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5681• Heureusement pour leur confusion, et pour notre édification, des “sources” de haut niveau continuent à fuiter des détails instructifs sur la situation de Ukrisis vue de Washington. • Ainsi apprend-on, via CNN et d’autres respectables institutions, que nul ne sait, à Washington, où se répand le flot d’armements déversé sur l’Ukraine. • Par contre, on sait désormais, de “source” sure, qu’il ne faut pas croire un mot de ce que dit Zelenski puisqu’il mène une “guerre de la communication,”. • Guerre terrible mais aussi guerre-bouffe.
La guerre de Ukrisis est d’abord, comme on ne cesse de l’apprendre, une guerre de l’information selon la terminologie en cours, qui pourrait être plus justement nommée “guerre de la communication” avec tout ce que le système de la communication a de créatif, de déformant, parfois et même souvent de contre-productif pour ceux qui la mènent. Manifestement, les USA mènent une “guerre de la communication” puisqu’ils ne cessent de réaffirmer, – Biden l’a encore réaffirmé hier, – qu’ils ne mettront pas un seul soldat-officiel en Ukraine. (On laisse donc de côté les innombrables vrais soldats-factices, – cadres, instructeurs, forces spéciales, mercenaires syndiqués, – de nationalité américaniste qui pullulent en Ukraine.)
Cette “guerre de la communication” a de nombreux effets surprenants qui tiennent à cette position déséquilibrée, un demi-pied dedans un pied-et-demi dehors, qui brouille considérablement l’information dont disposent les innombrables services, agences et ministères, groupes de pression et ONG, qui suivent le conflit. Parfois, mais de plus en plus souvent nous semble-t-il, des “sources” plus ou moins officielles laissent fuiter des informations à propos d’Ukrisis. Cette fois, nul ne contestera la véracité de leur intervention, puisque c’est CNN qui en a été le récipiendaire (repris par RT.com, pour faire bref).
Il y a deux aspects dans ces ‘fuites’ intéressantes. Le premier concerne l’armement et l’équipement de guerre que les USA envoient à l’Ukraine. Il s’agit de volumes considérables si l’on s’arrête à leur “poids” en dollars.
« Depuis que la Russie a lancé son attaque contre l’Ukraine fin février, Washington a fourni plus de 2,6 $milliards d’aide militaire à Kiev et plusieurs $milliards de plus d’aide humanitaire. L’administration Biden avait fait expédier un total de 3,2 $milliards depuis l’entrée en fonction du président en janvier 2021. »
Jusqu’ici, rien que nous ne sachions déjà. Beaucoup plus intéressantes sont les précisions concernant les conditions du transfert des armements depuis le déclenchement du conflit, et le suivi, – ou le “suivi-perdu”, – de ce transfert dès que l’on pénètre dans la zone de conflit. (Il faut noter que les “sources” sont désignées ici ou là comme émanant du Pentagone, lequel n’a pas démenti jusqu’ici.)
Il est remarquable que ces diverses “sources” venues du Pentagone précisent dans leurs confidences que les services de renseignement (dans tous les cas la DIA, qui a la pratique de jouer un jeu dégagé de toute idéologie) n’ont « pratiquement aucune capacité de suivre les envois jusqu'à leurs utilisateurs finaux ». Cet aveu, qui fleure bon l’attitude générale du Pentagone dans Ukrisis, ne se retrouve nullement dans les observations ou analyses généralement inspirées par des centres privées d’influence, et éventuellement par la CIA ; on le prendra donc au sérieux, comme tout ce qui nous parvient via CNN, qui ne peut étouffer ces confidences venues du Pentagone, – simplement parce qu’il s’agit du Pentagone, avec lequel on ne plaisante pas et qui sait si bien “faire parler” la Maison-Blanche.
« Bien que les armes expédiées à l'Ukraine représentent “la plus vaste livraison récente à un pays partenaire dans un conflit”, la Maison Blanche est de plus en plus préoccupée par le fait que l’aide “puisse se retrouver dans les mains d’autres unités, groupes, milices, autres que ceux que les États-Unis ont l’intention d’armer”, a déclaré un haut responsable de la défense à CNN mardi.
» “Nous les suivons clairement pendant une courte période [après l’entrée des armements en Ukraine] mais quand ils entrent dans le brouillard de la guerre, c’est quasiment zéro”, a déclaré une autre source informée des renseignements américains. La source explique que les armes tombent “dans un grand trou noir, et vous n’en avez quasiment plus aucune information après une courte période de temps”.
» Malgré cet “angle mort”, – qui, selon le média, est “dû en grande partie au manque de présence militaire américaine sur le terrain” en Ukraine et à la facilité de portabilité de nombreuses armes fournies, –l’administration Biden a “pris en compte le risque” que certaines armes américaines tombent “dans des mains inattendues”, a déclaré un autre responsable du Pentagone. »
Il est difficile d’estimer exactement la validité de ces estimations, mais dans la confusion qu’est Ukrisis nous les jugeons crédibles, pleines de logique sinon de bon sens, simplement parce qu’elles se font elles-mêmes les témoins d’une grande confusion. La puissance du système de sécurité nationale des USA est d’une telle grandeur et d’un tel poids qu’il nous apparaît depuis de nombreuses années comme une arène confuse où s’affrontent différentes forces fratricides (rappelez-vous, en Syrie, l’histoire venue jusqu’au Congrès, – c’est dire !, – d’un groupe djihadiste financé et équipé par la CIA affrontant un groupe djihadiste financé et équipé par le Pentagone). Il est évident qu’un tel désordre accouché par une surpuissance qui ne se connaît plus elle-même doit aussitôt faire sienne la confusion existant en Ukraine du côté des antirusses, et se perdre très rapidement dans de multiples trous noirs.
Par conséquent, on s’attendra à voir surgir des groupes plus ou moins terroristes, des gangs plus ou moins sponsorés, des trafiquants plus ou moins organisés, équipés de splendides armes US flambant neuves. Il est difficile, dans un tel contexte, d’imaginer précisément de quelle façon l’armée ukrainienne parvient à de telles capacités, à une telle habileté de manœuvre, à une telle efficacité, qu’elle s’est avérée capable de battre sinon d’anéantir plusieurs fois l’armée russe depuis le 24 février.
... C’est simple pourtant : il suffit d’écouter Zelenski.
Dans la deuxième partie de ces confidences, on découvre une appréciation de l’activité de communication du président Zelenski, particulièrement audacieuse par rapport à la vénération quasiment-sacrée dont il est entouré dans tous les cénacles et foules humanitaristes dans les pays du bloc-BAO. Bien entendu, cela est empaqueté dans des expressions très en vogue dans notre époque communicationnelle : chaque déclaration que fait Zelenski est décrite comme un acte de la “guerre de l’information”, c’est-à-dire une “opération d’information” ; ce qui signifie tout bêtement qu’il s’agit d’un acte opérationnel fait dans une guerre, fait pour favoriser son propre camp, et par conséquent qui ne recherche en rien, en aucune façon, la vérité objective des choses. Bref, les bobards de temps de guerre, mais décrits par ces sources comme tels, ainsi mis en pleine lumière...
« Les estimations occidentales concernant les pertes ukrainiennes et d'autres détails du champ de bataille restent également “brumeuses”, ont ajouté deux sources du renseignement, ce qui signifie que les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN sont souvent obligés de dépendre des informations du gouvernement de Kiev, qui, selon elles, ne sont pas toujours fiables.
» “C’est une guerre, – tout ce que [les responsables ukrainiens] font et disent publiquement est conçu pour les aider à gagner la guerre. Chaque déclaration publique est une opération d’information, chaque interview, chaque diffusion d’une apparition de Zelenski est une opération d'information", a déclaré une autre source familière des services de renseignement occidentaux... ».
Par contraste avec Zelenski, on dira qu’on ne peut être plus franc dans l’évaluation des informations venues de Zelenski et de son équipe. Comme tout cela vient du Pentagone, on se trouve en parfait accord avec l’attitude du Pentagone vis-à-vis de deux épisodes (le massacre de Boutcha et l’incendie du ‘Moskva’), où son porte-parole prit soin dans les deux cas de préciser que le département était dans l’impossibilité de confirmer les versions ukrainiennes, – puisqu’il s’agit d’“opérations d’information”.
Une question se pose alors, qui reste en suspens, qui est pourtant du plus grand intérêt : lorsque Zelenski parle à ses partenaires occidentaux, disons “en privé”, s’agit-il toujours d’une “opération d’information” ? Qui peut le dire, et qui parmi ces partenaires y croit puisque tout cela est plongé dans le “brouillard de la guerre” (“fog of war”) ? On gagerait sans véritable risque que le Pentagone, lui, aurait tendance à ne pas prendre de risque et à ne pas prendre pour du comptant tout ce Zelenski dit et lui dit.
Inutile d’aller plus loin. Il suffit d’admettre qu’on a là un exemple in vivo de la confusion opérationnelle qui marque la situation du côté ukrainien, où le gros des opérations se trouve dans la catégorie des “opérations d’information”. A partir de là, on pourra tirer les conclusions que chacun jugera opportun de tirer ; la marque de fabrique de la chose est justement que nombre de conclusions peuvent être tirées et que, par conséquent, du côté ukrainien, et par conséquent du côté du bloc-BAO, on se trouve vraiment très loin de parvenir à ce qui serait une vérité-de-situation. Zelenski est un homme de scène, un homme de show, par conséquent un personnage de simulacre. Mais quoi ! A la guerre comme à la guerre (de communication) ; lui, au moins, connaît parfaitement son jeu de rôle.
Rarement les jeux de rôle auront été aussi clairement distribués que dans cette guerre de l’Ukrisis, y compris du côté des hallucinés-hystériques. Cela nous conduit directement à cette conclusion qu’on trouve dans l’interview de Jacques Baud , qui concerne beaucoup plus nos directions politiques occidentales secondées par l’ardeur de la presseSystème qui entretient avec grand zèle ce théâtre d’ombres. Par conséquent (suite), on fera l’hypothèse que lesdites “directions politiques occidentales” ne cessent de s’enfoncer toujours plus dans un jeu de rôle dont elles ignorent tout, complètement à contre-emploi sinon à croire qu’elles prennent leur emploi comme pure inversion, par conséquent un jeu de rôle complètement et diaboliquement « immature » :
« Mais nous prenons des décisions sans même savoir ce qui se passe, et cela, je pense, indique un leadership extrêmement immature que nous avons en Occident en général. C'est certainement le cas aux États-Unis, mais je pense que cet exemple de la crise ukrainienne montre que le leadership européen n'est pas meilleur que celui des États-Unis. C’est même parfois pire, je pense. C’est donc cela qui devrait nous inquiéter, le fait que des gens décident sur la base de rien, et c’est extrêmement dangereux. »
... Mais de cela également, – “décider sur la base de rien”, pratique “extrêmement dangereuse”, – ils ignorent tout. Finalement, ils sont parfaitement à leur place dans ce faisceau impeccable d’“opérations d’information” du président Zelenski. On dirait même qu’il (Zelenski) les domine de la tête et des épaules, dans la façon qu’il a de les rouler dans une farine farcie d’héroïsme de communication.
Mis en ligne le 20 avril 2022 à 20H20