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5271On a déjà lu récemment, sous la plume de PhG, le sentiment d’estime que l’on peut avoir pour Max Keiser, qui fait partie d’une catégorie d’individus pour laquelle nous avons fort peu d’estime. Max détonne heureusement par rapport à son milieu originel :
» J’aime bien Keiser parce que c’est un drôle de loustic qui déteste mâcher ses mots. Ancien trader, investisseur, conseiller, etc., tout ça à Wall Street, donc grand connaisseur de Wall Street avec toutes ses arnaques et ses sales coups fourrés, il ne cesse de cracher avec délice et ardeur sur Wall Street. [...]
» Keiser a le verbe imagé, comme tous les commentateurs un peu machos de Wall Street, mais on sent chez lui une véritable rage et une ironie grinçante. En plus, il ne se perd pas trop dans ses explications... »
Dans le texte cité, Keiser expliquait, à partir d’extraits de sa dernière émission pour RT.com, dans quel contexte, causes, responsabilités, etc., il importait de placer la chute incroyable du prix du pétrole. Cette fois, c’est un texte qu’il écrit lui-même, pour RT.com toujours. C’est une circonstance exceptionnelle : Keiser a l’habitude de parler plus que d’écrire, essentiellement dans son émission sur RT.com (Keiser Report). S’il prend la plume, c’est qu’il s’agit effectivement d’une occasion exceptionnelle. En quelques paragraphes, Keiser donne son avis circonstancié comme il sait faire, sur l’avenir du capitalisme, c’est-à-dire sur le complet effondrement de l’hypercapitalisme hyperfinanciarisé. On comprend ainsi qu’il s’agit bien, selon lui, d’un Moment historique, peut-être “le plus historique” depuis le “déchaînement de la Matière” (auquel il est lié, pour détruire sa dynamique), et certainement selon nous il s’agit d’un événement directement métahistorique.
(Il s’agit certainement d’une “étrange” situation, de même que nous parlons souvent d’une “étrange” époque. Il existe en effet un fantastique décalage entre ce que nous-mêmes estimons et disons être une situation et un événement extra-humains de type métahistorique, et encore directement métaphysiques, déroulant sous nos yeux une inflexion décisive du destin du monde ; et, d’autre part, les comportement et sentiment généraux, entretenus par la communication-Système, présentant un événement certes extraordinaire mais considéré complètement d’un point de vue matérialiste et scientifique essentiellement pour le domaine sanitaire, donc infiniment réducteur, et aboutissant à des aveux fugitifs du type “nous n’y comprenons rien”, “cela ne s’est jamais produit”, et à des bouées de sauvetage estampillés-Titanic et d’ailleurs fort utiles, du type “il ne faut pas oublier les gestes-barrière”, “garder une distanciation sociale”, “porter un masque”, etc.)
Selon lui, Keiser, nous entrons dans « une ère capitaliste hyper-localiste, où les autosuffisances régionales remplaceront le système de globalisation à flux tendus qui avait été construit sur un crédit artificiellement bon marché aux ordres des bureaucraties supranationales et des ploutocrates corrompus.
» ... [...N]ous passerons du modèle insoutenable d’un globalisme alimenté par le crédit bon marché à un nouveau localisme basé sur l'argent sûr à l’image de l’or et du bitcoin. Cela changera profondément nos vies, nos valeurs, nos institutions et notre identité. »
On comprend que Keiser a tout pour nous conforter et nous armer intellectuellement pour affronter les remous terribles qui nous attendent dans cette période de transition, d’un monde à l’autre. A-t-il raison ? A-t-il tort ? Nous ne saurions le juger en tant qu’économiste et spécialiste de la finance, en raison de notre inconnaissance dans ces domaines, et de ses compétences à lui.
Par contre, nous nous permettons d’apprécier qu’un spécialiste de ces matières, dans un texte aussi court et aussi synthétique, choisisse de terminer son propos par une affirmation qui dépasse complètement et transcende profondément le discours économiste (« Cela changera profondément nos vies, nos valeurs, nos institutions et notre identité »). C’est bien entendu à ce niveau culturel, psychologique et spirituel qu’il faut envisager l’événement que nous vivons, cette profonde rupture civilisationnelle comme aucune autre civilisation avant la nôtre n’a connu ; de même qu’aucune autre civilisation avant la nôtre n’a connu une telle puissance engendrant une telle vulnérabilité, et une telle absence de spiritualité dissimulant un destin complètement et directement métahistorique, donc complètement et directement déterminé par la spiritualité.
Le titre original du texte du 23 avril 2020 de Max Keiser est « This crisis won’t end, and the oil market as we know it is never coming back ». (Keiser, hôte de Keiser Report, est présenté comme « ancien agent de change, inventeur de la technologie spécialisée virtuelle et co-fondateur de la Bourse de Hollywood ».)
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Avec le pétrole dont personne n’a besoin qui est déversé partout, le colosse du capitalisme corrompu des copains et des coquins a vacillé sur ses pieds d’argile et s’est effondré. Il ne se relèvera jamais. Pour prospérer dans ce nouveau monde, il faudra abandonner la mentalité du type “le vainqueur prend tout”.
L’épouvantable gâchis actuel a encore révélé que tout l'artifice structurel du marché mondial du pétrole est irrémédiablement perverti et brisé, – et donc sans aucune valeur comme indicateur pour des prévisions utiles.
La mobilité significative des prix sur le marché du pétrole ne reviendra jamais parce que toute l'industrie de cette marchandise physique a été remplacée par des ersatz de dérivés et des simulacres financiers qui n'existent que pour enrichir les banquiers. Aucun régulateur au monde n’a le pouvoir de mettre fin à la folie de l’hyper-financiarisation.
Les prix négatifs actuels du pétrole sont le résultat direct d’une impression de papier-monnaie incontrôlée qui a créé un ‘trou noir’ de dette, qui engloutit désormais d’énormes pans du PIB mondial.
Ainsi sommes-nous entrés dans une nouvelle ère post-globalisation, post-copinage, une ère capitaliste hyper-localiste, où les autosuffisances régionales remplaceront le système de globalisation à flux tendus qui avait été construit sur un crédit artificiellement bon marché aux ordres des bureaucraties supranationales et des ploutocrates corrompus.
En fin de compte, les gagnants dans ce nouveau monde seront les groupes ayant les attentes les plus faibles quant à la quantité de richesse qu'ils peuvent illégitimement extraire de leur communauté. Les perdants seront ceux qui s'accrocheront à l'orthodoxie héritée des gagnants - tout cela à n'importe quel prix.
Le prix du Brent est passé sous la barre des 16 dollars le baril cette semaine pour la première fois depuis 1999. Mais avant même que la pandémie de Covid-19 ne frappe, le monde était déjà pris dans une guerre des prix menée par les Saoudiens, dont le but était de détruire l’industrie américaine du schiste en inondant le globe de pétrole à 5 dollars le baril.
Jusqu'à présent, leur plan fonctionne. Le PIB mondial est en chute libre et le surendettement américain est exposé comme un horrible passif existentiel. Certains pourraient dire qu'il s'agit de la phase 2 du plan d’assaut saoudien.
La crise ne s’arrêtera pas. Au contraire, elle se transformera alors que nous passerons du modèle insoutenable d’un globalisme alimenté par le crédit bon marché à un nouveau localisme basé sur l’argent sûr à l’image de l’or et du bitcoin. Cela changera profondément nos vies, nos valeurs, nos institutions et notre identité.
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