Un budget gargantuesque, certes, — sans oublier un bras d’honneur aux amis britanniques

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On sait que le budget de l’année 2008 du Pentagone sera absolument et littéralement gargantuesque. Ce tsunami de $milliards n’empêche pas la mémoire longue du Pentagone. Le budget réservait une surprise aux Britanniques. Mauvaise, comme il se doit lorsqu’il s’agit des amis américains.

Décortiquant le budget, le Financial Times a eu la douloureuse surprise de découvrir que pas une ligne et pas un seul dollar n’étaient consacrés au deuxième moteur (Rolls Royce/General Electric) du JSF. Ainsi le FT note-t-il mélancoliquement, le temps d’un bien court paragraphe :

«Dealing a blow to Britain, the Pentagon did not request money for an alternative engine, being developed by General Electric and Rolls Royce of the UK, for the Joint Strike Fighter aircraft. The Pentagon last year decided to stop funding the second engine to reduce cost but Congress reinstated the money.»

Les Britanniques s’étaient bien battus il y a un an, après avoir découvert que le Pentagone liquidait ce moteur. De Blair à Lord Drayson, ils avaient investi la place. Finalement, ils avaient réussi à faire réinstaller le moteur dans le budget, grâce aux amis du Congrès. Ils pensaient que leur engagement en décembre dernier les mettait à l’abri de toute fâcheuse déconvenue dans ce domaine du moteur.

Curieux, c’est à croire qu’ils ne connaissent pas leurs amis américains, les amis britanniques. Le Pentagone nage dans les $milliards mais il a la dent dure. Il n’entend pas se faire dicter sa conduite par d’autres, surtout pas les amis britanniques. Et puis, il est de bon ton de faire croire qu’on veille au grain et qu’on fait des économies, surtout lorsqu’il s’agit de factures marginales et que cela met dans l’embarras les amis britanniques.

Certes, les Britanniques peuvent à nouveau tenter de faire réinstaller le moteur dans le budget. On doute qu’ils y parviennent. L’atmosphère est différente. Le président n’a plus d’ordres à donner au Pentagone. Le Congrès a d’autres chats à fouetter. A notre avis, les amis britanniques devront faire avec. Encore une gorgée du calice jusqu’à la lie. L’ingratitude et le mépris américanistes, ils connaissent. Ils ont déjà donné, ils donneront bien encore cette fois-ci. C’est-à-dire qu’ils subiront, sans mot dire, au nom des special relationships si avantageuses et si habiles.


Mis en ligne le 7 février 2007 à 12H21