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22445 avril 2018 – L’hégémonie des États-Unis d’Amérique est à la fois totale et incontestable, totalitaire et au-dessus de tout argument. Eux seuls agissent avec un zèle exceptionnel dans le cadre de la seule mission qu’il soit désormais possible d’exécuter officiellement, la seule qui ait l’aval méprisant du Système dont ces mêmes États-Unis d’Amérique sont l’esclave obligé, totalement sous sa dépendance. Cette mission, certes, c’est la recherche zélée, fiévreuse, pressante, im-monde et sublime, de l’entropisation du monde. Leurs moyens en sont la mesure : énormes, anarchiques, incroyablement corrupteurs et formidablement gaspillés ; leur politique en est l’illustration : confuse, absurde, sans aucun sens et dans tous les sens pourvu qu’elle brise ; leur communication en est le véhicule : simulacre sur simulacre, et même simulacre de simulacre, où les mensonges finissent par ne plus signifier que le vide d’un cercle vicieux débarrassé de son contenu, et par conséquent se dissolvant par absence de contenu. (Leur simulacre-mensonge comme banc d’essai de l’entropisation du monde.)
Mais il reste et il y a la direction politique, humaine-trop-humaine, absolument corrompue et déstructurée qui, brusquement, dans une inversion d’elle-même inattendue même pour elle-même, met en cause jusqu’à la délégitimer et à la mettre en pièces une si superbe dynamique. Elle s’est choisie un président si fantasque et si inculte, si changeant et si narcissique, si vide de tout projet et de tout concept, si pétulant et avide de propositions-surprises lancées à la vitesse d’un échange Borg-McEnroe de Wimbledon-1980, que ce nommé-Trump est enfin parvenu à s’établir au cœur du tourbillon crisique comme le maître de l’inversion et du paradoxe cosmique.
Même s’il l’ignore, il a trouvé, Trump, sa formule stratégique : il entropise la dynamique d’entropisation. Ainsi la surpuissance se trouve-t-elle entraînée de plus en plus vite au rythme d’une valse folle avec son partenaire désormais impératif-dominant et qui mène le bal, qui a nom “autodestruction”.
Cela, c’est le cadre général, dans une période d'une bonne grosse semaine, de bonne cuvée sans nul doute, entre le championnat des sanctions antirusses qui se poursuit et le manège scintillant des variations de la politique syrienne de “D.C.-la-folle” où les changements d’orientation vont à la vitesse du même échange Borg-McEnroe dont je parlai plus haut, lorsque le tennis avait encore figure humaine ; et enfin, ceci que j’allais oublier, comme autre facteur d’excitation des esprits enfiévrés, les bruits d’effondrement financier qui continuent à nous interpréter l’Ouverture de Tannhäuser.
Le reste se divise en deux castes. La première, qui ne la reconnaîtrait, se trouve dans les tenants de la servitude volontaire peinturlurée aux diverses tendances du jour, qui goûtent les délices de l’asservissement postmoderne comme on fait relâche à Capoue, en attendant que le ciel leur tombe sur la tête. Je parle de ce que l’on avait coutume de nommer “civilisation européenne” ...
La civilisation européenne se termine en funèbre et folle farce dansante, comme les rats qui suivent le joueur de flûte de Hamelin, imbue d’elle-même, insupportable à cause de son bâfrement à la moraline nietzschéenne, presque émouvante à force de cette intelligence bêtifiée jusqu’à l’infantilisation, la civilisation européenne terminale dans une sorte d’Alzheimer réduite aux acquêts des enfants trouvés et abandonnés. Pauvre Europe dirais-je plein de compassion, en souvenir de la grandeur qu’elle fut, comme Bigeard écrivant à ses hommes sur un bout de papier héroïque et froissé l’ordre de capitulation de son 6meBataillon de Parachutistes Coloniaux à Dien Bien-Phu : “Pauvre para, pauvre Six”.
Les autres font de la résistance sans illusion ni forfanterie parce qu’à avoir de si médiocres adversaires on se trouve soit mêmes un peu éprouvé ; mais avec un succès grandissant, transformant la technique “faire aïkido” en percées à-la-Patton où “D.C.-la-folle”, totalement accro au Système qui l’aveugle, n’y voit que du feu. On a vu et bien vu, par contre, Erdogan-Rouhani-Poutine agir hier de la sorte, jouant avec la Syrie comme s’ils en étaient les ordonnateurs et les organisateurs, – et ils le sont en vérité. Là-dessus, je manquerais à mon devoir d’oublier le formidable Xi avec son pétroyuan, veillant derrière ce beau monde, dans la position de ce verrou cosmique du jeu qu’est l’arrière.
(Je parle en termes de rugby : en rugby, l’arrière est l’homme-clef qui peut briser, en dernier rideau, les plus terribles offensives et pourtant marquer un déluge de points qui font la victoire ; et ma nostalgie de rappeler à votre mémoire le titanesque Don Clarke, 1,88 mètre et 110 kilos, avec son “un coup de pied phénoménal” et des placages de légende, qui marqua 781 points lors de ses 89 matches avec les All Blacks dans les années 1950-1960.)
Soufflez un peu et appréciez un très court instant, quelques heures ou quelques minutes de brise légère entre deux ouragans crisiques, juste le temps de conclure pour le temps présent... L’esprit est là, qui vous suggère la profonde et irréfragable vérité : non seulement le tourbillon crisique règne, mais il mérite désormais, lorsque l’occasion le désigne, le surnom de “tourbillon cosmique”. Les Temps Exceptionnels approchent.
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