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558On attend avec une impatience grandissante le rapport de l’ Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), groupe institué par l’ONU en 1990 et qui doit donner un rapport sur la crise climatique toutes les quatre années. Le rapport qui doit être publié vendredi fait déjà les gros titres de la presse “mainstream”, — comme, aujourd’hui, dans l’International Herald Tribune.
La crise climatique s’installe au premier plan de notre actualité. Du rapport Stern de fin octobre 2006 à Davos-2007, la mobilisation est d’autant plus réussie qu’elle s’est réalisée d’elle-même. Ce constat coïncide avec celui qui est fait dans les milieux des experts du terrorisme, en Europe. Une source qui suit les travaux de haut niveau sur ce sujet, notamment dans les institutions européennes, constate que «le terrorisme est une matière en cours de banalisation. Aujourd’hui, il apparaît comme un sujet comme un autre. Il n’y a plus la pression, voire l’hystérie qui l’a accompagné pendant des années depuis 2001».
Cette situation se constate au niveau des échanges entre services, des réunions et autres séminaires. Le “climat” a changé, y compris en Amérique où «l’urgence apparaît moindre, sans aucun doute, face au terrorisme». Notre source estime que la “banalisation” de la lutte contre le terrorisme correspond à un reclassement du sujet dans le contexte qui est beaucoup plus le sien, un travail sur le long terme, patient, discret, constitué par des actions de police à long terme et surtout un important travail de renseignement.
Le rapport de cause à effet que nous établissons nous-mêmes (l’urgence de la crise climatique remplaçant l’urgence de la lutte contre le terrorisme) n’est pas nécessairement accepté par les experts, justement parce qu’ils sont des experts et se trouvent concentrés sur leur seule spécialité. Ils prennent moins conscience du surgissement d’une spécialité “concurrente”. Mais une vision globale de certains organismes conduit à renforcer l’idée de ce rapport de cause à effet. L’activité de la Commission européenne depuis trois mois dans le domaine de la lutte contre la crise climatique correspond effectivement à une réduction de l’activité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Une nouvelle action d’éclat du terrorisme, type 9/11, pourrait-elle faire resurgir le sujet au niveau prioritaire des urgences et de la mobilisation? Une réponse positive semble évidente, dans un univers complètement médiatisé. Par contre, les avis divergent quant à la durée d’un tel phénomène, s’il avait lieu. Cette fois, la “concurrence” de la crise climatique pèserait fortement dans l’équation.
D’une façon assez symbolique, cette étrange “concurrence” entre les alertes et les mobilisations oppose la réalité et la virtualité. La crise climatique est aujourd’hui une réalité, qui ne fera que s’amplifier et se concrétiser, dont l’aspect d’une menace contre la civilisation est aisément démontrable jusqu’à paraître comme une évidence. Le grossissement du phénomène du terrorisme présenté comme une menace fondamentale contre la civilisation relève du domaine du virtualisme pour nombre de ses aspects.
Mis en ligne le 30 janvier 2007 à 12H39