Un démenti plus rapide que l’éclair, ou Seymour Hersh et le désordre washingtonien

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Désormais, l’administration GW ne prend plus de gants pour démentir Seymour Hersh. Elle le fait à peu près en même temps que son article est mis en ligne, presque comme s’il y avait coordination. Hersh lui-même ne se fait pas d’illusions et prend la chose, qu’il estime être une tactique systématique, le cœur léger : «In an interview Sunday with CNN, Hersh said the White House had been critical of his reporting for years, adding that the latest spat was “just part of the game.”» (selon une dépêche AFP.)

Dans son article du New Yorker mis en ligne hier, Hersh rapporte les circonstances d’une réunion de sécurité nationale à la Maison-Blanche, sous la présidence de Cheney au début octobre, au cours de laquelle fut mise au point une tactique pour contrecarrer l’éventuelle action d’un Congrès devenu démocrate contre une initiative militaire US contre l’Iran.

«“If the Democrats won on November 7th, the vice president said, that victory would not stop the administration from pursuing a military option with Iran,” Hersh wrote, citing a source familiar with the discussion.

»The Democrats wrested control of both the House of Representatives and the Senate from President George W. Bush's Republican Party in the November 7 vote.

»Cheney said the White House would circumvent any restrictions imposed by a Democratic legislature “and thus stop Congress from getting in its way” on Iran, which denies accusations it is seeking to develop nuclear weapons.»

Hersh détaille également les circonstances du départ de Rumsfeld et les diverses possibilités d’une attaque US contre l’Iran. Il semble bien qu’on aille vers une bataille washingtonienne au long de l’année 2007 pour parvenir à des conditions favorables pour l’administration, pour entreprendre éventuellement une telle action contre l’Iran. Nous n’envisageons pas ici que cette attaque contre l’Iran ait nécessairement lieu mais essentiellement que la bataille entre exécutif et législatif aura pour conséquence un désordre considérable dans la vie politique washingtonienne, qui s’ajoutera évidemment au désordre du débat concernant la question irakienne.

Hersh confirme également le rôle important des modérés républicains de la faction des “vénérables” venus de la précédente administration Bush (Bush-père, Scowcroft, Baker), mais également les limites de ce rôle. GW a effectivement réagi en déroute lors de l’élection du 7 novembre et a cédé aussitôt (démission de Rumsfeld) aux pressions de son père et de Baker. Depuis, il a repris un peu de sa position initiale.

Hersh décrit une situation washingtonienne où rien de décisif n’est posé malgré la victoire démocrate du 7 novembre, où tout est possible. Le résultat sera effectivement le désordre.


Mis en ligne le 20 novembre 2006 à 14H34