polonais ‘WPost’ :
« Sikorski a déclaré que l'alliance de Varsovie avec Washington est sans valeur et même dommageable car elle “crée un faux sentiment de sécurité en Pologne”, comme le cite Wprost, qui a publié des extraits de l'échange présumé entre Sikorski et Jacek Rostowski, député et ancien ministre des Finances. “Nous allons avoir un conflit avec les Russes et les Allemands, et nous allons penser que tout est génial, parce que nous avons fait une pipe aux Américains”, aurait dit Sikorski. Selon Wprost, il a qualifié les Polonais de “complètement nuls” pour leur position et a répété l’expression “conneries complètes” à de nombreuses reprises au cours de la conversation... »
Comme on le voit, il se trouve là en position d’opposition à l’alliance avec les USA (on insiste),
« contre la forme même de cette “alliance“, qu’il compare à rien de moins qu’un service de fellation offert gratuitement par l’opérateur de la chose ».
A cette occasion particulièrement originale, nous nous étions attardé à la personnalité de Sikorski, à sa carrière autant qu’à sa psychologie. Notre intention, par rapport à la situation actuelle, est de faire percevoir combien cette sorte de personnage peut évoluer selon des impulsions qui ne sont pas nécessairement celles de la corruption classique, mais bien plus encore celles de toute une catégorie d’opérateurs du Système, – nous le qualifiions de « Sapiens-lige du Système, cloporte patenté », sans mauvaises intentions de notre part, simplement pour éclairer le comportement de ces gens-là... Après cette citation de notre texte du 24 juin 2014, nous reviendrons sur l’affaire-NordStream, car nous y serons conduits.
« Il suffit de consulter le Wikipédia de Radoslaw Sikorski pour être édifié... (Accessoirement mais d’une façon complémentaire, on peut également consulter le Wikipédia en forme de copie conforme de son mari d’Anne Applebaum, épouse de Sikorski.) Il s’agit d’un personnage typique de ce temps extrême, journaliste dissident en Pologne jusqu’en 1981 passant en Angleterre, prestement récupéré par les milieux anglo-saxons et rééduqué dans le sens qu’il faut, conseiller de 1988 à 1992 de Rupert Murdoch, parrain et financier des neocons. Sikorski est le signe indubitable que l’extrémisme neocon-ultralibéral est fondamentalement apatride et globalisé, une sorte d’“Internationale”-Système de notre temps déstructuré, où les nations et les nationalités n’ont plus guère de signification. (Lui-même, Polonais de naissance, nationalité anglaise à partir de 1984, avant de retrouver la nationalité polonaise en 2010, parce qu’il le faut bien pour se présenter aux présidentielles polonaises, donc après de nombreux postes gouvernementaux polonais en tant que citoyen britannique. Anne Applebaum a également suivi ce chemin en forme de yoyo entre deux nationalités.)
» Ce “portrait” très succinct n’est pas fait pour s’attarder vraiment à la personnalité de Sikorski mais pour observer qu’une telle personnalité continue à avoir une psychologie, et que cette psychologie s’affaiblit aussi bien sous la pression du Système qu’elle sert pourtant, jusqu’à se retourner dans des instants de lucidité par frustration, pour dire son fait à la vassalité que lui impose le Système, – malgré sa responsabilité dans ce choix, bien entendu, puisqu’il l’a bien voulu... Par conséquent, homme typique, sapiens-lige du Système, cloporte patenté sans aucun doute, découvrant en un de ces instant de lucidité signalés plus haut et aimablement enregistré que l’alliance américaniste est, pour la Pologne comme pour n’importe qui d’autre, «complete bullshit» (le terme est répété plusieurs fois, Sikorski étant un utilisateur acharné et absolument “macho” de l’argot anglo-saxoniste/américaniste). »
Selon les raisons que nous évoquons, il nous semble bien que Sikorski est un homme d’une psychologie instable mais paradoxalement très ferme et très dure dans ses changements, une psychologie ouverte à des sautes d’humeur et de colère. Aujourd’hui, il est complètement au travail pour l’“alliance”, non pas avec les USA qui n’existent plus en tant que tels sous la présidence d’un Biden, mais pour le clan-neocon, qui est sa véritable “famille”, sa véritable “patrie”, – et non pas, à notre sens, pour des raisons idéologiques, mais pour des raisons d’hystérie psychologique, comme « personnage typique de ce temps extrême ».
Notre hypothèse est alors de rejoindre, sans surprise ni la moindre gêne ni hésitation, celle que fait Christoforou, estimant que l’initiative de l’opération contre NordStream, – par pression, par influence, par manipulation, – revient donc bien à un groupe, un clan (“pas les USA qui n’existent plus en tant que tels sous la présidence d’un Biden”) :
« Christoforou attribue l’attaque non pas aux USA (au gouvernement US) as a whole, mais aux capacités d’influence et de manipulation dans le fonctionnement de la puissance américaniste du groupe extrémiste, celui des “usual coupables” certes, – en un mot, les neocons, où l’on trouve aussi bien une Nuland qu’un Sikorski (cités plus haut)... »
Cette situation signifie que Sikorski n’est ni un fonctionnaire d’un gouvernement, un agent d’une centrale de renseignement, un obligé tenu par des secrets ; d’une certaine façon, n’étant lige que du Système par l’intermédiaire de ses amis neocons, il est assez “libre” dans ses actes et ses démarches. Pour nous, son tweet, qui représente tout de même, d’un point de vue de la communication et de la tactique politique, une énorme erreur, est de sa propre initiative d’homme “libre” qui entend ainsi affirmer qu’il assume ses actes et ses manigances/les actes et les manigances du Système ; peut-être même a-t-il fait cela avec, dans un coin, un peu de rancœur contre ce Système, qu’il met ainsi en difficulté, dont il est l’obligé consentant et qu’il considère tout de même comme une contrainte totalitaire à laquelle il cède.
Enfin, peut-être même a-t-il fait cela en mesurant que cela pouvait être une “énorme erreur”, mais en temps qu’homme “libre” (c’est-à-dire irresponsable, selon les normes modernistes) il s’en fichait bien. Ce qui nous conforte dans cette hypothèse, c’est le temps qu’il a mis à l’annuler (certainement sous la pression très-amicale, – sans ironie, cela, – de certains de ses “amis”, neocons ou américanistes), en en laissant d’autre qui disaient plus discrètement la même chose, c’est-à-dire en aggravant encore le cas... Mais l’homme “libre” s’en fiche !
Cet épisode doit nous permettre de mieux comprendre le fonctionnement de la folle politiqueSystème (la politiqueSystème devenue folle, c’est dire !) des États-Unis, avec leurs divers larbins épars dans leur foulée, au bien devant eux comme bouclier... En fait de la chose nommée États-Unis, il s’agit bien du Système, manipulant selon sa recherche de l’accélération de sa surpuissance, qui les USA, qui la globalisation, qui l’UE si l’on veut quoique cette chose énorme et molle qui prétend à l’héroïsme guerrier n’arrête guère le jugement du choix d’un combattant.
Le cas de Sikorski est du plus grand intérêt car le personnage a déjà montré ce qu’il pouvait faire, qu’il est un véritable internationaliste sans attaches, sinon cette sorte de déchaînement de la psychologie qui caractérise ce clan, cette tribu qui est la principale manipulatrice de la “politique US” depuis le courant des années 1990. Son intervention (« Thank you, USA ») est la marque de l’action de la tribu, et l’on n’oubliera pas que la première voix à dire que NordStream (2 et autres) ne fonctionnerait pas fut celle de la neocon Victoria Nuland, le 27 janvier, avant le fantôme présidentiel le 7 février (on vient d’apprendre que le président Bien avait été en vacances ou en repos, inactif disons, durant 40% de son temps en 2021). Les neocons sont partout, malgré la vertigineuse série d’échecs marquant la politique dont ils furent les manipulateurs, et ainsi répondent-ils parfaitement à la définition du ‘Kali Yuga’ que nous voyions hier (PhG) :
« ...la période où “l’âme du monde” est de couleur noire; il ne reste qu’un quart de la vertu, qui diminue lentement jusqu’à zéro à la fin du Kali Yuga. Les hommes se tournent vers la méchanceté; la maladie, la léthargie, la colère, les calamités naturelles, l’angoisse et la peur de la pénurie dominent. Pénitence, sacrifices et observances religieuses tombent en désuétude. Toutes les créatures dégénèrent. Le changement passe sur toutes choses, sans exception.»
Tout cela est pour renforcer l’idée de l’extraordinaire dangerosité des temps, – on pense bien sûr au nucléaire, dont tout le monde parle. Il n’y a pas de direction américaniste, ni même de politique américaniste, mais une politiqueSystème sataniste et déstructurante, servie par un groupe sans réelle discipline intérieure ni autorité directrice, pour qui tous les coups sont bons, sans souci aucun ni de l’apparat ni de l’apparence. C’est-à-dire que le Système peut, selon la fortune de ses manipulations, pousser à n’importe quoi, pourvu que ce “n’importe quoi” soit destructeur et déstructurant ; et ainsi, à sa façon, Sikorski a-t-il agi... Cette perspective est terrifiante.
Par contre, l’absence de structure du groupe, sa façon d’opérer “en rhizomes”, à-la-Deleuze, (ni réelle discipline intérieure ni autorité directrice comme on le voit avec le cas Sikorski) est aussi une éventuelle très grande faiblesse... Déconstructeurs absolus ils sont, ils ne disposent d’aucune structure de légitimité et d’autorité pour les défendre si un adversaire résolu, fût-il un homme, un sondage ou un vote, a décidé de contrecarrer décisivement cette politique totalement nihiliste, – politique du désordre destructeur et déstructurant, sans la moindre capacité de se structurer elle-même car ce serait une ‘cancellation’ d’elle-même, incapable de se structurer d’une façon qui la rendrait résiliente et lui permettrait de résister au “coups en retour” dont l’un ou l’autre, un jour, sera mortel.
Une fois de plus il est montré, au plus haut niveau, que l’on retrouve l’idée de la surpuissance jusqu’à la folie, s’accompagnant de son double de l’autodestruction du fou.
Mis en ligne le 30 septembre 2022 à 18H15
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