Trenine en remet...

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Trenine en remet...

25 mars 2024 (17H45) – Chose inhabituelle, deux articles de suite de Dimitri Trenine publié dans RT.com. Ce second article est beaucoup moins analytique et fondamental que celui que nous avons vu hier. Ayant beaucoup lu Trenine, j’ai trouvé un style inhabituel dans le sens où cet analyste habitué à saisir de haut de vastes sujets, s’attache ici, presque en journaliste, aux attaques d’avant-hier à Moscou et auyx diverses péripéties qu’on relève autour.

La question que pose implicitement Trenine est au cœur de toutes les interrogations : l’Ukraine est-elle impliquée, et à quel degré, dans cette affaire ? Il développe les différents éléments connus et ne tranche pas, suivant en cela l’enquête qui vient à peine de commencer et dont il suivra les conclusions quand elles seront atteintes.

Trenine s’attache bien entendu à l’hypothèse essentielle, la seule qui compte vraiment, et donne une analyse de la situation s’il s’avère que l’Ukraine est impliquée, et que, par conséquent, d’une manière ou d’une autre, les USA étant au courant. La remarque suivante résume sa démarche hypothétique, où il suggère que les “surprises désagréables” annoncées pourraient bien avoir concerné cette attaque terroriste notamment :

« À cet égard, plusieurs personnes ont déjà souligné les récents avertissements du chef du GUR [renseignement ukrainien], Kirill Boudanov, et de la sous-secrétaire d’État américaine sortante, Victoria Nuland, concernant les “surprises désagréables” qui attendent la Russie dans un avenir proche.. »

De fait, Trenine a donc examiné, évalué, soupesé les différents aspects de cette affaire (toujours avec en arrière-plan la question fondamentale “Ukraine ou pas ?”, qui est en fait “Ukraine-USA ou pas ?”) ; il n’en a tiré aucune réponse, se refusant d’aller plus vite que la diligence de l’enquête officielle, mais ayant peut-être bien son idée derrière la tête ; pour en arriver à l’essentiel, qui est : et alors, si c’est bien l’Ukraine-USA (employons le singulier pour les marier, “ils vont si bien ensemble”), que va-t-il se passer ?

« Pris ensemble, tout cela renforce l’argument de ceux qui, en Russie, insistent depuis longtemps sur le fait que l’Ukraine – sous sa direction ultranationaliste actuelle – est un État terroriste et que la Russie ne peut tout simplement pas tolérer un tel régime à ses frontières. Ils estiment que toute discussion sur un cessez-le-feu ou toute négociation devrait cesser. La Russie doit remporter une victoire complète, sinon elle saignera constamment aux mains des terroristes au pouvoir à côté, soutenus et protégés par les adversaires occidentaux du pays. Si les résultats de l’enquête confirment que l’Ukraine est à l’origine du massacre de Crocus City, la guerre russe devra s’étendre considérablement et le conflit s’intensifiera considérablement.

» Il est important de noter que la guerre en Ukraine n’est pas considérée par les Russes comme une guerre contre l’Ukraine.

» Il s’agit plutôt d’une lutte contre l’Occident dirigé par les États-Unis, qui utilise l’Ukraine comme un bélier pour infliger une « défaite stratégique » à la Russie. Il est intéressant de noter que le président du Kremlin, Dmitri Pechkov, a admis publiquement pour la première fois la semaine dernière que l’Opération Militaire Spéciale était en fait désormais une guerre. C’est devenu ainsi, dit-il, le résultat de l’implication de l’Occident dans le conflit.

» Si la complicité de l’Ukraine dans l’attaque terroriste de vendredi est effectivement établie, cela suggérerait également, au minimum, que les États-Unis en ont connaissance et l’approuvent de facto. À cet égard, plusieurs personnes ont déjà souligné les récents avertissements du chef du GUR, Kirill Boudanov, et de la sous-secrétaire d’État américaine sortante, Victoria Nuland, concernant les “surprises désagréables” qui attendent la Russie dans un avenir proche. »

“Que va-t-il se passer ?”, interroge-t-on plus haut, question qui vient ici à point... Eh bien dans ce cas, Dimitri Trenine de revenir sur ce que nous considérions comme étant, de sa part, un pas en avant extraordinaire : il y aurait désormais des frappes sur des bases et autres aménagements de divertissement otaniens, hors d’Ukraine, de la part des Russes, pour les actes qui le méritent. Deux jours de suite pour un  Trenine d’habitude si mesuré dans ses propos, cela signifie bien des choses... Pas besoin de complot pour ça !

 « Les propres avertissements de la Russie concernant les frappes sur les aérodromes des pays de l’OTAN s’ils sont utilisés par l’armée de l’air ukrainienne, et sur l’élimination des contingents de troupes françaises (ou de tout autre OTAN) s’ils sont envoyés en Ukraine, acquièrent de plus en plus de crédibilité. L’escalade du conflit, qui jusqu’ici a été principalement motivée par les actions occidentales, augmentant à chaque fois les enjeux d’un cran, et par la formule célèbre “faisant preuve de retenue” de la Russie, conduira potentiellement à une collision frontale. »

Enfin, on termine par une cerise bienpensante sur le gâteau, une sorte de “conseil aux Yankees” : si ces braves gens découvrent qu’ils sont allés un peu trop loin, il leur sera toujours loisible de revenir quelques pas en arrière pour franchir en arrière l’une ou l’autre ligne rouge qu’ils n’auraient pas dû franchir, – “Glory, Glory Alleluïa !

« A moins, bien sûr, que Washington décide à un moment donné que cela suffit, que ce qui se passe est trop dangereux et que, contrairement à la Russie, la bataille en Ukraine n’est pas existentielle pour les États-Unis eux-mêmes – ni même pour leur position dominante en Europe. »

(... Et puis d’ailleurs, – en forme de P.S., –un rayon de soleil, de bonheur et de franchise avec cette annonce pleine d’une solidaire loyauté et d’une vertu sans attaches : l’UE ne croit pas, non non pas du tout, « pas de preuve » les gars, que l’Ukraine soit impliquée dans cette vilaine affaire. C’est une vilaine pensée, vite dissipée par le « rire un peu fou » de la Hyène au fond des bois, même chose que pour ‘NordStream’, vous vous rappelez.)

Et  voilà, dans l’attente nous verrons bien...