UE et populistes-souverainistes contre Macron

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UE et populistes-souverainistes contre Macron

• Coïncidence “bizarre” : “Vous avez dit ‘bizarre’ ? Comme c’est bizarre”... • Au moment où la Chambre des Députés vote à Paris et en urgence (Article 45) le texte sur le “pass-sanitaire”, la Commission Européenne publie un rapport qui critique l’usage considérable que le gouvernement français fait du 45-speedé. • La Commission parle au nom des “valeurs” et peut-être Macron a-t-il une place en enfer à côté d’Orban ? • Les adversaires de Macron, avec souverainistes et populistes anti-Macron de tous horizons, ont donc l’UE comme singulière alliée.

C’est le mariage de la carpe et du lapin, ou bien, selon l’expression anglaise, de bien-“strange bedfellows”...

A savoir,
• du côté français, une fronde qui prend des proportions sévères, du type-“Gilets-Jaunes” éventuellement, rassemblant les adversaires du projet de “pass-sanitaire” qui vient d’être voté par l’Assemblée Nationale ; soit une coalition assez hétéroclite et de tendance hors-Système sur le thème basique et en apparence incolore-inodore politiquement, mais pouvant s’élargir politiquement, de l’“anti-vaxx” ; coalition soutenue essentiellement par des rassemblements de la droite souverainiste-populiste (avec un RN “à la traîne”), avec éventuelle participation de ce qu’il reste de souverainiste-populiste dans l’extrême-gauche type-Mélenchon ;
• du côté de l’UE, la Commission Européenne qui publie un rapport mettant en cause l’utilisation disproportionnée par le gouvernement Castex et le président Macron de l’Article 45 de la Constitution, prévoyant une procédure de vote dite “accélérée”, procédure utilisée pour le “pass sanitaire” et à peu près tous les textes essentiels de la crise sanitaire du Covid19.

Les premiers accusent Macron & Cie de vouloir instaurer une “dictature sanitaire” ; la seconde (la Commission) trouve que les méthodes de Macron & Cie s’éloignent dangereusement des saines pratiques d’une démocratie parlementaires conforme aux “valeurs” européennes pour faire penser, un jour ou l’autre, à un système de... “dictature sanitaire” ? On a les alliés qu’on peut, tandis que Macron récite silencieusement la sentence de Voltaire, – ou bien est-ce du roi Antigone II de Macédoine, en 277 avant J.C., qui sait ?
« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! »

Voici en effet ce que la Commission Européenne se permet de rendre public au moment exact où l’équipe Macron & Cie a le moins besoin qu’on mette l’accent sur le caractère peut-être bien un peu abusif de l’emploi du 45-speedé, dans tous les cas pour des gens qui exaltent régulièrement la démocratie, l’État de Droit, le droit des gens-sympas, le rôle du parlementarisme, etc. :

 « Alors que l’examen, en procédure accélérée, du projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire, comprenant notamment l’élargissement du pass sanitaire ainsi que la vaccination obligatoire pour les soignants, se poursuit, un rapport de la Commission européenne mis en ligne le 20 juillet épingle la France justement à propos de ces fameuses procédures accélérées.

» “Le gouvernement a considérablement augmenté les procédures d’adoption accélérées, limitant ainsi le débat parlementaire sur certains projets de loi sensibles”, est-il expliqué dans le rapport 2021 sur l’Etat de droit, plus précisément dans le chapitre consacré à la situation de l’Etat de droit en France.

» “Le recours aux procédures accélérées, conçues pour des cas exceptionnels, a nettement augmenté. Lors de la dernière session parlementaire (2019-2020), 37 lois sur 58 ont été adoptées selon la procédure accélérée”, est-il également précisé.

» La Commission conclut à ce propos : “Depuis le début de la législature à l’Assemblée nationale, 57% des lois ont été examinées selon cette procédure. Ainsi, la procédure accélérée, conçue à l’origine comme une exception, devient la norme, même pour des lois ayant une incidence significative sur les libertés individuelles, qui nécessiteraient à ce titre un débat parlementaire approfondi.”

» En effet, l’article 45 de la Constitution prévoit que le gouvernement puisse, en cas de procédure accélérée, limiter les débats parlementaires à une seule lecture par chambre du Parlement pour un texte donné. Cette procédure supprime également l’obligation d’attendre l’expiration d’un délai de six semaines devant la première chambre et d’un délai de quatre semaines devant la deuxième chambre, afin qu’un débat public ait lieu.

» Une procédure largement exploitée depuis son entrée en vigueur en 2008 lors de la réforme constitutionnelle et que n’ont pas hésité à utiliser les deux précédents présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande. Emmanuel Macron n’avait d’ailleurs pas caché, lors de la campagne présidentielle 2017, sa volonté de recourir largement à ce dispositif. “Nous ferons de la procédure d’urgence la procédure par défaut d’examen des textes législatifs afin d’accélérer le travail parlementaire”, était-il inscrit dans son programme.

» Depuis sa prise de pouvoir, de nombreux textes ont été soumis à cette procédure comme les lois pour la confiance dans la vie politique de septembre 2017, le projet de loi contre le séparatisme, le projet de loi de transformation de la fonction publique ou encore, en ce moment, le projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire.

» Si la Commission européenne s’inquiète d’un recours massif à cette procédure, un avis rendu le 20 juillet par le Défenseur des droits au sujet du projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire soulève la même crainte. Claire Hédon y déclare “regretter vivement le choix d’une procédure accélérée compte tenu de l’ampleur des atteintes aux droits et libertés fondamentales prévues par ce projet de loi ainsi que du caractère inédit de certaines dispositions qu’il comporte”. »

Puisque nous ne cessons de dire que le désordre règne : observons de quelle façon élégante les engagements des uns et des autres, et surtout des puissants habitués à soutenir notre avenir à la lumière de leurs brillantes idées, finissent par confronter ces idées aux réalités du monde ; et les gardiens suprêmes de ces idées, ou dites également “valeurs”, de tirer dans les jambes des acteurs de la réalité parce qu’ils ne respectent pas les “valeurs” alors que ces “acteurs de la réalité” se battent pour imposer ces “valeurs” à ceux qui n’en veulent que moyennement...

• Depuis qu’il est à l’Élysée, Macron ferraille comme un fou pour abaisser tout ce qu’il peut y avoir de souverain et d’anti-populaire (populiste) en France et au profit de la France, et transférer ces droits et ces procédures vers les organismes européens. Il s’agit du grand “projet-fédéraliste” européen, auquel Macron semble croire après tout.

• Dans l’affaire du Covid, ce n’est pas l’Europe qui est en première ligne, après que ses administrations aient démontré toute leur incompétence et leur jobardise lorsqu’il s’agit d’organiser une mise en place et une coordination d’un vaste programme (européen), chronologiquement 1) de défense contre la pandémie, et 2) de vaccination massive. Dans les deux cas, l’UE s’est absolument plantée, chaque gouvernement des États-membres prenant alors l’affaire en main. Pour Macron, la méthode a été de dissimuler l’incompétence et la jobardise par un tissu nettement autoritaire, grâce notamment au 45-speedé qui fonctionne comme un coup de pied au cul du troupeau des moutons vagissants du groupe des En-Marche de l’Assemblée.

• Ultimement, nul ne doute que Macron agit pour le bien de l’UE où la France, sauvée par lui-même, ira se nicher lorsqu’elle aura mis KO le Covid. Cela passe par la maxi-vaccination, via le 45-speedé.

• Il s’agit finalement de mettre KO, en première lecture, les “anti-vaxx”, qui s’avèrent être les opposants habituels à Macron, – GJ, souverainistes, mélenchonistes sans le foulard, etc. Par les simples logiques du “les ennemis de mes ennemis sont mes amis”, on retrouve un conglomérat d’opposition “dure” qui s’appuie assez naturellement sur les “non-valeurs” que déteste Macron : le souverainisme, le populisme, l’indépendance nationale, etc.

• Mais la Commission en tient pour ses “valeurs” et se fiche bien des slaloms tactiques de Macron. Avec le 45-speedé, estime-t-elle, Macron flirte avec un ersatz d’autoritarisme au parlementarisme étriqué, sinon étouffé. Bientôt, on l’enverra dans les enfers au côté d’Orban, non mais... Ainsi l’UE, via la Commission et ses entêtements bureaucratiques, vient-elle au secours des “ennemis de mes ennemis”, qui sont “mes amis” en l’occurrence, bien qu’ils portent béret, baguette et “fromages-qui-puent”.

Et c’est ainsi que le désordre poursuit sa mortelle randonnée sur les grandes autoroutes des lendemains qui chantent, tandis que certains nous expliquent et d’autres méditent, et d’autres encore qui s’interrogent, puis s’interrogent sur leurs interrogations...

Bedford-Jouvet : « Bizarre… bizarre… »
Molyneux-Simon : « Quest-ce quil a votre couteau ? »
Bedford-Jouvet : « Comment ? »
Molyneux-Simon : « Vous regardez votre couteau et vous dites : Bizarre, bizarre… »
Bedford-Jouvet : « Moi j’ai dit Bizarre, bizarre… Comme cest étrange… Pourquoi aurais-je dit Bizarre, bizarre ? »
Molyneux-Simon : « Je vous assure, cher cousin, que vous avez dit Bizarre, bizarre ».
Bedford-Jouvet : « Moi j’ai dit Bizarre… Comme cest bizarre… »

 

Mis en ligne le 27 juillet 2021 à 10H05