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292De temps en temps, Thomas L. Friedman, artiste bien connu de l'enchantement américaniste et commentateur d’opinion tout à fait conforme du New York Times, sort de sa ligne directrice et ronronnante pour s’exclamer à propos de l’Amérique qui ne va pas bien. Aujourd’hui, c’est-à-dire ce 26 décembre 2008, le thème est tentant. Ainsi, Thomas L. Friedman exhale-t-il sa fureur contre America the beautiful transformée en America the decrepit.
Il nous raconte, Friedman, un très récent déplacement en Asie, avec retour à la maison, d'un monde l'autre, du Moyen Âge à la modernité et retour… «It actually started well, on Kau Sai Chau, an island off Hong Kong, where I stood on a rocky hilltop overlooking the South China Sea and talked to my wife back in Maryland, static-free, using a friend's Chinese cellphone. A few hours later, I took off from Hong Kong's ultramodern airport after riding out there from downtown on a sleek high-speed train – with wireless connectivity that was so good I was able to surf the Web the whole way on my laptop.
»Landing at Kennedy Airport from Hong Kong was, as I've argued before, like going from the Jetsons to the Flintstones. The ugly, low-ceilinged arrival hall was cramped, and using a luggage cart cost $3. (Couldn't we Americans at least supply foreign visitors with a free luggage cart, like other major airports in the world?) As I looked around at this dingy room, it reminded of somewhere I had been before. Then I remembered: It was the luggage hall in the old Hong Kong Kai Tak Airport. It closed in 1998.
»The next day I went to Penn Station, where the escalators down to the tracks are so narrow that they seem to have been designed before suitcases were invented. The disgusting track-side platforms apparently have not been cleaned since World War II. I took the Acela, America's sorry excuse for a bullet train, from New York to Washington. Along the way, I tried to use my cellphone to conduct an interview and my conversation was interrupted by three dropped calls within one 15-minute span.
»All I could think to myself was: If we're so smart, why are other people living so much better than us? What has become of our infrastructure, which is so crucial to productivity?...»
Bref, l’horreur dans America the decrepit… Le gros Thomas va si loin qu’il en arrive à se regarder dans un miroir et à y voir… GM en personne, avec ses pertes mirifiques et sa main tendue pour obtenir ses $15 milliards ou à peu près pour pouvoir se payer la soupe popu’. Look, look à ce que nous confie Friedma, plein de verve et de fureur: «For all these reasons, the present crisis is not just a financial meltdown crying out for a cash injection. We are in much deeper trouble. In fact, we as a country have become General Motors – as a result of our national drift. Look in the mirror: GM is us.»
Fort bien dit, et qu'y pourrait-on trouver à redire? Mais, avec Friedman, c'est quand même toujours la même chose; lorsqu’il se lance avec ivresse dans un article un peu moins apologétique de l’Amérique pour entretenir sa liberté de jugement qu’il porte en sautoir, la chute est courue d'avance. L’Amérique, chute, chute, chute, et, au dernier moment, ouf !, sauvée par sa vertu foncière, retenue par une bretelle ou l’autre, liberté d'expression ou démocratie exemplaire, au bord du précipice. Avec Friedman, la vertu foncière de l’Amérique arrive toujours à temps, comme le 7ème de cavalerie pour sauver les braves émigrants encerclés par les féroces Apaches qui prétendaient les empêcher de faire fructifier leurs terres (dito, celle des Apaches).
Ainsi en est-il, cette fois encore, dans la dialectique du bon Thomas L. Friedman. «America still has the right stuff to thrive. We still have the most creative, diverse, innovative culture and open society - in a world where the ability to imagine and generate new ideas with speed and to implement them through global collaboration is the most important competitive advantage. China may have great airports, but last week it went back to censoring The New York Times and other Western news sites. Censorship restricts your people's imaginations. That's really, really dumb. And that's why for all our missteps, the 21st century is still up for grabs.»
Effectivement, il reste la liberté, mère de toutes choses dans America the decrepit, qui nous sauvera finalement, en nous donnant ce que la Chine censurée et archi-censurée ne peut nous donner: la lecture en toute liberté du New York Times, y compris les articles du gros Friedman. «Censorship restricts your people's imaginations», chers lecteurs.
Effectivement, – suite, – avec nos gros sabots c’est bien là où nous voulions en venir. Au moment où voici l’apologie de la liberté de paroles et d’information qui survient au bord du précipice, selon la narrative de Thomas L. Friedman, pour sauver America the decrepit d’un sort affreux et la relancer dans le paradis des lendemains qui chantent, William S. Lind nous confie que le Pentagone, pour assurer ses lendemains qui chantent à lui, et ses fins de mois par la même occasion, n’a trouvé de meilleur moyen que de censurer pour ses centaines de milliers d’employés l’accès au site du Center of Defense Information, qui a l’impudence de diffuser des informations suggérant que le Pentagone pourrait et devrait être réformé. («Interestingly, the site is blocked on U.S. Department of Defense computers.») Les fonctionnaires du Pentagone intéressés pourront toujours demander à tel ou tel site chinois de les diriger vers le site du Center of Defense Information parce que, à cet égard, Thomas L. Friedman n’est pas au courant.
Mis en ligne le 26 décembre 2008 à 14H35