Un désastre américaniste, ou l’ “American Air-Conditioned Nightmare

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Les USA ont un budget de la défense proche des $650 milliards prévus pour 2008 (proche des $750 milliards, si l’on y ajoute un supplemental pour l’Irak). On connaît la chanson : le budget gargantuesque du Pentagone. Là-dessus, le scandale de l’hôpital Walter Reed, confirmé par l’article-fleuve du Washington Post, le 18 février, ajoute une lumière sinistre sur l’incompétence, la gabegie et l’irresponsabilité du système.

(Nous écrivons “confirmé” car la façon scandaleuse dont sont traités les blessés US d’Irak est connue et archi-documentée. D’autres articles suivant celui du Post, comme celui de Attywood.com du 20 février, donnent toutes les indications nécessaires.)

Hier, enquête faite et hôpital visité, le secrétaire US à la défense réagit, ordonne la formation d’une commission, annonce des sanctions, veut la démission des responsables, etc. La bureaucratie panique quelques minutes.

«Defense Secretary Robert M. Gates said Friday that he would move swiftly to improve conditions for wounded soldiers being treated as outpatients at Walter Reed Army Medical Center and warned that senior officials would be held accountable for the poor conditions.

»Mr. Gates, speaking to reporters after touring the facilities and speaking to several patients, said he was upset by recent reports in The Washington Post describing wounded soldiers living in dilapidated buildings near the Walter Reed campus and portraying the huge paperwork and other bureaucratic hurdles they had to overcome during treatment.

»Mr. Gates announced the creation of an eight-member commission that would examine conditions at Walter Reed, on the outskirts of Washington, and other military hospitals, and then make recommendations for improvements within 45 days.

» “After the facts are established, those responsible for having allowed this unacceptable situation to develop will indeed be held responsible,” Mr. Gates said.

»As the number of service members wounded in Iraq and Afghanistan has climbed in recent years, Defense Department officials have long held up Walter Reed as a facility offering unmatched care. But the large number of patients there, currently about 650, has forced officials to rely on overflow facilities nearby more than they have in the past and has caused long waits for some treatments, officials acknowledged.»

Le scandale de l’hôpital Walter Reed, comme signe de la corruption du système médical US, est un signe de plus du délabrement, de l’incompétence et de l’irresponsabilité d’un système général incapable de conduire une petite guerre calamiteuse et illégale avec un budget équivalent à un budget de guerre mondiale. Ce signe dépasse évidemment le seul Pentagone : Irak, Katrina, l’hôpital Walter Reed, tout cela est lié par le fil rouge d’un système à bout de souffle, incapable de susciter les simples comportements humains de responsabilité et d’initiative. La façon dont les blessés retour d’Irak sont traités est scandaleuse, comme la façon dont sont traités les Irakiens, ou les détenus illégalement retenus dans les prisons US et torturés dans le cadre de programmes élaborés selon une approche systémique. Le système américaniste est ce qui s’approche le plus d’une organisation systémique et bureaucratique du pire, dans une société avancée. Le caractère insidieux de la dégradation de la civilisation et du sens individuel des responsabilités y est notablement remarquable. Que cette performance fascine les élites occidentales subverties jusqu’à la contradiction de leurs valeurs par les avancées déséquilibrées de la civilisation, juqu’à faire nommer la matrice de ce cauchemar “American Dream”, rien de plus normal sans aucun doute. Henry Miller, lui, avait compris avant nous (lire son Air-Conditioned Nightmare, 1945 — Le cauchemar climatisé dans sa traduction française).


Mis en ligne le 24 février 2007 à 18H25