Trahi par la neige et par BHO, qui préfère les Scouts of America

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Certes, il y a le sort de la planète. D’accord, OK, on y pense… Mais ceci, tout de même: les services de BHO ont annulé la conférence de presse commune du nouveau président et du souriant PM britannique. Quelle traîtrise. Le PM, Gordon Brown, avait réussi ce coup de maître diplomatique, qui bouleverse tous les quatre ans ou tous les huit ans tous les services de planification du gouvernement de Sa Majesté: être le premier à serrer la cuillère du nouvel ami privilégié de la Maison-Blanche. Brown a certes été grillé par les deux Nord-Américains (le Mexicain et le Canadien), mais c’est pas d’jeu, ils sont si près, géographiquement, la porte à côté; et puis le Premier ministre japonais, qui a aussi salué BHO, mais ça compte pas puisque ce qui compte c’est d’être “le premier Européen”. (Dans tous les cas, ce qui est assuré, c’est que Brown est le premier Premier Ministre britannique à saluer Obama, – ah mais non, d’ailleurs, puisque : « To add insult to injury, Mr Blair appeared with Mr Obama at a “national prayer breakfast” in Washington last month at which Mr Obama praised him as “my very good friend”. There is now unlikely to be any such endorsement of Mr Brown during the current visit. »)

Mais ce triomphe (l’embrassade Brown-BHO) a été remis en cause. Les services et autres “spin doctors” du gouvernement de Sa majesté vous assurent que c’est la faute à la neige (revanche du global warming, peut-être bien). La neige glisse, même à la Maison-Blanche, alors on fut obligé d’annuler la conférence de presse. De toutes les façons, BHO devait partir très vite, il rencontrait dans l’après-midi (aujourd’hui, heure de Washington, après le déjeuner avec Gordon Brown) les Scouts of America dont il devait être fait le président honoraire, comme tout président US depuis le président Taft. Tout cela est rapporté, à mi-chemin entre la consternation et les demi-sourires UK et gênés.

La presse londonienne s’en paye une tartine. Le Times d’aujourd’hui est l’un des plus flegmatiquement venimeux: «Gordon Brown's attempts to portray himself as a global leader in a time of crisis have been dealt a blow by White House planners – and Washington's worst snowstorm in years.»

…Et de poursuivre: «Downing Street officials discovered last night that Prime Minister would not, as had been widely reported, hold a joint press conference with President Obama after their talks at the White House today. Instead, the White House press office announced what it called a “pool spray” – a few shouted questions from selected agency reporters as the two men sat down for talks and photographers clicked away.

»After representations from British diplomats, it was agreed to hold open it up more widely and allow a total of four questions – two from each side – at a “press availability” in the Oval Office after the talks. British officials, denying any deliberate snub, said that a slightly more formal event planned in the Rose Garden after the meeting had been cancelled because the grounds of the White House are blanketed in snow.

»After a working lunch with Mr Brown, Mr Obama will then head off to make a speech at the Department of the Interior before meeting a delegation at the Boy Scouts of America, the White House said. If Mr Brown wanted to hold a press conference, he would have to do so across town at the British Embassy. No 10 had been celebrating a diplomatic success in ensuring that Mr Brown becomes the first European leader received by Mr Obama in the White House – an honour closely sought by President Sarkozy of France and Angela Merkel, the Germany Chancellor.»

Ainsi mesure-t-on, dans notre temps, les grandes affaires du monde. On en pensera ce qu’on voudra, toute liberté est laissée au lecteur à cet égard, – pour nous, il faut bien admettre que la dérision épuise la plume.

Pour autant, un enseignement politique peut être dégagé de la mésaventure. D’abord que les Américains, Obama ou pas, sont toujours les Américains ; qu’ils n’ont toujours pas compris, Obama ou pas, que les Britanniques sont les inspirateurs du monde, et Gordon Brown notre gourou bougonnant, – et ainsi de suite. L’enseignement politique de ce petit fait qui fixe tout de même un climat psychologique, c'est ceci qu’il nous paraît être d’assez piètre augure pour la réunion du G20, qui devrait (devait?) être d’abord une fête de l’inspiration anglo-saxonne (USA + UK) du destin du monde, pour sauver le monde grâce aux recettes éprouvées qui ont conduit le monde à sa perte, – sorte de jeu de yoyo, si vous voulez. A première vue, Obama n’a pas l’air de manger de ce pain-là. Il n’est pas assuré que Martin Wolf, qu’on a entendu déployer tous ses trésors d’éloquence, soit particulièrement satisfait des premiers échos des ultimes travaux de mise en condition du sommet de sauvegarde du système.


Mis en ligne le 3 mars 2009 à 20H26

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