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8975 mars 2013 – Dans notre Bloc-Notes du 26 février 2013 sur la victoire du soi-disant “ex-comique” Beppe Grillo en Italie, nous rappelions notre texte du 9 novembre 2012, «Résilience pour résilience». Il est manifeste ici que c’est ce texte que nous entendons prolonger, au travers de divers événements ou ensemble d’événements, qui nous montrent ce que nous désignerions comme une “résilience agissant par inversion tactique”, et cela constituant une deuxième phase de l'action de cette résilience caractérisant la réaction des structures attaquées par le Système.
L’extrait que nous citions… «La dynamique à l’œuvre ne construit pas un monde meilleur selon la dialectique de communication du Système qui ajoute et agite toujours ce hochet des “lendemains qui chantent” à l’intérieur de ses propres limites ; elle se contente de résister et de faire jaillir de cette résistance une dynamique nécessairement structurante. Ce mouvement est évidemment et nécessairement imperceptible à la conscience présente, et il n’a de sens que dans une perspective qui dépasse le Système. C’est une situation qui aura son utilité fondamentale lorsque d’autres événements interviendront, alors que d’autres évènements que nous n’identifions pas encore formellement sont d’ores et déjà à l’œuvre, dont l’effet indirect se traduit par le caractère de plus en plus erratique, de plus en plus nihiliste et de plus en plus destructeur d’elle-même, de la politique-Système.»
Ce qui nous intéresse ici est de développer une appréciation transversale de différents événements politiques dont nous jugeons qu’ils ressortent du même courant, qu’ils proposent la même signification, qu’ils illustrent la même situation, qu’ils sont exemplaires en un mot à la fois d’une signification générale et à la fois d’une situation de prolifération d’événements renvoyant à cette signification générale. On verra que, dans ce cas, les classifications telles que bloc BAO ou politique-Système ne sont pas de mise, car le phénomène que nous explorons est complètement antiSystème ; par définition, puisqu’il s’agit d’un événement contre le Système, cet événement se trouve hors des normes du Système, qu’il se manifeste au cœur du Système ou sur ses marges. Cela est cohérent avec notre référence au phénomène de “résilience” référencé plus haut (9 novembre 2012), dont on voit bien qu’il est apprécié d’un point de vue contre le Système et hors du Système, c’est-à-dire en utilisant le caractère de l’inconnaissance pour écarter ce qui n’importe pas fondamentalement dans cette lutte contre le Système.
Les événements mentionnés ici ne sont pas exclusifs ni limitatifs. D’autres du même ordre se développent et se développeront, plus ou moins spectaculaires, ou d’une forme différente. Ces événements, que nous avons réduits à trois, ont déjà été documentés sur ce site, ce qui facilite leur compréhension dans le cadre qui nous importe, et leur compréhension hors du cadre national ou du cadre régional où ils se trouvent d’habitude traités. Très peu d’attention est portée aux aspects géopolitiques de puissances respectives, d’importances relatives dans le système de puissance, etc., puisqu’il s’agit là aussi de suivre nos références spécifiques. Notre analyse se place du point de vue de la crise d’effondrement du Système, qui est le même point de vue que nous avons privilégié dans leurs traitements indépendant précédemment, et qui est nécessairement le seul point de vue qui nous intéresse. (Le reste est renvoyé à la posture de l’inconnaissance.)
Plus ou moins d’attention est portée à chacun des trois événements sélectionnée, parce que leur importance présente en volume de communication, et en pression politique, diffère sensiblement. Cela ne signifie nullement une hiérarchie de notre part. Au contraire, nous tendons à considérer ces événements d’une façon complètement “égalitaire”, mais cela expressément compris d’un point de vue technique et nullement du point de vue de la notion de “valeur” que certain accordent ou n’accordent pas à l’égalitarisme. L’un de ces événements (la situation italienne) sera largement étendu à l’Europe, avec sa signification pour l’Europe, ce qui formerait d’une certaine façon un quatrième événement… Cela est d’autant plus justifié selon l’hypothèse que les événements que nous mentionnons ne peuvent être en aucune façon réduits à eux-mêmes, qu’ils font partie d’un vaste mouvement qui les suscite, les manipule et les dépasse à la fois (dans un sens vertueux dans ce cas, selon notre point de vue).
• Le premier de ce trois événements est la situation de l’Égypte, en Égypte et surtout autour de l’Égypte, telle que nous l’avons détaillée dans le Bloc-Notes du 27 février 2013. Nous ne nous y étendrons pas parce qu’il est pour l’instant potentiel dans ses prolongements. Il est pourtant significatif dans la mesure où il affecte un gouvernement, ou un “régime” si l’on veut (Morsi et les Frères Musulmans), qui fut et reste l’objet d’analyses extrêmement contradictoires, – les unes le considérant comme une “marionnette” du bloc BAO, les autres le considérant comme une forte possibilité d’une impulsion antiSystème majeure. D’une certaine façon, cette spéculation est dépassée, à cause de la situation égyptienne (économique certes, mais d’une façon extrêmement accessoire, surtout sociale et psychologique, avec une agitation et une insatisfaction désormais endémiques de la population, une méfiance passive ou active des autres forces, – les autres tendances politiques, les militaires, etc.).
Surtout, – et c’est ce qui nous intéresse essentiellement et justifie quasi-exclusivement la présence de cet événement dans cette analyse, – le bloc BAO (les USA), ou le Système dans ce cas, se trouve avec l’Égypte devant une perspective insaisissable, avec une sorte d’“alternative du diable” (pour le bloc, bon exemple d’inversion) : soutenir Morsi, ce qui est soutenir un pouvoir branlant, dont on ne sait dans quel sens il se redresserait s’il se redressait (pro-BAO ou pro-Système, anti-BAO ou antiSystème) ; s’opposer à Morsi, avec une perspective absolument inconnue, où même la perspective un peu grotesque du retour des militaires ne constitue rien de moins qu’une inconnue de plus, avec des potentialités nouvelles de nouvelles explosions sociales et psychologiques. En un mot qui nous ramène à notre propos, l’Égypte est devenue un antiSystème non pas constitué, mais par son évolution complètement incontrôlable et imprévisible, – une opérationnalisation antiSystème de la fureur de la rue par une autre voie, la fureur de la rue se poursuivant de son côté comme pour maintenir une pression favorisant la poursuite de ce processus …
• Le second événement est l’entrée en vigueur de la séquestration aux USA. On a souvent abordé cette question sur ce site, et le plus récemment le 2 mars 2013, la séquestration étant officiellement activée. Dans ce dernier texte, nous mettons en évidence combien cette mesure, sans intérêt fondamental à considérer sur le plan comptable, active les rivalités et le désordre à la fois, – mais “les rivalités” étant un composant du “désordre”, après tout, – alors qu’elle devrait être une mesure bipartisane de lutte contre la dette (ou, plus justement dit, une incitation à trouver un accord bipartisan de lutte commune contre la dette). Nous écrivions : «Le mot est en effet lâché, qui colle directement aux mots “séquestration” et “dissolution”, qui va parfaitement à la situation politicienne de la direction washingtonienne : le désordre. L’“apocalypse”, aujourd’hui, se fait par la structure invertie du désordre, lequel est bien entendu l’outil favori de la dissolution…»
Le climat qui prévaut dans cette affaire est effrayant (pour le Système), notamment avec le contraste qui a été constaté entre d’une part le catastrophisme (la séquestration est l’apocalypse) et, d’autre part, le cynisme et l’indifférence (la séquestration aura lieu, chacun n’a qu’à s’en arranger, par exemple en économisant sur le gaspillage habituel). Pour ce dernier aspect, remarquable dans les derniers jours avant que la séquestration entre en vigueur, on peut se rapporter par exemple au Washington Times du 22 février 2013, alors que retentissaient les appels de BHO (“Attention ! Cela sera l’apocalypse !”), d’ailleurs contredit par lui-même 10 jours plus tard («This is not going to be an apocalypse, I think as some people have said. It's just dumb. And it's going to hurt.»).
«President Obama’s apocalyptic predictions of the harm that would come to the country if the latest round of budget cuts kick in late next week are starting to wear thin among an unlikely group: the White House press corps. Mr. Obama has spent the past week issuing a series of dire warnings about the economic and personal consequences of allowing the so-called sequester spending cuts to occur March 1. But reporters appear increasingly skeptical about the motivation behind the Mr. Obama’s messaging and are questioning whether the White House is directing the Pentagon and other agencies to showcase potential cuts to boost both public anxiety and pressure on congressional Republicans to compromise.»
Mais ce qui apparaît par-dessus tout dans cette bataille de la séquestration, c’est la pression du public telle que la ressentent les élus. Il y a, dans le texte référencé, autant d’allusions précises aux prochaines élections mid-term avec la nécessité de tenir ferme sur les programmes partisans, que de références aux situations locales des élus qui priment sur toute autre considération. La séquestration montre que le pouvoir washingtonien est complètement déstructuré, ce qui permet l’installation massive de ses tendances démagogiques naturelles pour retenir un électorat rendu ou perçu comme très volatile par les conditions de crise, – l’idéologisation partisane et extrémiste des mésententes et des querelles les plus futiles comme les plus graves, la “provincialisation” accélérée, etc. Cette situation permet à la dissolution d’y installer son désordre nihiliste sans la moindre difficulté.
• Enfin, il y a l’Italie, certes, et Beppe Grillo. Cette affaire est suffisamment sensationnelle par elle-même, dans tous les éléments qui la composent, pour qu’on ne s’attarde pas, justement, à trop la décrire. On comprend aussitôt qu’elle a une dimension européenne, comme n’a pas manqué de le montrer symboliquement Monti lui-même, en effectuant un déplacement-express à Bruxelles, – prévu depuis longtemps, mais qui tombait bien au milieu de tous ces bouleversements pour nous révéler les positions des uns et des autres comme il convient (voir le 4 mars 2013). Les commentateurs et éditorialistes se sont en effet aussitôt emparés de leurs stylos pour faire un tour d’Europe express et débusquer partout des Beppe Grillo in the making… Comme Ian Traynor, du Guardian, le 2 mars 2013.
«Holland's iconoclastic populist and Islam-baiter Geert Wilders is plotting a new campaign to rile the political establishment – a “resistance tour” of the Netherlands. It is not difficult to discern where Wilders, who combines far-right anti-immigrant positions with leftist welfarism, is getting his inspiration from: Rome.
»The barnstorming and highly effective campaign by Beppe Grillo and his Five Star Movement in Italy, combining the latest in social media and internet savvy with old-fashioned piazza-pounding up and down the country, has transformed Italian politics. It may yet amplify its effect across a Europe uncommonly volatile and vulnerable to a Grillo-style insurrection. Wilders promised to take to the bike paths, squares and shopping malls of small-town Holland later this year to mobilise resistance to Europe, immigration and bailing out Greece with Dutch taxpayers' money.
»That's an agenda that fits squarely with Nigel Farage's, following Ukip's triumph coming second and beating the Tories in Eastleigh, leaving the party leader relishing next year's elections for the European parliament. Next door to Holland in the Belgian region of Flanders, the national political establishment is running scared of, while closing ranks to try to stop, the new mayor of Antwerp, Bart De Wever, who hopes to “confederalise” Belgium en route to killing the country off altogether…»
Et ainsi de suite… On notera que Ian Traynor, European Editor du quotidien très influent “bon chic bon genre” du Système (le Guardian, un gros pied clouté dans le Système, un pied léger, type-ballerine, hors du Système), n’épargne pas, dans sa chronique, la politique-Système qui justifie cette éclosion de candidats “populistes”, – au lieu de les descendre en flammes en les couvrant de noms affreux, comme le veulent et la coutume et la consigne. Il ne se gêne même plus pour mettre en évidence les comportements absolument illégaux et violateurs des souverainetés et de la légitimité per se de l’Union européenne. On notera que l’on retrouve ainsi une tendance désormais assez vive, au cœur de la presse-Système, du côté des originaux proches d’être des modèles, de ne pas ménager les critiques dans ce sens (voir Jenkins, que nous citons le 28 février 2013, qui se permet de terminer son premier paragraphe, après l’élection du 25 février : «Congratulations, Italy»). (Tous ces traits, pour les cas cités, viennent de Britanniques qui ne sont nullement hostiles à l’Europe dans son principe.)
Ainsi Traynor note-t-il, en rappelant à sa façon la “fuite de Varennes” de Monti : «Where voters have not “kicked out the bums”, the big EU rulers have acted instead, with Berlin, Paris, Brussels, and the European Central Bank in Frankfurt conspiring to bring down elected prime ministers Silvio Berlusconi in Italy and George Papandreou in Greece. The message to the Italians from the German government this week was “you may have kicked out our politicians, but you must not kick out their policies”. That was echoed by the European commission in Brussels, while the German opposition social democrat leader, Peer Steinbrück, ventured to suggest that the Italians had voted for “clowns”.
»On Thursday the outgoing Italian prime minister, Mario Monti, comprehensively trounced in the election, attended a European commission conference in Brussels where he enjoyed a standing ovation almost as if he had been the victor. The mismatch between the popular and elite verdicts was striking… […]
»Asked this week about this discrepancy and whether growth could be generated by austerity, a former European prime minister who also served as a senior EU official told the Guardian: “there is no growth, there won't be any growth”. “Voters now associate structural reforms with slump, rising unemployment and social stress,” said Charles Grant and Simon Tilford of the Centre for European Reform in a paper published on Friday. “The Berlin-Brussels-Frankfurt consensus on austerity that Monti's government [pursued] has discredited the very reforms that are needed to boost the Italian economy.”»
Il nous importe bien entendu grandement que, dans ces trois événements, on trouve affectés les deux composants du bloc BAO, et un événement lié au monde arabe et découlant du “printemps arabe”. On comprend mieux, pensons-nous, l’universalité du propos : il s’agit d’une problématique complètement différente de celles qu’on examine dans la situation des relations internationales (action du bloc BAO vis-à-vis du “printemps arabe”, crises diverses au Moyen-Orient ou dans le cadre de “la Guerre contre la Terreur”, relations avec la Russie, etc.). Il s’agit absolument d’une situation-Système même si les situations spécifiques sont évidemment différentes dans leurs traits opérationnels.
Peu nous importe ici la marche de la politique. Quel est le programme de Beppe Grillo ? Chi lo sa ? «Welcome to Italy, where nobody knows what will happen next…», nous dit Maria Laura Rodotá, du Corriere Della Sera, le 3 mars 2013 dans The Observer. Et alors ? Avec Monti, on savait bien «…what will happen next…» : liquidation générale ! Alors excusez du peu, sérieuse et raisonnable commentatrice-Système, mais entre les deux… Non, inutile d’en discuter, aucun intérêt. Seules nous intéressent les similitudes fondamentales et transversales, ce qu’elles signifient, l’évolution qu’elles signalent, etc. ; et, là-dessus, tout devant être considéré du point de vue du Système… Alors, nous identifions les effets de ce qu’il y a de résilience, celle-ci plus forte que jamais, dans la “résistance antiSystème” ; cette résistance, nullement organisée, – quelle dérision ! –nullement chargée d’un programme ou d’un grand dessein, – quelle superfétation !
La résistance antiSystème fait bien son travail… Grâce à l’effet qu’elle produit sur le Système, elle a ouvert une deuxième phase, avec les moyens du bord, chacun adapté à chaque cas particulier. Dans l’«époque» actuelle, la première phase a commencé avec le début même de cette «époque» (sens maistrien), à l’automne 2008, avec la crise sectorielle de la structure financière du Système. La tension de la crise générale du Système n’a cessé de se renforcer, pesant sur les psychologies des populations, pulvérisant des structures, activant en fait l’incendie, – les serviteurs du Système, comme des pompiers ivres d’idéologie à haut degré d’octane, sans doute pompée dans les sables d’Arabie, arrosent d’essence, et en dansant encore, l’incendie qui gronde. (C’est justement dans cette lutte absurde elle-même qui renforce l’incendie que se situe la crise de l’effondrement, découlant de la lutte faussaire contre la crise générale, – toujours cette équation surpuissance-autodestruction : les pompiers ivres du Système arrosent de jets puissants d’essence la crise générale qui menace le Système, la transformant continuellement, à mesure qu'elle évolue, en crise d’effondrement du Système selon le processus de l’autodestruction.)
Les effets de cette tension imposée par “la lutte faussaire contre la crise générale” menée par le Système ont été principalement d’éveiller une réaction de colère inféconde et de désespoir, qui s’est exprimée par des mouvements (des “indignés” à Occupy, de Tea Party au “printemps arabe”) sans but ni réel succès politiques, – par bonheur, car un succès politique signifie aujourd’hui un succès récupérable, et prestement récupéré par le Système. Cette tension a elle-même généré et renvoyé une tension décuplée qui n’a cessé, elle, d’affecter les directions politiques. (Plutôt que “généré” et “renvoyé”, on dirait “réverbéré” si l’on parlait d’une création mimétique mais nous y verrions plutôt un phénomène unique, avec un mécanisme exceptionnel et créateur de diffusion et de renvoi des phénomènes en cours qu’assure un système de la communication exubérant.) C’est là la principale création de cette résilience qui montre toute sa spécificité exceptionnelle dans le fait de puiser ses capacités de résistance et de riposte dans cette propriété de trouver l’aliment de sa force dans la force même qui devrait l’abattre, et qu’elle retourne contre l’adversaire (voir le 2 juillet 2012), et ses capacités de relèvement psychologiques dans cette capacité de retournement de la dépression qui l’a enveloppée sous le choc de l’attaque qui l’accable. (Définition de “résilience”, telle que nous la rappelions dans notre texte du 9 novembre 2012 : «“[d]u verbe latin resilio, ire, littéralement ‘sauter en arrière’, d’où rebondir, résister (au choc, à la déformation)”. Du point de vue psychologique, il s’agit d’un “phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression”, donc à se durcir pour développer sa capacité de “confrontation avec des faits potentiellement [ou effectivement] traumatisants”».)
La résilience permet effectivement, dans le cas de notre situation, la transmutation de la tension née du désespoir dépressif causé par l’attaque générale en une tension renée, régénérée, d’une réaction désespérée due à cette attaque et devenant ainsi stricto sensu contre-attaque, communiquant à l’agresseur une panique hystérique. Le système de la communication a permis et accéléré cela d’une façon géométrique, en prolongeant et grossissant monstrueusement les différents événements (“indignés”, Tea Party, Occupy, “printemps arabe”, etc.) de narrative diverses d’insurrections, de prises de pouvoir, de complots sans nombre et contradictoires, de chaos, etc. En effet, les directions politiques asservies au Système, vivant sous l’empire d’un Système impitoyable, sont peuplées de grosses têtes d’œuf bien éduquées et remplies de chiffres et de raisonnements théoriques et imparables, experts, spécialistes, universitaires, corrupteurs, banksters, etc., – mais ainsi, à cause de leur croyance singulière et presque naïve à leurs propres narrative, dotées d’une psychologie bien plus fragile qu’on croit, extrêmement fragile, elle sans la moindre capacité de résilience. Tous ces pauvres sapiens-Système croient avoir compris la réalité du monde et, alors, ils sont exposés plus que quiconque aux fureurs du monde qui connaît bien sa propre vérité et n’ignore pas que la “vérité du monde” a de moins en moins de rapports avec la “réalité” que le Système impose aux perceptions affaiblis de ses affidés. Ainsi le cas de la résilience permet-il, d’une façon plus concrète en utilisant les faiblesses de l’adversaire, la transmutation de la première à la deuxième phase de la résistance antiSystème. Nous y sommes.
Cette deuxième phase est donc caractérisée par un retournement caractéristique de l’inversion vertueuse : la pénétration du désordre causé par le Système aux régions et aux nations qu’il dévaste, dans les directions politiques chargées de “gérer” la diffusion de ce désordre déstructurant et dissolvant. Ainsi ces directions sont-elles elles-mêmes soumises au processus du désordre déstructurant et dissolvant qu’elles ont pour finalité de diffuser. Nous doutons grandement, bien entendu, que les employés du Système, – dito, les directions politiques, – aient, eux, la résilience nécessaire pour résister à une telle contre-attaque antiSystème. Cela est d’autant plus vraisemblable que cette contre-attaque prend toutes les formes possibles : le désordre déstructurant et dissolvant qui est renvoyé vers les directions du Système peut toucher les influences extérieures des directions en place dont l’orientation n’est pas définie (comme elle frappe les influences US et autres exercées sur l’Égypte, sans savoir qui soutenir et qui ne pas soutenir) ; le même désordre peut se manifester par l’incursion extraordinaire au cœur “démocratique” du Système d’une force directement enfantée par une réaction antiSystème de la population et des conditions diverses, comme c’est le cas de l’Italie et du sans-culotte Beppe pénétrant le bastion des ci-devant ; enfin, il peut se manifester de l’intérieur des directions politiques elles-mêmes, comme par génération spontanée, – ou plutôt, dirions-nous, par “démagogie spontanée”, – comme à Washington certes…
L’important, dans cette deuxième phase, c’est qu’elle se passe dans un climat désormais généralisé de crise, où le trouble général ne peut plus être réduit à un seul secteur (financier, économie, terrorisme, soi-disant civilisationnel, etc.), ni à une seule région (bloc BAO, hors-bloc, monde arabo-musulman, etc.). La crise sectorielle du départ de cette époque s’est transformée en crise générale, laquelle s’identifie presque instantanément à la crise d’effondrement du Système grâce aux réactions d’autodestruction du Système (le pompier face à l’incendie). C’est la résilience, que nous célébrons ici, qui en est la cause opérationnelle principale : en se présentant comme une attitude de résistance après des périodes de retraite et de dépression qui sont l’effet de divers aspects de la crise générale, elle emmagasine effectivement des aspects différents de la crise et les intègre en un ensemble qui devient “crise générale”, puis crise d’effondrement. Ainsi la vérité du monde est-elle rencontrée et ainsi soit-il…
Attendons la suite…
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