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1066L’affaire de la crise iranienne est très surréaliste. Elle est compréhensible seulement par l’acceptation d’hypothèses inhabituelles comme celle d’un système avançant par sa propre dynamique d’une part ; celle de l’existence d’un virtualisme alimenté par une machinerie massive de désinformation consentie déformant totalement la perception des milieux dirigeants d’autre part. Ainsi voit-on la dynamique de la guerre continuer à avancer tandis que les manifestations évidentes de l’absurdité de ce projet, directement liées à la réalité, s’accumulent sans qu’il semble y avoir la moindre connexion possible entre les deux situations. Il y a notamment, pour la manifestation de la réalité, sinon de la vérité, le domaine de plus en plus fourni des affirmations de la possibilité de “vivre” avec un Iran nucléaire.
C’est ce que Defense News appelle, le 12 février, «Thinking the Unthinkable», — et qui semble l’être de moins en moins, puisque tout le monde y pense. Le texte donne en tous points le crédit qu’elle mérite à l’intervention plus ou moins délibérée de Chirac, confirmant que celle-ci a brisé un tabou :
«In a January 31 interview in Paris, French President Jacques Chirac appeared to endorse this view when he speculated that Iran would be unlikely to commit suicide by actually using the limited nuclear arsenal it could acquire in future. In highly controversial remarks, Chirac said Iranian possession of one or two nuclear bombs was unlikely to pose a grave danger, due to Israel’s so-called second-strike capabilities.
»“Where will it drop it, this bomb? On Israel?” Chirac was quoted as telling The New York Times and other publications. “It would not have gone 200 meters into the atmosphere before Tehran would be razed.”
«Although the Elysée Palace was quick to reiterate official French opposition to a nuclear-capable Iran, Chirac’s comments reflected a growing tendency to contemplate the so-called “day after.”»
L’article énonce également plusieurs cas en cours de réflexion dans les milieux stratégiques israéliens sur la possibilité de rapports stratégiques avec l’Iran en cas de possession de l’arme nucléaire par ce pays. Cette situation marque plus que dans n’importe quel autre pays le fossé séparant la position ultra-radicale du gouvernement (refus absolu de la possibilité que l’Iran ait la bombe) et celle des experts : «While the Israeli government remains adamantly opposed to the prospect of a nuclear-armed Iran, experts here are beginning to consider strategies for coping with the day after Tehran attains nuclear power status.»
Defense News mentionne une intervention du directeur de l’INSS (Institute for National Security Studies) israélien, qui prend en compte la possibilité d’un Iran devenant nucléaire à cause des capacités militaires trop réduites des USA et d’Israël pour l’en empêcher. Le raisonnement est assez paradoxal par rapport à ce qu’on sait de la réputation de ces deux puissances puisqu’il revient à plaider d’une façon défensive la capacité d’Israël et des USA de dissuader l’Iran devenu nucléaire, et ainsi d’établir une situation de dissuasion nucléaire réciproque.
»In a mid-January briefing with reporters here, INSS Director Zvi Shtauber cited an erosion of Israeli and U.S. conventional deterrence in the region following their respective wars in Lebanon and Iraq that could limit allied efforts to dissuade Iran from its nuclear weapon goals. However, if and when Iran attains such a capability, “deterrence then assumes a whole new meaning” in terms of the ability to defend and possibly retaliate against strategic attack, he said.
»“Israeli and American deterrence will prove enormously valuable in the context of a nuclear-capable Iran,” Kam said. “Firstly, Iran assumes Israel has a second-strike capability and will have to take into account that Israel will respond immediately. And secondly, Iran will have to consider America’s commitment to Israel’s security, especially if subsequent American administrations are as clear as President [George W.] Bush has been about defending Israel against an Iranian nuclear attack. I don’t think even [Iranian President Mahmoud] Ahmadinejad would want to sacrifice millions of his own people by actually using this capability.”»
Mis en ligne le 13 février 2007 à 17H26