Ukrisis-1 : Face à la folie et au Système

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Ukrisis-1 : Face à la folie et au Système

4 mars 2022 (21H30) – Il importe désormais de s’adapter, et je parle ici, de nous et de moi, à ‘dde.org’, comme doit le faire tout organe de communication. Avec la guerre de l’Ukraine, la communication est désormais la “communication-devenue-folle”, ce qui correspond à notre expression de ces “temps-devenus-fous” pour désigner l’actuelle séquence temporelle. La ‘subcrise’ ukrainienne devenue quasiment la Grande Crise tout court a déclenché ce nouveau degré, extraordinaire d’abondance et de puissance, dans la folie de la communication, bien au-delà de la (des) propagande(s). Tous les domaines sont touchés, avec des moyens et des démarches diverses :

• l’Ukraine et tout ce qu’il y a autour, et dans les autres subcrises et crises, cette folie courant comme un incendie dans tous les sens, avec un écrasant volume d’‘information’ de toutes sortes ;

• ‘FakeNews’, désintox et désinfox, désinformation et mésinformation, narrative et simulacres... tourbillonnant en une abondance vertigineuse ;

• ... Avec parfois, quelque part, solitaire et précieuse, une chose qui correspond à la réalité, où l’on peut trouver les éléments d’une vérité-de-situation.

On peut philosopher là-dessus pour mesurer une telle (r)évolution radicale du monde, et nous l’avons déjà fait souvent au long des étapes passées dans ce sens ; mais là n’est vraiment pas le propos pour le cas de cette page. Il est question, pour le commentateur solitaire que je suis, de s’organiser face à la marée déferlante, pour tenir et tenir en servant le mieux possible à quelque chose d’aussi bien que possible. On reviendra souvent là-dessus, sur cet univers communicationnel fou, et moi-même bien entendu, mais pour l’instant il s’agit de définir un dispositif structurel dans la façon de “traiter”, de “filtrer”, de “sélectionner”, d’élaguer les innombrables branches toxiques de la communication et d’encourager celles qui fleurissent.

Ci-dessous, alors, quelques principes, exemples et structures d’organisations face au déluge de la communication. C’est comme un dispositif de guerre, mais une guerre moins faite selon des lignes et des engagements bien identifiées que selon un fantastique désordre en une marée furieuse, où il faut identifier ce qui importe selon notre et mon jugement : contre le ‘Règne de la quantité’, opposer une défense qualitative et sélective.

Pour autant je signale d’abord deux exemples de cette marée furieuse, pour donner une mesure de ce je prétends affronter d’un point de vue méthodologique, et qui nous concerne tous, – deux exemples entre cent, entre mille, entre 10 000 et 100 000...

« Les faits n'ont plus d'importance »

 Je prends un premier exemple de ce fantastique désordre ; à dessein un exemple sans aucun rapport avec le tourbillon crisique ukrainien ; cela  montrant par conséquent que ce tourbillon crisique soi-disant “ukrainien”-only, s’il concerne l’Ukraine certes, concerne absolument tous les domaines de quelque intérêt polémique, c’est-à-dire tous les domaines puisque tout devient polémique ! Tout, emporté par une communication-devenue-folle de ces temps-devenus-fous : nous sommes bien dans la transmutation vers le déploiement de la Grande Crise dans toute sa puissance.

Notre exemple, – il s’agit du docteur Robert Malone, inventeur (ou demi-inventeur, ou Fake-inventeur, qui peut le dire ?) de la technologie de l’ARN messager dont profite Pfizer & Cie, ce docteur dont on a beaucoup parlé il y a deux mois. Mesurez son affolement au constat de la façon dont son nom est utilisé, dénoncé, manipulé, martyrisé, etc. (Affolement sincère, calculé, feint, désespéré ? Allez savoir, même si j’ai envie de le croire...)  Malone écrit donc ceci, hier 3 mars, sur son compte ‘Gab.com’ (vrai compte et vrai Malone, peut-on espérer...) :

« Avis : Je n'utilise pas Telegram. Les comptes avec mon nom, – ne sont pas mes comptes.  Vous noterez qu'il s'agit de comptes non vérifiés. Telegram, je viens de le vérifier, vérifie les comptes à noter mais ne supprime pas les comptes basés sur le nom.  Sur Telegram, n'importe qui peut utiliser mon nom.  Il existe un certain nombre de faux comptes qui utilisent mon nom de toutes sortes de façons (‘rwmalonemd’, Robert Malone, Robert W Malone, etc.).  Ils réaffichent des articles de mes comptes GAB, GETTr ou Substack, ou inventent n’importe quoi et vendent ce qu'ils souhaitent vendre. Certains de ces faux comptes ne sont que des comptes de fans. Certains de ces comptes de fans ne font que réafficher des choses que j'ai écrites.  Je ne sais pas, – je n’utilise pas Telegram.  Je n’utilise pas Telegram. Je ne soutiens aucun d'entre eux. Ce sont de faux comptes.

» Un journaliste est sur le point d'écrire un autre article à charge sur moi, – parce que je vante des produits sur Telegram ! Sauf que ce n'est pas mon compte et que je n'ai aucune idée de qui en est le propriétaire. Je ne peux pas contrôler ces comptes... Les faits n'ont plus d'importance. Sérieusement, vous ne pouvez pas faire ce genre de choses. »

« Les faits n’ont plus d’importance », écrit le pauvre docteur Malone. Sur ce point-là, je ne discuterais pas, on s’en doute. Cela dit, qu’on me pardonne d’avoir dévié de l’affaire ukrainienne qui passionne tout le monde, et dans tous les sens. Qui peut arriver à sortir une image qui soit irréfutablement vraie ?

Deuxième exemple, donc... Celui d’un article de ‘SouthFront.com’ montrant l’image d’un char plus ou moins endommagé, sur un reste d’un pont coupé par des attaques, au milieu de divers débris. L’image surmonte un article du 3 mars 2022 : « Premières victoires significatives de l’armée ukrainienne. »

• ‘Saker-US’ met en cause, dans un article du 3 mars 2022 certains aspects de la narrative antirusse, notamment de ‘CounterPunch’ [Patrick Cockburn], du Wall Street ‘Journal’, etc., – et au milieu de tout cela qui n’a rien pour étonner, le cas, très étonnant au contraire, de ‘SouthFront’ à propos de cet article ; avec ce commentaire :

« Alors que je n’ai jamais eu d'illusions sur ‘CounterPunch’ ou Cockburn, les articles de SouthFront sur la guerre me laissent sans voix.  Je ne sais pas s’ils adhèrent vraiment à la ‘narrative’ ou s’ils ont été mis sous pression par quelqu'un. Peut-être sont-ils sincèrement des civils désemparés qui ne comprennent pas les cartes, je ne sais pas. »

• ‘turcopolier.com’, du colonel Lang, reprend intégralement l’information de ‘SpouthFront.com’, avec cette observation de Patrick Lang, à la fois intriguée et éventuellement soupçonneuse (le reste des informations du site, notamment celle qui suit de Larry Johnson, n’est nullement influencée par cet épisode) :

« Commentaire : SouthFront est uniformément pro-russe, cet article est donc inhabituel. Pl »

• On trouve une discussion sur cette nouvelle, entre diverses autres questions qui s’entrecroisent, dans l’excellent colonne des ‘commentaires’ (« Ukraine Open Thread 2022-20, – Only news & views related to the Ukraine conflict ») de ‘TheMoonofAlabama’ [MoA] du 3 mars 2022. Toutes les appréciations, les examens du char photographiés, donc toutes les hypothèses sont passées en revue entre divers autres sujets traités, – en attendant d’autres développements, et nous-mêmes complètement dans l’incertitude et la confusion.

• ... Pour autant, ‘SouthFront.com’ continue à diffuser également des informations peu agréables aux oreilles de la narrative officielle, comme celle de ce 4 mars, qui annonce la destruction du quartier-général du bataillon ‘Azov’ à Marioupol, du fait d’un tir de missile par les forces armées ukrainiennes (bien lire : “ukrainiennes”).

« L'attaque est le résultat des contradictions entre le commandement des Forces Armées Ukrainiennes et les commandants du bataillon Azov.

» Les membres du bataillon nationaliste Azov, qui sont actuellement bloqués dans la ville de Marioupol, refuseraient d'obéir et de coordonner leurs actions avec le commandement de l'armée ukrainienne.

» Les bataillons nationalistes représentent une grande menace non seulement pour les soldats russes, mais aussi pour les civils locaux, qui ont été retenus en otage dans la ville, ainsi que pour le régime actuel de Kiev et le président Zelenski. »

Comme l’on voit dans ce cas, même des sources éprouvées à propos d’une autre qui ne l’est (ne l’était ?) pas moins, ne permettent en rien de trancher. Le ‘fog of the war’ n’est rien, vraiment rien du tout, à côté du ‘fog of the communication’.

Alors, il reste à établir un dispositif face à ces conditions extraordinaires.

Nos tranchées face au pilonnage

Exactement comme en ’14 : le bombardement de l’artillerie de la communication est tel qu’il faut creuser des tranchées. Notez bien que je ne dis pas qu’il faille seulement appréhender telle ou telle artillerie de telle ou telle tendance. Le bombardement vient de tous les côtés : je dois être à la fois engagé (sur mes principes) et tactiquement très souples (sur la façon dont j’identifie cette canonnade). Cela n’empêche que je n’ignore pas d’où vient l’essentiel de la tromperie et du simulacre, – du Système, bien sûr, qui reste l’adversaire ultime.

Il y a essentiellement dans ce dispositif, la tranchée principale qu’est cette rubrique ‘Ukrisis’ suivi d’un numéro marquant la succession des textes ; ‘Ukrisis’ étant la contraction bien compréhensible des termes “Ukraine” et le ‘krisis’ grec (crise, jugement), le ‘k’ des deux mots correspondant parfaitement.

Je voudrais en faire une sorte de sous-rubrique, une pseudo-rubrique sans attache, disons transversale et “volante” :
• elle pourrait être “logée” selon la forme des textes dans l’une ou l’autre rubrique, essentiellement celle du ‘Journal-dde.crisis’, du ‘Bloc-Notes’ ou d’‘Ouverture libre’ ;
• elle se signalerait essentiellement par le ‘Ukrisis’ de son titre mais adopterait le rangement et la structure des rubriques qui l’accueilleraient (par exemple, l’emploi du “je” dans le ‘Journal-dde.crisis’, la présence d’un texte extérieur dans ‘Ouverture libre’, la disponibilité neutre de ‘Brèves de crise’, etc.) ;
• elle n’empêcherait nullement, bien entendu, les publications habituelles dans ces diverses rubriques, y compris sur l’Ukraine notamment lorsqu’une réflexion ou un commentaire significatif s’imposerait ;
• ... ce qui implique effectivement que les textes de cette rubrique seraient assez courts, surtout factuels, etc. ;
• en fait, cette pseudo-rubrique servirait à présenter certains faits et interventions divers qui nous semblent notables, intéressants en eux-mêmes, qui ne suscitent pourtant pas un commentaire évoluant hors du cadre de ces “faits et interventions” divers.

La pseudo-rubrique ‘Ukrisis’ est faite pour durer ou pas. Seul l’usage montrera son utilité et sa pertinence, et les événements sa nécessité. Il s’agit d’une sorte de “mesure de survie” du commentateur face à la communication : filtrer et choisir l’information qui lui semble apte à être présentée, signalée, sans nécessité de s’y attarder pour autant. Les autres sont laissées à elles-mêmes, et mises pour notre compte dans le trou noir de ma chère inconnaissance. Nous attendrons le jour de la Révélation en nous gardant d’être emprisonnés dans des contradictions involontaires ne faisant qu’ajouter à la confusion et à la connaissance trompeuse par leur publication.

Notre cri de guerre est : Delenda Est Systema ; nos ennemis à la gueule de Gorgone-Méduse clonée pour chacun sont la censure érigée en “valeur” démocratique, le simulacre fascinatoire, le mensonge à l’haleine fétide et la mécanisation hébétée des esprits.