Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
2135Puisque tout est mis en cause aujourd’hui, par Trump et autour de Trump, et à propos de Trump, – pourquoi pas l’unité suprémaciste anglo-saxonne des nations du réseau ‘Five Eyes’, – les pays de langue anglo-saxonne, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, UK, USA ? C’est une hypothèse inédite mais assez logique par rapport à l’avalanche de pistes qui nous est présentée sans discontinuer depuis trois mois.
C’est Ekaterina Blenova, de ‘Sputnik.News’, qui s’attache au problème à partir de révélations de l’analyste de Wall Street Charles Ortel. Voici ce que Ortel dit à Blenova :
« Il y a des années, le juge Andrew Napolitano a révélé sur Fox TV qu’il pensait que les États-Unis et le Royaume-Uni – peut-être avec d’autres pays du réseau ‘Five Eyes’– avaient conclu un accord selon lequel les membres coopéreraient pour échapper aux restrictions imposées par leurs propres gouvernements sur l’espionnage national de leurs citoyens en chargeant des partenaires étrangers de mener à bien de telles missions.
» Nous ne connaissons pas encore l’essentiel de la vérité, mais il me semble certain que le gouvernement américain et les agents partisans des médias, du monde universitaire et du monde des affaires sont au cœur des tentatives de truquer les élections à l’intérieur et à l’extérieur de l’Amérique.
» Nous savons également que des éléments britanniques n’ont jamais cessé de s’immiscer dans les affaires américaines, probablement depuis 1782. En comparaison, l’ingérence russe dans la politique américaine, si tant est qu’elle existe, semble minime. »
La précision est charmante et particulièrement remarquable pour ce qui concerne la constance et l’entêtement déjà proverbiaux des Britanniques à poursuivre toutes les pistes de la calomnie et de la tremperie à côté des sourires et des compliments fort aimables auxquels ont droit les cousins d’outre-Atlantique. Tout de même, dira-t-on à Borel, qu’ils espionnent les USA depuis 1782, avant la fondation des États-Unis, relève d’une performance hors du commun ! Mais les Britanniques ont toujours excellé en course de fond... Bref ; c’était le temps où la France, grâce à Vergennes et à l’amiral de Grasse, – et à Beaumarchais, bien entendu, – donnait un sacré coup de main aux colons américains décidés à se débarrasser de la tutelle colonialiste de leurs cousins britanniques.
Dans un autre texte plus détaillé, Blenova s’attache, notamment à partir de sources du Wall Street ‘Journal’, à explorer les causes d’une possible très-mauvaise humeur trumpiste vis-à-vis de ‘Five Eyes’, et particulièrement des Anglais. Comme on l’a vu dans les remarques de Borel, ce qui apparaît évidemment insupportable à Trump, ce sont les ingérences britanniques, éventuellement pour aider certaines faces sombres de certains services US à “trahir” le président Trump, – malgré l’absence de Snowden, – dans tous les coups fourrés lancés par la communauté du renseignement US contre ce président si gênant. On suit donc le relevé des rancunes trumpistes à l’encontre de ‘Five Eyes’ :
« Trump pourrait considérer Five Eyes comme une escroquerie pléthorique exploitant les ressources américaines, selon le WSJ. Les États-Unis dépensent près de 100 milliards de dollars en renseignements, soit 10 fois plus que les quatre autres pays réunis.
• Five Eyes s’est trouvé impliqué dans la narrative de la collusion Trump-Russie, largement alimenté par les services de renseignement américains.
• L’enquête Crossfire Hurricane du FBI, démentie plus tard, a été déclenchée par une information australienne en 2016.
• Le GCHQ britannique a peut-être mis Trump sur écoute pendant sa campagne de 2016, comme l’a suggéré la Maison Blanche en 2017.
• Trump n’a pas directement ciblé Five Eyes ces derniers temps, mais leur malaise suggère qu’ils ont beaucoup à cacher.
• L’“alliance d’espionnage la plus puissante du monde” a sonné l’alarme alors que les choix de renseignement de Trump, Kash Patel (FBI) et Tulsi Gabbard (DNI), sont sur le point d’être confirmés au Congrès. Gabbard, nommé directeur du renseignement national, a promis de lutter contre les renseignements utilisés comme armes, citant les mensonges sur la guerre en Irak et le montage-simulacre du Russiagate. Patel, qui devrait diriger le FBI, s'est engagé à limiter les opérations à l'étranger et à accroître la transparence.
• En mars 2017, la Maison Blanche a accusé le centre d’écoute britannique GCHQ d’espionner Trump, exploitant le partenariat avec Five Eyes pour contourner les règles d’espionnage national. L’accès du GCHQ à la NSA aurait pu permettre aux agents britanniques d’obtenir des transcriptions des conversations de Trump. »
Il s’agit sans aucun doute d’une bombe à retardement dans les rapports de Trump avec les pays anglo-saxons du groupe. Avec le Canada, l’affaire est déjà mal engagée et des consigne ont été données pour limiter les transferts de renseignement, – à moins que le Canada accepte aimablement de devenir le 51ème État de l’Union. Mais la cible principale est le MI6 britannique avec le système d’écoute générale GCHQ, et les arrangements faits avec les factions dissidentes et antiTrump de la CIA et de la NSA. Le malaise de ‘Five Eyes’ correspond au malaise général de toute la communauté de renseignement et du complexe militaro-industriel US et anglo-saxon face aux intentions réformatrices de Trump-Musk.
Ce serait un prolongement intéressant. ‘Five Eyes’ est sans aucun doute un pilier du suprémacisme anglo-saxon, triomphant par ses alliances depuis la fin du XIXème siècles et surtout à partir de 1918-1919. Mais Trump n’en a que faire ; il se fiche bien de l’histoire, des vieilleries britanniques et de la tradition-moderniste (dangereux oxymore) et déconstructurante anglo-saxonne. Pour lui c’est “America First & Only”.
Mis en ligne le 3 février 2025 à 11H50