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5309• L’émergence de Confédération, parti populiste de seconde génération, attaque directement la trahison globaliste-américaniste des partisans polonais (le PiS) de l’Ukraine. • Bonne pioche ! • Avec un texte d’Andrei Korybko.
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‘Bloomberg’ puis, de façon plus conceptuelle et indépendante, Andrei Korybko (c’est lui que nous suivons, avec son texte ci-dessous), mettent en évidence une évolution politique très intéressante en Pologne. Il s’agit du surgissement du parti politique ‘Confédération’, qui double sa représentation statistique en six mois et se classe aujourd’hui comme troisième partie polonais avec 11% des voix. C’est, selon le mot de Bloomberg, le futur “faiseur de roi” de la politique polonaise, – en attendant mieux ? C’est-à-dire le parti dont l’appoint est indispensable à l’un ou l’autre des deux grands partis (PiS [pseudo-]conservateur et PO libéral-globaliste) pour former un gouvernement.
L’intérêt de Confédération est considérable, pour diverses raisons.
• D’abord, il concerne la Pologne, qui est devenu un pays très important, qui réunit toutes les crises en cours. Il s’est posé comme un pays très méfiant de l’UE et traditionnaliste, – mais on va voir ce que valent ces caractères selon Korybko ; comme un soutien en pointe de l’Ukraine et leader des pays de l’Est de l’UE, donc indispensable à l’UE malgré ses pseudo-désaccords idéologiques ; comme un allié super-privilégié des USA, toujours “malgré ses pseudo-désaccords idéologiques”...
• Le “pseudo” est important parce qu’il marque la dérive profondément invertie du PiS, parti qui se prétendait à l’origine puissamment conservateur et traditionnaliste et qui semble l’être de moins en moins, d’où l’aisance de ses amitiés kiévienne et américaniste... (Nous avons souvent mis en évidence cette contradiction montante et dévastatrice du PiS, et peut-être mortelles, par rapport à ses racines originelles.) Korybko souligne cela avec une très grande force :
« Il convient de préciser que le PiS ne peut plus vraiment être qualifié de conservateur, hormis sa rhétorique anti-avortement et pro-catholique, puisqu'il soutient avec enthousiasme le changement radical de la démographie polonaise provoqué par une migration ukrainienne incontrôlée pour des raisons géopolitiques. Ceux de ses partisans qui sont sérieusement préoccupés par cette situation ainsi que par la nouvelle adhésion du parti au pouvoir à l'UE dans le contexte du conflit ukrainien pourraient donc voter pour la Confédération en signe de protestation. »
• Ainsi donc, nous avons, dans un pays-clef du populisme-traditionnaliste ou populisme souverainiste, l’apparition d’une seconde vague populiste dénonçant la “trahison” de la première vague, emportée par l’ouragan ukrainien et la corruption américaniste-globaliste. L’intérêt de cette situation, outre d’avoir suscité la montée de Confédération, est d’apprécier la situation de l’UE par rapport au PiS qui continue à contester radicalement certaines juridictions européennes, et la situation des rapports de la Pologne du PiS avec un pays comme la Hongrie d’Orban, radicalement opposé à sa politique ukrainienne, dans le cadre du ‘Groupe de Visegrad’ rassemblant quatre pays de l’Est de l’UE (avec en plus la Tchéquie et la Slovaquie).
• Il est bien entendu du plus grand intérêt et de la plus haute importance que ce phénomène, – avec toutes les hypothèses qui vont avec, alliance avec les USA, appartenance à l’UE, à l’OTAN, autant que le rôle dans la crise ‘Ukrisis’, – se fasse jour en Pologne, essentiellement à l’occasion, et à cause d’une immense crise de politique étrangère (la GrandeCrise, quoi) avec une puissante composante culturelle et civilisationnelle, – comme l’est évidemment ‘Ukrisis’. De ce point de vue, avec Confédération, qui va jouer un rôle-clef dans la vie politique polonaise, la Pologne est notablement en avance sur la France dans la réalisation des connexions entre les crises de politique étrangère, la guerre, et les grandes crises identitaires, sociétales et ontologiques qui nous pressent.
L’article de Korybko, du 28 mars, donne une analyse intéressante de la situation polonaise avec l’arrive de Confédération.
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Le quasi-doublement du soutien au parti anti-establishment Confédération au cours des derniers mois montre que les Polonais ne sont pas satisfaits du duopole politique de leur pays, dont les deux membres partagent la même position de soutien indéfectible à Kiev dans la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie. Cette question est d'une importance capitale pour les citoyens ordinaires, car elle a entraîné une inflation galopante et la fin soudaine de l'homogénéité d'après-guerre de leur pays, en raison des taux de migration ukrainienne sans précédent dans l'histoire. Ni le PiS ni le PO ne veulent réduire le rôle de premier plan de la Pologne dans ce conflit, d’où la montée de Confédération, qui critique cette politique.
Bloomberg a attiré l'attention sur la montée du sentiment anti-establishment en Pologne lundi dans un article alarmiste intitulé “Un parti anti-UE pourrait émerger comme faiseur de roi avant les élections polonaises”. L'objectif de cette publication était manifestement d'effrayer les observateurs en leur faisant croire que Confédération, le parti dont le soutien a presque doublé ces derniers mois pour atteindre 11%, alors que celui du parti au pouvoir est resté à 34% et celui de la principale opposition à 27%, pourrait faire sortir la Pologne de l'UE après les élections de novembre prochain.
Il n'y a aucune chance réaliste que cela se produise, même si le parti au pouvoir Droit et Justice (PiS selon son abréviation polonaise) entre dans une coalition avec lui afin de continuer à diriger le gouvernement. Confédération est devenue la troisième force politique du pays, une tendance à laquelle tout le monde devrait prêter attention. Le fait même que son soutien ait presque doublé au cours des derniers mois alors que celui de PiS et de Rassemblement Civique (PO selon son abréviation polonaise) est resté inchangé est très significatif.
Cela montre que les Polonais ne sont pas satisfaits du duopole politique de leur pays, dont les deux membres partagent la même position de soutien indéfectible à Kiev dans la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie. Cette question est d'une importance capitale pour les citoyens ordinaires, car elle a entraîné une inflation galopante et la fin soudaine de l'homogénéité d'après-guerre de leur pays, en raison des taux de migration ukrainienne sans précédent dans l'histoire. Ni le PiS ni le PO ne veulent réduire le rôle de premier plan de la Pologne dans ce conflit, d'où l'attrait de Confédération.
Il s'agit de la seule force politique du pays à critiquer l'Ukraine, allant même jusqu'à proposer, l'automne dernier, que les migrants originaires de ce pays prêtent serment de fidélité à la Pologne. Bien que cette approche n'ait pas permis au parti d'arracher des partisans au PiS ou au PO selon le dernier sondage, elle a réussi à attirer les électeurs qui ne s'étaient pas encore engagés en faveur de l'un ou l'autre de ces deux partis ou qui avaient auparavant soutenu des groupes plus petits. À l'avenir, cependant, certains pourraient “faire défection” du parti au pouvoir en raison de son soutien indéfectible à Kiev.
La raison de cette prédiction est que la politique précédente est responsable de la montée en flèche de l'inflation en Pologne et de l'évolution soudaine de sa démographie qui ont été décrites précédemment, et qui ne sont pas populaires auprès des conservateurs traditionnels du pays. Ceux qui ne sont pas satisfaits de ces changements radicaux continuent à s'accrocher au PiS, car il est considéré comme un “moindre mal” par rapport au PO, ce dernier étant beaucoup plus libéral-globaliste que le premier.
Il convient de préciser que le PiS ne peut plus vraiment être qualifié de conservateur, hormis sa rhétorique anti-avortement et pro-catholique, puisqu'il soutient avec enthousiasme le changement radical de la démographie polonaise provoqué par une migration ukrainienne incontrôlée pour des raisons géopolitiques. Ceux de ses partisans qui sont sérieusement préoccupés par cette situation ainsi que par la nouvelle adhésion du parti au pouvoir à l'UE dans le contexte du conflit ukrainien pourraient donc voter pour Confédération en signe de protestation.
Cette force anti-establishment montante ne devrait pas refuser un accord de partenariat avec le PiS si cela lui permet de devenir le faiseur de roi du pays, comme Bloomberg vient de l'écrire, de sorte que les conservateurs de bonne foi n'ont pas à s'inquiéter du “plus grand mal” que représente l'arrivée au pouvoir du PO si le PiS ne remporte pas la majorité. Ceux qui soutiennent le principal parti d'opposition ne devraient toutefois pas passer au soutien de Confédération puisqu'il s'agit de libéraux-globalistes irrécupérables qui détestent vicieusement tout ce qui est conservateur.
Néanmoins, on prévoit que Confédération parviendra probablement à débaucher certains partisans du PiS et/ou à attirer une partie des 28% de Polonais qui ne soutiennent aucune des trois principales forces politiques du pays, ce qui pourrait lui permettre d'obtenir plus de 11% des voix cet automne. Ce résultat augmenterait les chances que le parti au pouvoir soit contraint d'entrer dans une coalition avec lui afin de conserver le pouvoir, ce qui pourrait permettre à cette force anti-establishment d'obtenir une plus grande influence sur la formulation des politiques.
Il est trop tôt pour prédire la forme que cela pourrait prendre et si cela se limiterait aux affaires intérieures telles que les finances ou si cela pourrait également concerner les affaires étrangères telles que l'Ukraine, mais cela annoncerait tout de même un changement majeur dans la politique polonaise. Un parti authentiquement conservateur et souverainiste, avec des vues pragmatiques sur le rôle de leur pays dans la transition systémique mondiale, se développe rapidement après que le parti au pouvoir se soit discrédité au cours de l'année écoulée en se présentant comme de faux conservateurs, donnant ainsi au PiS une chance proverbiale pour son argent.
La tendance émergente est que les conservateurs sincères qui sont dégoûtés par la soumission de leur gouvernement au libéral-globalisme sur un nombre croissant de questions manifesteront leur protestation en votant pour Confédération, sachant que cela ne conduira pas au “plus grand mal” de PO à prendre le pouvoir. Au contraire, il y a une chance crédible de faire pression sur les autorités pour qu'elles recalibrent leurs politiques dans le sens d'un véritable souverainisme conservateur si elles concluent un accord avec Confédération après les élections.
Il n'est pas réaliste d'imaginer que la Pologne se retirera de l'UE et/ou se coupera complètement de Kiev, sans parler de prendre ses distances avec son allié américain, mais des changements progressifs dans son approche vis-à-vis de l'un de ces trois éléments pourraient éventuellement résulter de l'influence de Confédération dans ce scénario. Les seuls perdants dans ce cas sont ceux qui exploitent actuellement la Pologne, car ce sont eux qui seraient contrariés par le fait qu'elle rééquilibre ses liens avec les autres afin de restaurer sa souveraineté.