Tourbillon crisique-40

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Tourbillon crisique-40

29 novembre 2017 – Dans le n°38 de cette rubrique dans le Journal dde.crisis, “Humeur de crise” avait été transformé en “Humeur crisique” selon l’évidence, comme on dit pompeusement, d’un “changement de paradigme” : « Effectivement, une évolution a lieu, qui a un rapport avec ce que je nomme le “tourbillon crisique” [...] le “tourbillon crisique” change tout parce qu’il est le produit d’un changement de la nature même de la crise, figurant dans sa forme universelle…[...] Je pense que le “tourbillon crisique” est devenue la figure majeure, sinon la figure exclusive du cadre dans lequel s’inscrivent les événements en marche, et ces événements “en marche” à une vitesse incroyable, avec une puissance de communication qui ne cesse d’influer sur nos psychologies, avec une pression crisique à ne pas croire. » Je prends en compte complètement ce changement et de l’intermédiaire et insatisfaisant “Humeur crisique”, on passe à “Tourbillon crisique” pour l’intitulé de cette rubrique.

Cette introduction méthodologique n’est pas inutile pour le fond du propos parce que je pense que nous nous trouvons actuellement dans une situation typique du “tourbillon crisique”. Cette situation implique qu’aucune crise, aucune “situation crisique“ ne s’impose particulièrement au-dessus des autres ou plus intensément que les autres, donnant une fausse impression d’apaisement à un jugement un peu court. En fait, toutes les crises composant et alimentant le “tourbillon crisique” sont en bonne marche, en bonne évolution, toujours crisique et sans aucune possibilité de résolution qui terminerait la crise, mais aucune ne supplante les autres, pour cet instant du temps en échos de communication.

Un bon exemple est le cas syrien dans son domaine le plus large. La réunion de Genève, des rumeurs d’arrangement entre Russes et Saoudiens (et aussi entre Russes et Israéliens ?) feraient croire à une sortie de crise. Mon sentiment très affirmé est qu’il n’en est rien, en aucune façon et d’aucune sorte. C’est une étape importante, certes, qui confirme l’avantage considérable pris par le groupe Syrie-Iran-Russie-Hezbollah, mais cela ne doit pas être vu comme la fin de cette crise bien entendu. La Syrie est, avec “D.C.-la-folle” notamment, une situation extrêmement riche et dynamique, – et également symbolique par le riche passé de la Syrie dans la naissance des civilisations, – attirant et alimentant nombre d’autres situations criques. C’est une “dynamo crisique” promise à trouver d’autres voies d’expansion (d’ailleurs certainement pas nécessairement aux dépens d’Assad).

Le reste est en bon état de marche crisique : Trump et ses aventures, les scandales sexuels (qui sont une véritable situation crisique à la fois américaniste et transnationale), etc., avec de nouvelles situations crisiques qui se bousculent et réclament leur places. Il y a notamment, pour mon compte, ce que je nomme désormais une “crise de la décision nucléaire“ aux USA sur laquelle je reviendrai très vite. L’émigration aux USA, qui n’est en aucune façon réglée, est un autre point crisique en pleine expansion, avec des risques de parcellisation... Les USA crisique sont en passe de dépasser l’Europe en fait d’instabilité et de déstructuration, – si ce n’est fait d’ores et déjà.

Le “tourbillon crisique” tourne, tourne, tourne... (La chanson des Byrds en 1969 semblait embrasser une période, – Turn ! Turn ! Turn ! pour les années soixante, – même chose ici, mais pour une bien autre cause...)