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915L’Homme à la mèche, porté à la présidence de la fédération des Etats-Unis d’Amérique en novembre 2016 est en train de se transformer sous nos yeux en une Killary Clinton orange au masculin.
L’homme est si outrageusement xénophobe et sexiste qu’il en figure une caricature, il y a peu improbable mais désormais banale en raison d’une réaction souverainiste identitaire qui tient lieu d’idéologie attractive à bon nombre de petits-bourgeois en voie de déclassement. Il avait été élu pour son programme isolationniste et anti-guerre. La campagne électorale qui n’a plus opposé que la favorite de l’’Etat profond’ et son adversaire choisi par lui pour la faire désigner sans risque a laissé présager une guerre civile à l’issue du scrutin. Les Trumpistes promettaient de prendre les armes et le maquis et les Clintoniens ont laissé entendre leur résolution de contrer par tout moyen le tribun des Déplorables.
En effet, dès sa nomination par la Cour Suprême, des fonds considérables furent levés en faveur d’un recomptage des voies par Jil Stein, l’ex candidate verte dépêchée au secours de Killary. Des manifestations incessantes animées par les minorités, principales clientèles des Démocrates, en bonne partie facilitée par l’argent de l’Open Society Fundation de Georges Soros, parcourent le pays et même au-delà à l’étranger comme en France. Des psychiatres ont lancé une pétition nationale pour le déclarer fou et incompétent pour sa fonction.
L’opposition a donc cessé de jouer son rôle classique au sein des institutions. Elle délégitime le résultat du scrutin et par là même tout le processus électoral qui reste la justification fondamentale de l’oppression capitaliste dans le monde ‘civilisé’ démocratique occidental.
La presse, aidée de fuites organisées opportunément à partir des diverses officines du Renseignement, déploie continûment des arguments en faveur de la destitution. Medias et Renseignements sont les deux instruments des différents lobbies, Wall Street, Multinationales et transnationales de l’armement, du pétrole, agences de notation, les groupes de pressions étrangers sans lesquels la puissance hégémonique ne serait pas ce qu’elle est, avec ce morphotype prédateur en constante expansion. Ils semblent exécuter à la lettre leur mission déstabilisatrice du Potus effrontément provincial avec son ambition de rapatrier l’activité des firmes à l’intérieur des frontières de l’Union.
La grande vertu du Killary orange avait été de les dénoncer d’une manière forte et un peu ingénue. Son intervention mémorable lors d’une conférence de presse accusait ouvertement les medias mainstream de fabriquer des fausses nouvelles, de mentir le plus souvent et le limogeage de James Comey de son poste de directeur du FBI devait servir d’avertissement aux manœuvres des fuites et des enquêtes réelles ou supposées à son encontre, de ses conseillers et de sa famille. La grande affaire consiste à chasser Trump et sa nombreuse famille et belle-famille pour haute trahison, connivence avec l’ennemi redevenu traditionnel, la Russie. La rumeur, jusque-là totalement infondée, s’est encore gonflée depuis la visite de Lavrov avec l’accusation par le gouvernement de Tel Aviv d’une divulgation aux diplomates russes d’éléments à propos de Daesh fournis aux Usa par l’espionnage sioniste. La bonne blague ! Que peuvent encore ignorer les alliés de la Syrie présents sur terre, mer et dans les airs des groupes terroristes mercenaires qu’ils traquent efficacement depuis septembre 2015.
Il n’y a guère que dans le domaine du libre échangisme institué au sein des accords multilatéraux que les décrets de Trump ont eu une traduction dans la réalité immédiate.
Les négociations du TPP, le traité transpacifique, ont été interrompues.
L’ALENA enfermant Canada, Usa et Mexique dans une même entité douanière sans renégociation dans les six mois sera suspendu.
Le traité transatlantique a été mis au point mort par les partenaires européens et par ces temps de Brexit, il n’est pas d’actualité d’en reprendre les interminables round de négociation.
Dans les faits, aucune des mesures qu’il a adoptées par décrets signés dans une mise en scène grotesquement emphatique n’a été mise en application.
La restriction de l’entrée aux Usa de ressortissants de 7 pays à population majoritairement musulmane s’est heurtée à des juges fédéraux qui arguent de leur non conformité constitutionnelle. Il n’est produit aucune preuve que les Somaliens ou les Yéménites font courir un risque sécuritaire imminent aux Us(a). La deuxième version qui excluait l’Irak a été également retoquée dès son annonce. Le Muslim Ban a été conçu et rédigé à la va-vite par le conseiller en sécurité et en xénophobie, le jeune Stephen Miller qui présente comme garanties de compétence d’avoir fait des études en littérature, d’être un sioniste formé à l’école de David Horowitz et d’avoir assisté le sénateur Jeff Sessions, islamophobe de renom lui aussi, actuellement ministre de la Justice. Sans avoir à creuser, les néoconservateurs sionistes affleurent. La Cour d’Appel de la 4ème circonscription vient de remettre un rapport de 125 pages qui conteste le décret 13769 ou Muslim Ban. Il ne reste plus à Sessions qu’à s’adresser à la Cour Suprême sans chance réelle de l’emporter rapidement. En raison du décès récent de l’un des neuf juges, elle est composée de 4 Démocrates et de 4 Républicains, la nomination du neuvième passe par des phases de confirmation très longues.
Il a été évalué à 60 000 le nombre de visas remis en cause par l’éventuelle application de ce décret. C’est une entrave et une humiliation pour beaucoup de visiteurs, étudiants ou de travailleurs mais faut-il regretter qu’un Syrien ou un Iranien ne puisse visiter un pays qui agresse le leur ?
L’annonce par décret du 25 janvier de la construction d’un mur de séparation avec le Mexique est aussi grandiloquente et ignorante de ce qui existe déjà comme mesure anti-immigration de la famille Le Pen en France. Depuis 1980, des mesures successives ont abouti à la création d’une barrière physique de 1000 km sur 3141 km de frontière. Des capteurs électroniques, des drones, des dirigeables et autres techniques de contrôle à distance complètent ce dispositif. Le corps des gardes-frontières et des douaniers s’est progressivement militarisé. Les statistiques des arrestations des migrants illégaux publiées annuellement par l’agence fédérale CBP, Customs and Border Protection, indiquent un fléchissement continu et soutenu. I,6 million en 2000 pour 229 000 en 2014 à la frontière Sud Ouest.
Trump se promettait d’abolir l’Affordable Care Act, connu sous la désignation d’Obamacare, c’est-à-dire la loi qui oblige tout Etasunien à souscrire une assurance santé sous peine d’une amende considérable.
Offrir une couverture maladie à l’ensemble des citoyens paraissait partir d’un principe généreux et ‘digne d’une démocratie’ de cette taille en retard de garanties mutualisées en matière de santé par rapport à ses aînées européennes. Il faut cependant compter avec les effets pervers inhérents à sa teneur et aux difficultés de sa mise en application tant les péripéties bureaucratiques attenantes sont complexes. La loi prévoit une aide aux foyers sans ressource suffisante pour compléter leur effort. Cette clause a suscité le courroux des idéologues qui prônent le moins d’Etat possible. Aveuglés, ils n’y ont pas vu l’essentiel de la disposition, à savoir le transfert par l’employeur à l’Etat de son devoir d’assurer les travailleurs pauvres à bas salaires. L’intention de généralisation obligatoire a généré de plus une augmentation de 25% des primes d’assurances payées par les personnes privées et les entreprises en 2017 !
Parmi les défenseurs farouches de l’Obamacare se trouvent en bonne position les firmes pharmaceutiques qui vont réaliser grâce à cette loi un gain de 3500 milliards de dollars d’ici 2025. Elles ont pris soin de baliser le territoire de leurs profits en interdisant la négociation à la baisse de leurs drogues et dispositifs médicaux aux HMO, Health Maintenance Organization. Ce système de soins avait été mis en place par Nixon en 1973 pour réduire une offre devenue trop avantageuse depuis 1946.
Toujours est toujours prompt à signer des décrets sans concertation avec les administrations concernées et pompeusement entouré. Dès le 24 janvier, il relance le projet du pipeline Dakota Access qui va traverser le Dakota du Nord puis du Sud en direction de l’Illinois. Obama après les protestations pacifiques des 200 tribus dont les territoires vont être saccagés par l’oléoduc avait renoncé à ce désastre écologique annoncé. Le constructeur Energy Transfer Partners avait abondamment financé la campagne de Trump. Le coût des travaux est évalué à 3,8 milliards de dollars, un peu de travail et une contamination définitive du fleure Missouri résument la loi du bénéfice sur avance électorale.
Signé du même paraphe, il ordonnait la construction de Keystone XL qui raccourcit le cheminement du pétrole bitumineux depuis le Nebraska au golfe du Mexique, traverse 4 Etats et achemine un type d’or noir très polluant qui après raffinement est destiné à l’Europe et à l’Amérique du Sud. Le maître d’ouvrage, le canadien TransCanada, verrait son intervention de 8 milliards de dollars renégociée.
Si l’armée s’en mêle pour refouler et emprisonner les contestataires, les deux tuyaux seront posés avec le risque inhérent de fuites survenu déjà de nombreuses fois pour le Keystone. L’étude d’impact sur l’environnement pour le Dakota même péjoratif sera de peu de poids et quant au marchandage avec TransCanada, les écologistes auront moins d’arguments que les amis de Trump s’ils sont associés dans le montage financier,
Dans sa veine énergétique, le programme du Killary orange est en bonne voie.
Le budget fédéral 2018 prévoit une privatisation de biens publics en principe pour dégonfler la dette fédérale mais dans les faits pour enrichir une caste d’oligarques sur le modèle de l’ère Eltsine. Seront liquidées la moitié de la Réserve stratégique de pétrole, des lignes publiques de distribution électrique de 20 Etats, le forage et l’exploitation de pétrole et de gaz appartenant à quatre Etats du golfe du Mexique.
Le même budget anticipe l’ouverture à l’exploitation de gisements dans l’Arctique, jusque-là sanctuaire marin, à des firmes privées dans l’espace de deux ans, une fois réalisé l’inventaire en vue de leur mise aux enchères.
Les différents engagements militaires des Usa n’ont pas connu de ralentissement depuis Obama. Rappelons tout de même qu’à l’actif de ce prix Nobel de la Paix, durant son mandat, il est tombé 3 bombes par heure sur des pays musulmans, de quoi entretenir de belles amitiés. Les interventions en Irak, en Afghanistan et en Syrie, et indirectement au Yémen et en Libye, n’ont pas décru contrairement aux promesses électorales. Il est vrai qu’elles n’ont pas dramatiquement augmenté alors que Killary promettait un déluge de feu (voire nucléaire) immédiat contre l’Iran et la Russie.
L’épisode des Tomahawks ciblés sur des hangars de vieux avions remisés a eu un bref succès auprès des bellicistes qui espéraient une opération destructrice de plus longue haleine sur la Syrie. Or l’armée syrienne avec ses soutiens habituels ne cesse de gagner du terrain et de nettoyer des zones entières des mercenaires et de leurs réseaux de tunnels. Pendant un court intervalle, les medias ont cessé de vilipender la ‘marionnette de Moscou’. Les aides supplémentaires promises aux Kurdes syriens pour entamer l’intégrité territoriale de la Syrie même si elles arrivent à bon port ne peuvent effacer de l’équation une Turquie qui n’en veut pas et qui se battra pour empêcher une zone autonome à ses portes.
Survint le voyage du POTUS dans les capitales saintes, inspiré et préparé par Stephen Miller et Jared Kushner et le formidable marché d’armement de 350 milliards qui se surajoutent à la précédente commande de 115 milliards signée en 2016 avec Obama.
L’économie du royaume d’Arabie aux mains des Séoud est pourtant portée pâle depuis la baisse du prix du baril, traduction de sa surproduction et d’une demande réduite par la récession. La rente annuelle de l’or noir a dramatiquement baissé, 1246 milliards de dollars en 2011 à 333 en 2015 faisant passer la dette cumulée de 84 à 316 milliards de dollars. L’accord passé en novembre 2016 avec les pays de l’OPEP et certains non OPEP pour réduire la production n’a pas encore donné pleinement ses fruits qu’un nouvel emballement dépensier secoue de fébrilité les roitelets. Cet accord vient d’être prolongé de 9 mois à la mi-mai 2017.
La contradiction de ce deal gargantuesque consenti par un Etat rapetissé par une baisse de ses revenus et une guerre coûteuse et ingagnable contre son voisin du Yémen est douée de ses propres voies de résolution. Les Séoud sont en pourparlers pour céder sur le marché boursier une part de l’Aramco, bien national. Il s’agit pas moins de la plus importante opération de cotation boursière jamais vue, on parle d’une valorisation de 2000 à 10 000 milliards de dollars. Ici aussi, on liquide (sans les brader) les bijoux de famille.
Les appétits s’aiguisent, quelle place, New York (flux de 20 000 milliards en devises), la City (3000 milliards) et avec quelles banques ? Citibank semble en bonne position.
Les Us(a) et les Séoud sont en véritable situation d’interdépendance financière. Sans la volonté paranoïaque des Séoud de se surarmer, alimentée par les marchands de sécurité, l’industrie de l’armement étasunienne ne serait pas rentable et ne jouerait pas non plus de son efficace symbolique, les Usa sont les gendarmes du monde sinon son protecteur. En retour, les agences de notation et les établissements qui seront chargés de l’introduction boursière ne seront pas trop regardant quant à l’importance du volume résiduel d’or noir non encore exploité dans le sous-sol arabe. Pour éviter de devoir en lever le secret, il est possible que la vente ne concerne que l’activité de transformation chimique, l’aval.
Les 12% de chômeurs du royaume arabe se passeraient bien d’une fierté nationale suscitée par un jeune prince prêt à en découdre avec un pays plus faible que le leur. Fournir une occupation à des désoeuvrés en diversifiant les secteurs de l’économie et de l’emploi sera une bien meilleure dérivation pour leur vitalité. Dès 2018, pas loin de 2000 milliards tomberont dans l’escarcelle des fonds souverains séoudiens. En retourner par anticipation une fraction pour le maintien à flots de la première puissance financière est un placement pour assurer le bon déroulement de la vente boursière. Son dividende sera converti instantanément en industries de pointe et en emplois. L’action Lockheed Martin s’en porte bien, d’autres firmes qui produisent et vendent des babioles qui tuent aussi, les trois mille princes auront appris à anticiper la montée de leurs cours.
Les Russes, les ex-communistes rouges et toujours barbares asiates savent que la bataille de Syrie est gagnée. Ils ont remporté leur guerre d’Afghanistan aux portes de Damas en 2017. N’eussent été les morts et les destructions, ils riraient sous cape de l’effondrement de leurs adversaires qui sont en train d’imploser de gigantisme, de corruption et de bureaucratisme comme l’a fait l’URSS avant eux. Non, ils ne rient pas, ils savent que les guerres sont des affaires graves et ils tentent tout pour les éviter.
Mais ils peuvent rire au moins de cela, après les accusations répétées de trahison de l’actuel Potus sous prétexte qu’il aurait pris langue avec eux lors de la campagne électorale, ils auront été la cause indirecte d’un affrontement dont ne sortira pas indemne l’institution politique incarnée par les US(a). Elle accélère de plus la perte de légitimité de l’hyperpuissance aux dents nucléaires et à la monnaie virtuelle sur la scène intérieure et extérieure, fragilité mortelle démontrée par l’histoire. L’Iran continuera d’être confiné dans le régime des sanctions mais ne sera pas attaqué militairement. Même Netanyahu a fini par le comprendre.
L’implosion est d’autant plus nécessairement proche qu’une masse critique de citoyens a exprimé par ce vote Trump, populiste présenté sous une forme anti-establishment, la fin de sa croyance et de son adhésion au discours du mondialisme heureux et de l’appareillage belliciste qui en est une pièce maîtresse. La multiplication des attentats terroriste produit plus d’interrogations et de scepticisme qu’il n’induit une cohésion d’un Nous contre Eux.