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671On peut d’une façon très compréhensible, et avec les meilleurs arguments du monde, partager la déception et l’amertume de George Monbiot dans sa chronique du Guardian du 31 juillet, à propos de cette affaire de Menwith Hill. Le gouvernement britannique a agi comme un minable chapardeur de poules, comme un pickpocket à la petite semaine, comme s’il avait conscience de l’infamie qu’il commet.
Lisons, écoutons ce que nous dit l’amertume de Monbiot. Après nous avoir rappelé cette pitoyable aventure du réseau anti-missiles en Europe, — quel mot la résume plus que celui d’“idiocy” (nous ne traduirons pas)? — il conclut :
« In April, Des Browne told MPs that “the UK has received no request from the US to use RAF Menwith Hill for missile-defence-related activities”. That, until last week, was all that parliament knew. Now we discover that the proposition had been made and accepted before MPs had a chance to discuss it. Browne was in the house on Wednesday, when he made some announcements about aircraft carriers and the military budget. These — because they were delivered in person — could be discussed, though (shamefully) neither of them provoked any opposition. But knowing that the Menwith Hill decision would be furiously opposed, Browne released it in the form of a written statement, which cannot be debated.
»Like everyone on the left in Britain, I wanted to believe that Gordon Brown's politics would be more progressive than Tony Blair's. But as he grovels before the seat of empire, I realise that those of us who demand even a vaguely sane foreign policy will find ourselves in permanent opposition. With his appointment of Digby Jones as trade minister and his plans for deregulation, Brown demonstrated that the government is still mesmerised by big business. By proposing that suspects be held for up to 56 days without charge, he appears to share Tony Blair's distrust of liberty. Now, in one furtive decision, he reveals both his contempt for parliament and his enthusiasm for the neocon project. What, I wonder, is there left to hope for?»
Qu’est-ce que tout cela signifie? Que Gordon Brown trompe son monde en affirmant implicitement sa volonté d’établir de nouvelles relations avec les USA? Qu’il lâche du lest avec les USA pour pouvoir établir ces nouvelles relations? Qu’il n’a rien eu à dire dans une décision qui était prise avant qu’il ne devienne Premier ministre? Dans tous les cas, il ne s’en tire pas glorieusement, et d'ailleurs il ne s'en tire pas du tout. Cela ne remet rien en cause de ce qu’on peut envisager d’une évolution du Royaume-Uni ; de façon différente, cela en mesure toute la difficulté. Désormais, par rapport aux promesses implicites de changement qu’il a faites, Gordon Brown va devoir ruser assez bassement pour continuer à donner certains gages aux USA. Exercice bien difficile, qui fera regretter à certains Britanniques le temps béni de la souveraineté et de l'indépendance britanniques.
D’autre part, cette affaire de Menwith Hill n’est pas de tout repos et Brown risque d’y laisser des plumes. Ce n’est pas “un coup”, une affaire qu’on oublie une fois le larcin commis. Elle se situe dans le cadre plus vaste de la crise des anti-missiles, prototype de la crise stupide (“idiocy”) par excellence, promise à enfler démesurément, à s’aggraver de mois en mois en plein cœur de l’Europe, à se rappeler régulièrement à notre bon souvenir de façon de plus en plus insistante. (Les Russes s’en chargeront, — à qui croit-on avoir affaire? A des enfants de choeur? Croit-on qu’ils ne profiteront pas d’une crise de cet acabit, où ils ont facilement le beau role et où ils sentent de si fortes divisions chez les Occidentaux?). Nous restons toujours ébahis devant les politiques complètement aveugles que suivent les gouvernements occidentaux (européens) en suivant le système américaniste qui fonce aveuglément.
Mis en ligne le 4 août 2007 à 11H32