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210015 décembre 2016 – Il est assuré que le Silent Coup lancé, pour sa phase actuelle, il y a à peu près une semaine lorsque l’équipe de campagne de Clinton, – tiens, toujours opérationnelle, cette équipe, – a appuyé l’idée de tenter de renverser le résultat de l’élection lors de la réunion du Collège Electoral de lundi prochain, est largement soutenu sinon conduit en mode-turbo par la CIA. Ce Silent Coup est certes assourdissant pour ceux qui veulent bien ne pas se boucher les oreilles et qui ont des yeux pour voir, tandis que, pour les autres, la presse-Système et ceux qui s’y réfèrent, rien de particulier n’est en cours et l’on prépare activement “les fêtes”. Quoi qu’il en soit des sourds et des aveugles, ou malvoyants et malentendants, les signes se multiplient qui montrent la possibilité pressante de facteurs de blocage très graves et de circonstances pouvant conduire à une impasse constitutionnelle et à une situation hors de contrôle se rapprochant dangereusement d’affrontements assimilable aux prémisses et prémices d’une guerre civile. Les commentateurs qui s’intéressent à la vérité-de-situation ne s’y trompent plus désormais.
Cette action de la CIA qui alimente et renforce un mouvement inspiré par les globalistes et les progressistes-sociétaux du parti démocrate est sans précédent par son impudence, sa puissance à ciel ouvert son ambition affichée de faire tomber ce président-élu. Mike Whitney, sur le texte duquel nous allons nous appuyer pour ce F&C, écrit justement en introduction que « [j]amais dans son histoire la Central Intelligence Agency et ses satellites divers n’a aussi puissamment et rapidement interféré dans une élection US... »
Dans Strategic-Culuture.org, le 13 décembre, Whitney introduit ainsi son propos : « Never in the history of the Central Intelligence Agency has it and its surrogates so blatantly and boldly interfered in a U.S. election. The U.S. media, in a matter of hours, altered course from concentrating on “fake news” about innocent pizzerias being linked to child sexual exploitation to spotlighting “fake intelligence” about Russia’s alleged cyber-espionage operation designed to elect Donald Trump president. The CIA leaked to The Washington Post, the owner of which has a $600 million contract with the CIA to provide cloud computing, findings of a secret report on Russia’s alleged “fixing” of the 2016 U.S. presidential election to favor Trump over Democrat Hillary Clinton. »
En fait, la CIA agit comme une puissance de pouvoir quasiment autonome, suivant sa politique hors de tout contrôle du pouvoir politique, d’autant que ce pouvoir (ce qu’il reste des débris d’Obama) ne fait surtout rien pour la freiner. Cette intervention dans la politique intérieure US à un moment absolument crucial de l’histoire des USA, – dont l’action de la CIA est justement une des causes, – est dans la logique du développement de la CIA ces dernières années, d’une façon générale depuis 9/11, et sans doute beaucoup plus précisément et à plus grande vitesse durant les deux mandats d’Obama. Les grands événements déstabilisateurs de ce mandat, – la Syrie et l’Ukraine, – sont quasiment l’œuvre de la seule CIA parmi toutes les forces de pouvoir aux USA, dans les phases les plus agressives et les plus offensives.
Whitney rappelle que c’est la CIA, qui a été le principale architecte de la création et de l’extension de Daesh, et il précise que le rôle de son directeur, Brennan, a été orienté dans ce sens par son long séjour comme chef de station à Ryad, en Arabie. (L’on sait que l’Arabie est la principale force financière et matérielle derrière la poussée du terrorisme islamiste dont le rôle en Syrie est absolument central, avec le but sempiternel comme une sorte de quête du Graal, de la chute d’Assad sans cesse remis au mois prochain sinon à l’an prochain à la fortune des erreurs et des revers de cette puissante coalition Arabie-CIA.) De même a-t-on vu Brennan en personne, débarquer à l’aéroport de Kiev sans sa fausse barbe, en avril 2014, pour superviser à partir de la capitale ukrainienne la mise en place du nouveau régime et le lancement de l’offensive contre les séparatistes, – un piteux échec, comme l’on sait, – aussitôt après “le coup de Kiev” du 21 février 2014 où l’Agence tint évidemment le premier rôle. Là aussi, déjà du visible, du sans gêne et de l’extraordinairement impudent, comme le confirmait George Friedman, lorsqu’il était encore à Strator, selon des propos rapportés dans un texte du 21 janvier 2015 notamment, où l'on pourrait aussi bien mettre CIA à la place de USA : « La Russie définit l’événement qui a eu lieu au début de [l’année dernière, en février 2014] comme un coup d’Etat organisé par les USA. Et en vérité, ce fut le coup [d’État] le plus flagrant dans l’histoire. »
La CIA est donc partout, et alors pourquoi pas aux USA pour s’assurer que la bonne candidate soit élue et que le monstre-Trump ne puisse pas parvenir au pouvoir ? C’est donc présentement l’occupation de la CIA, sans aucun frein ni contrôle du président encore-en-exercice, Obama, qui termine son mandat dans une atmosphère de couardise et d’irresponsabilité si piteuses et de diffamation honteuse qu’on peut être assuré qu’il n’en restera dans l’histoire, pour marquer son passage, que quelques poussières sans intérêt quoique venues d’un green de golf, – ah non, ne l’oublions pas certes, également cette vertu inégalable d’avoir été le premier président Africain-Américain des USA, signe de grande et haute politique.
Whitney rapporte donc les divers épisodes de la campagne USA-2016, avec l’apparition du phénomène déjà bien rôdé “c’est-la-faute-à-Poutine”, les péripéties des dernières semaines et jusqu’aux plus récents épisodes, tout en rappelant pour notre bonne mémoire quelques épisodes passées des exploits de l’Agence, notamment aux USA. Depuis vendredi dernier et la publication par le “journal officiel” de l’Agence, le WaPo, d’un “rapport” accablant (pour Poutine, who else ?) sur les coulisses de l’élection, la CIA est donc directement en action sur le territoire des USA, et même de Washington D.C., pour une classique opération de regime change. La révolution (dans le sens réel du terme, retour à son point de départ après la course d’un cercle ou d’une ellipse) est donc accomplie : la patrie de la stratégie du regime change chez les autres s’applique à elle-même cette médecine radicale, comme l’on se tire dans les pieds, comme l’on s’autodétruit à cause des excès inarrêtables de sa surpuissance...
« During the election campaign, it was not Russia, but the CIA that was trying to influence the American people. In August, after Trump’s nomination for president, former acting CIA director Michael Morrel said, «Donald J. Trump is not only unqualified for the job, but he may well pose a threat to our national security». Morrel then began the CIA’s campaign to link Trump to Russia by telling CBS News that, «we would say that Mr. Putin had recruited Mr. Trump as an unwitting agent of the Russian Federation». By «we», Morrel was saying the CIA. Those comments, alone, showed a CIA that was not hesitant to play favorites in the U.S. election. The entire meme that Russia interfered with the presidential election is a false one. The real headlines should read: «CIA interfered in presidential election by supporting Clinton over Trump».
» Former CIA and National Security Agency director Michael Hayden, the architect of NSA’s unconstitutional warrantless wiretapping program, said that Trump was «factually incorrect" in dismissing the CIA’s report about Russia’s alleged hacking of the Democratic National Committee’s emails prior to the election. Five days before the election, Hayden penned an op-ed column for the CIA-linked Washington Post, in which he claimed that Trump was a «polezni durak», or «useful fool», for President Vladimir Putin. Such political commentary by intelligence chiefs, active or retired, is unprecedented in modern times.
» Former CIA clandestine operative Robert Baer told CNN that he favors an election re-vote, even though there is no constitutional provision for one. Baer said, “It looks like to me, the Russians did interfere in our elections... Having worked in the CIA, if we had been caught interfering in European elections, or Asian elections or anywhere in the world, those countries would call for new elections, and any democracy would”. This is where Baer is altering history to suit himself and his Democratic friends. The CIA repeatedly has interfered in elections in Europe and Asia, as well as Latin America, Africa, and Oceania and there were no “do-overs” but plenty of coups engineered by the boys from Langley. Baer continued, “I don't know how it would work constitutionally, I'm not a lawyer, but I’m deeply disturbed by the fact that the Russians interfered, and I would like to see the evidence... If the evidence is there, I don’t see any other way than to vote again as an American citizen”.
» It is doubtful that Baer would have made his comments had he not been given some sort of green light from the CIA director, the Saudi-loving John Brennan. Brennan spent so much time as the CIA station chief in Riyadh kissing the robes of the Saudi royals that he lost any conception of what a constitutional federal republic is all about. It was Brennan who prevailed on Obama to fire Trump’s national security adviser-designate, Lt. Gen. Michael Flynn, as chief of the Defense Intelligence Agency. Flynn concluded that it was Brennan and Obama who authorized the creation of the Islamic State to help topple the Syrian government.
» The CIA has learned nothing from its blatant involvement in the 1963 assassination of President John F. Kennedy, the 1972 set-up of President Richard Nixon in the Watergate break-in and cover-up, the 1980 “October Surprise” that resulted in President Jimmy Carter’s re-election loss, and the 1980s “Iran-contra” scandal that almost forced President Ronald Reagan from office through impeachment and his replacement by the former CIA director, Vice President George H. W. Bush.
» The CIA is the actual villain in the 2016 presidential election, just as it has been the villain in every major domestic and foreign scandal involving the United States since 1947. The problem with the CIA is that for the past 70 years it has held sway over almost every facet of America’s political, social, religious, entertainment, and educational life. As described in this author’s newly-released book, “The Almost Classified Guide to CIA Proprietaries, Front Companies & Contractors”, the CIA has stamped its insidious imprimatur on every sector of American society, including the media. It is the CIA’s remote-controlled media, with its “fake news” and its pushing of the CIA’s “fake intelligence”, that is victimizing the American people. President Trump’s first action as commander-in-chief should be a complete shake-up of the CIA with the goal of doing what President Kennedy vowed to do with the “bastards” who ran the agency: splinter it in a thousand pieces and scatter it to the winds. The CIA were bastards in the early 1960s and they continue to be bastards today. Trump should fire every one of the bastards on January 20, 2017. »
L’impudence cynique de la CIA est ici bien mise en valeur, notamment par les déclarations de Robert Baer, déjà rencontré, affirmant notamment : « Ayant travaillé à la CIA, [je peux dire] que si nous avions été pris en train d’interférer dans des élections en Europe, en Asie ou où que ce soit dans le monde, ces pays auraient décidé de nouvelles élections, comme n’importe quelle démocratie devrait faire », et là-dessus enchaînant qu’on devrait donc recommencer l’élection USA-2016, – probablement, ce n’est pas dit mais puisque “ayant travaillé, etc., ”, cela devant se faire sous la supervision de la CIA, “jamais-prise” dans sa spécialité de l’intervention dans les élections d’un pays étranger. De telles déclarations, devant la masse de documentations sur la myriade d’interventions de la CIA, des élections italiennes de 1949 jusqu’au “coup de Kiev” de février 2014, témoignent de cette impudence cynique marquant combien la CIA opère à visage découvert dans la séquence actuelle. (*) Manifestement, la CIA tient pour acquis qu’elle peut dire et faire dire n’importe quoi, qu’elle sera de toutes les façons suivie par la presse-Système et les élites-Système, et par conséquent, selon son habituel sens de la tactique à la fois délicate et décisive, qu’elle sortira victorieuse de l’affrontement...
Or, ce n’est pas tout à fait acquis... Le même Baer, comme on l’a également rapporté dans le même texte référencé, témoignait dans un documentaire récemment visionné (*) de la façon dont le FBI avait en 1994-1995 “purgé” la CIA à la suite de l’affaire Aldrich Ames. C’est un rappel de l’antagonisme entre la CIA et la FBI, et le FBI étant une organisation non moins puissante que la CIA. L’on sait que, dans cette élection USA-2016, le FBI est dans le camp opposé à celui de la CIA, d’ailleurs semble-t-il avec la NSA, qui semble n’avoir donné à la CIA aucun matériel probant ou dans tous les cas une approbation tacite, classée “top secret”, concernant les agissements suposés des Russes. Cette situation mérite évidemment des développements, car c’est bien là que se trouve le nœud de l’intrigue et de l’énigme...
La présence massive de la CIA et des globalistes US dans le chef des démocrates/progressistes-sociétaux, du groupe Clinton, d’une partie importante des parlementaires, de la presse-Système, dans l’affrontement contre Trump tend souvent à faire écrire, comme le fait “Virgil” de Breitbart.News, qu’il s’agit de « The Deep State versus Trump » ; c’est-à-dire qu’il est question du fameux “État profond” dans son ensemble, selon cette expression qui est devenue une arme privilégiée dans l’arsenal de la confrontation Système-antiSystème. La connotation de l’expression est aussitôt négative, sinon maléfique et diabolique, représentation des forces obscures acquises au Système, bien organisées, bien coordonnées et bien disciplinées, et présentant un front uni... Mais ce n’est en rien le cas...
Nous avons déjà exposé notre appréciation de l’expression “État profond”, qui a une connotation négative le plus souvent, sinon exclusivement dans la perception actuelle, en montrant que cette expression a également une connotation positive lorsqu’elle représente l’ensemble des personnes, des institutions, des influences, etc., qui assurent la stabilité et la sécurité nationale d’un État soumis à un régime politique, notamment démocratique, parfois très instable et sans grande fermeté ni continuité par lui-même. Cette nuance essentielle et l’ambiguïté qui en résulte pour définir le phénomène doivent être clairement comprises pour mieux éclairer la situation actuelle aux USA. Nous décrivions de cette façon cette ambiguïté de l’“État profond”, le 10 août 2015 :
« A partir de ce constat, il nous apparaît évident qu’un effort de définition doit être fait, pour permettre l’utilisation de l’expression, sinon apparaît un risque grave de faux sens, sinon de contresens qui peut subvertir non seulement le raisonnement mais le jugement lui-même. Le côté éminemment attirant de l’expression, – on dirait son côté dialectiquement ‘sexy’, – impose d’autant plus cette mise au point. L’“État profond” (les “Organes”) est bien ce qui a sauvé la Russie entre les années-Eltsine et les années-Poutine, comme Bhadrakumar le fait remarquer. C’est ce qui a fait fonctionner la IVème République, malgré un appareil politique d’une faiblesse inimaginable, et qui a permis à de Gaulle de disposer, dès 1958, des outils nécessaires pour le lancement immédiat de sa grande politique.
» Dans ce cas, l’“État profond” n’est pas mauvais en soi ; il est le complément nécessaire du régime démocratique qui a absolument montré au bout de deux siècles d’usage et d’usure ses limites catastrophiques. Selon les situations respectives qu’on a identifiées, l’“État profond” redresse à l’avantage du bien public la faiblesse fondamentale de la démocratie ou bien utilise au profit d’intérêts particuliers la faiblesse fondamentale de la démocratie, qui est l’impuissance totale de ce régime politique à assurer une continuité historique et principielle à cause de sa soumission à une ou à des puissances extérieures à lui, à leurs intérêts changeants, à leurs opinions fluctuantes. Dans le premier cas, il supplée à cette faiblesse en assurant une continuité officieuse sinon cachée des positions et des intérêts principiels de l’État représentant la nation historique, dans le second il structure l’imposture d’une fausse nation historique en assurant la continuité de la défense et de la coordination des intérêts sectoriels et privés qui la composent.
» Il est par ailleurs évident que, dans la situation absolument unique et paradoxale de paroxysme permanent (quel oxymore !) que nous impose la Grande Crise d’effondrement du Système jusqu’à son terme, l’aspect négatif de l’“État profond” l’emporte largement (aux USA, en France, etc., dans les pays du bloc BAO, dans ceux qui n’eurent jamais de principes ni de véritable État, dans ceux qui travaillent depuis 2 ou 3 décennies à déstructurer et à dissoudre principes et États, comme c’est effectivement le cas français). Il n’empêche qu’il ne peut être réduit à cette négativité, dès lors qu’existe l’exemple russe tel que le décrit Bhadrakumar, sans compter d’autres possibilités. C’est bien l’“État profond” qui a sauvé la Russie, qui lui a permis de survivre et de s’affirmer comme elle le fait. Même si cela est temporaire, même si cela ne résout rien de la Grande Crise, cela existe avec une force considérable et s’impose à mesure à notre jugement ; par conséquent, cela doit intervenir d’une façon décisive dans l’exercice de définition que nous proposons. »
Il se trouve que, dans l’affrontement aux USA décrit ci-dessus, une situation également ambiguë s’est créée. D’une certaine façon, le Deep State US s’est fracturé, ce que constatent d’ailleurs certains commentateurs. On pourrait mettre en doute la “franchise”, par exemple, de ceux des acteurs du Deep State qui soutiennent Trump ; d’une part, la même remarque peut être faite pour les acteurs du côté inverse (certes, avec le domaine supplémentaire qui est la faiblesse psychologique de ces acteurs qui les tient sous l’empire du Système) ; d’autre part, il est moins question ici de “franchise” que d’“intérêts” et d’identification de ce que sont les intérêts qu’on sert, y compris l’intérêt national tout court considéré d’une façon objective.
Si l’on fait le compte du “parti-Trump”, l’on s’apercevra que le président-élu est loin d’être isolé par rapport au Deep State, sans qu’il soit nécessaire de faire partie d’une entreprise complètement dissimulée et installée ontologiquement dans le camp antiSystème puisqu’on a vu que le Deep State peut aussi, doit aussi être perçu avec une connotation positive fondamentale, - et, dans ce cas, adoptant une posture antiSystème pour une séquence donnée. On a vu que, parmi les organes de sécurité et de renseignement, le FBI est clairement contre la CIA, donc objectivement du côté de Trump autant qu’il est hostile à Clinton pour des raisons clairement affichées ; on peut dire la même chose de la DIA militaire, d’où est issu le général Flynn qui est le directeur-nommé du NSC et le principal conseiller de sécurité nationale de Trump, et peut-être même de la NSA, qui n’a guère apporté d’aide à la CIA dans sa campagne de regime change à Washington D.C.
D’autre part, il y a les militaires, sinon le Pentagone. Il semble qu’à cet égard le général Flynn joue un rôle majeur et il y a des rumeurs selon lesquelles il existe un rassemblement de généraux grâce aux réseaux de Flynn qui sont favorables à Trump. D’autre part, la présence dans le gouvernement Trump de Mattis (au Pentagone) et de Kelley (à la sécurité intérieure), deux anciens chefs du Corps des Marines, est un signe de la position des militaires qui peut acquérir une importance considérable. D’une façon générale, on perçoit que les forces armées,— au contraire sans doute et pour l’instant de l’industrie militaire, pourtant partie du même complexe militaro-industriel [CMI] qui semble ainsi se fracturer lui aussi, – tendent à pencher instinctivement vers Trump ; le président-élu a un modèle de gestion et de politique qui plaît beaucou plus aux militaires que l’extrémisme et l’affectivisme de Clinton, déjà expérimentées durant ses années au département d’État, voire ses étranges penchants quasi-sataniques. On sait bien, ou on devrait le savoir, que les militaires n’aiment guère les aventures guerrières et subversives échevelées type-CIA et type-neocons. C’est l’US Navy qui, pratiquement en état d’insubordination larvée, a empêché, notamment par ses astuces opérationnelles diverses, la possibilité d’un affrontement avec l’Iran en 2006-2008.
Enfin, à partir de ces quelques positions avantageuses, Trump est soutenu par certains milieux politiques “réalistes” qui ne veulent plus des aventures CIA-neocons et qui voient dans cette élection une occasion unique et la seule occasion possible de se débarrasser du carcan de cette politique-Système. L’ensemble de ces soutiens facilite considérablement la transition en cours de Trump et la rend exceptionnelle à tous égards ; cela à permis d’ores et déjà de mettre en place des structures de pouvoir, sinon d’investir certains pouvoirs. On ne se trouve pas loin de l’existence d’une sorte de gouvernement-fantôme avant l’investiture officielle, qui deviendrait aussitôt après le gouvernement officiel ; et ce “gouvernement-fantôme” pouvant devenir, en cas de blocage et de troubles mettant en cause l’élection, un contre-gouvernement, un “contre-pouvoir” agissant comme tel, contre une administration Obama actuellement en cours de dissolution accélérée. (Certains, parmi les plus excités des conseillers de Clinton, avancent l’hypothèse, selon le comportement du Collège Électoral, d’une suspension de l’élection, d’une nouvelle élection avec instauration de l’état de siège dans l’intervalle, etc. ; mais il y a l’hypothèque, dans l’atmosphère de trouble extraordinaire qui résulterait de telles décisions, des capacités de l’administration Obama, dans son état de dissolution, de conduire une telle tâche, avec des possibilités considérables de voir des pouvoirs et des commandements lui échappera au profit de Trump.)
Il est vrai, comme le suggère implicitement Whitney, que Trump se trouve un peu dans la position de JFK en 1961, dans tous les cas d’un point de vue symbolique, du fait de l’opposition de la CIA que rencontrent les deux présidents. Ainsi, l’hypothèse venue aussitôt à l’esprit, qui est celle de l’assassinat (celui de Trump après celui de Kennedy), se présente comme une possibilité bien entendu, mais dans des conditions si extraordinairement différentes de celles que connut Kennedy que toute la référence du point de vue opérationnel doit être revue. Les conditions générales actuelles sont effectivement propices à un affrontement (ce qui fut le cas avec JFK-CIA), mais dans des conditions qui n’ont jamais été vues auparavant, des circonstances de troubles ouvertes, visibles, assourdissantes, des menaces d’affrontement qu’on ne peut qualifier désormais que par leur proximité avec ce qui serait une guerre civile. C’est dire si l’on est loin, très loin, des circonstances ayant mené à l’assassinat de Kennedy... Dans tous les cas, un assassinat de Trump aujourd’hui, s’il pouvait avoir lieu, conduirait instantanément à l’éclatement de troubles catastrophiques, conduisant directement à l’effondrement des USA par éclatement du pays... C’est toujours la même issue qui se profile.
Le facteur essentiel de cette situation, justement, c’est la division du Deep State, et c’est pour cette raison qu’il faut avoir à l’esprit la véritable définition de ce concept, avec cette idée qu’il existe des acteurs de ce Deep State qui ont à l’esprit la volonté de préserver la sécurité nationale du pays, désormais contre les entreprises des globalistes, avec la CIA en tête, la clique-Clinton et le reste. Cela ne modifie nullement et en rien, bien au contraire, notre sentiment que la voie ainsi ouverte avec une dynamique en pleine accélération conduira de toutes les façons, et quelle que soit la fortune des uns ou des autres, dans la logique implacable de cette crise qui est celle de l’effondrement du Système, à la crise ontologique finale des USA, c’est-à-dire une formule apparentée à l’éclatement (sécession, etc.), et dans un cadre de bouleversement complet puisque cette crise des USA est aussi celle du Système. Il n’empêche que, dans l’épisode courant, il faut envisager qu’il y a effectivement deux partis qui s’affrontent, qui représentent une fracture dans le Deep State, et donc certains des acteurs avec à l’esprit une volonté de sauvegarde des USA contre ce qui est désormais devenu la subversion globaliste, l’attaque type-regime change de la CIA, et par conséquent le paradoxe final du Système alimentant une attaque qui ne se fait contre rien d’autre que lui-même... L’équation fameuse surpuissance-autodestruction est au terme de sa révolution, c’est-à-dire le retour en cercle ou en ellipse à son point de départ, c’est-à-dire la source même de la surpuissance déstructurante du Système conduisant à son autodestruction par une attaque qui est de toutes les façons, de quelque façon que tournent les événements, une attaque contre le moteur même du Système qu’est la structure du pouvoir central aux USA.
(*) Baer est un personnage singulier. Il figure dans une série documentaire de trois films sur Les guerres secrètes de la CIA récemment diffusé sur la chaîne Histoire. On y trouve, à côté de ses interventions, celles d’un certain nombre de ses collègues, celle du témoignage du directeur Colby au Sénat en 1975, etc., les uns et les autres détaillant les innombrables dirty tricks de la CIA. Baer lui-même, qui démissionna officiellement en 1997-1998, ne mâche pas ses mots quant à la situation de l’Agence... La série ayant été réalisée il y a une quinzaine d’années (et rediffusée pour ce cas), on suppose que Baer réalisait une opération de “blanchiment”, pour paraître un vrai dissident de l’Agence, ou bien a-t-il été entretemps récupéré par l’Agence pour en faire un porte-voix crédible en s’appuyant sur sa réputation d’indépendance acquise par ce genre d’intervention. Ses déclarations doivent être entendues avec ces constts à l'esprit.
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