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361Le G20 a eu lieu à Pittsburgh, où la vedette lui a été volée par les nouvelles iraniennes. Cette interférence correspondait assez bien au climat de la réunion, qui n’a fait qu’esquisser des mesures sans grandes portées et entériner les différences de visions, de conceptions, etc. De ce point de vue, et en écartant les références martiales au vocabulaire trotskiste, nous serions assez tentés de suivre l’analyse de WSWS.org, du 26 septembre 2009, qui note également que le sommet a définitivement entériné cette enceinte et ce format, de préférence au G8 destiné désormais à péricliter, comme enceinte pour débattre, ou ne pas débattre des problèmes économico-stratégiques.
«The Pittsburgh summit of the Group of 20 leading economies concluded Friday with the issuing of a joint communiqué contrived to mask sharpening conflicts between the major powers over policies to revive the world economy and stave off another financial meltdown.
»The major points of contention—between the US and Europe, the US and China, the so-called emerging economies of Asia and Latin America and the most powerful Western economies—were evaded in the summit declaration, ensuring that national and regional tensions will continue to fester in the coming weeks and months. […]
»The main substantive decisions taken by the summit were to continue economic stimulus measures and subsidies to the banks until the purported recovery is firmly in place—something that had been agreed by all parties in advance of the meeting—and to make the G20 group the central forum for international economic discussion, rather than the old G8 group of established industrialized countries.
»The latter decision represented an acknowledgment of the increasing weight of countries such as China, India and Brazil in world economic affairs and the relative decline of both the US and Europe. But it also, like most of the initiatives advanced by the US, was designed to strengthen the position of Washington in relation to its major European competitors, especially Germany. It is the European powers that will see the most significant dilution of their influence as a result of the replacement of the G8 by the G20.»
Tout de même, il existe quelques à-côtés qui méritent d’être mentionnés, pour situer le climat, l’enjeu, les perspectives, etc. Egalement, pour parler de la réalité…
• Le 25 septembre 2009, Reuters présentait la sommet G20, sur sa fin, comme un succès, conformément à la doctrine officielle. Comme dans les guerres dont on ne parvient pas à se débarrasser, la victoire sur la crise fut donc proclamée puisqu’il semble qu’elle ne s’imposait pas d’elle-même. «The Group of 20 rich and developing nations declared their crisis-fighting efforts a success on Friday and promised to give rising powers such as China more say in rebuilding and guiding the global economy.»
• La même agence Reuters, le même 25 septembre 2009, nous annonçait que Wall Street avait encore chuté à l’annonce des mauvaises nouvelles de l’économie, “faisant naître des questions à propos de la solidité de la reprise”. «U.S. stocks fell for a third straight day on Friday on disappointing housing and durable goods data, while Research In Motion's lackluster results dented optimism about technology spending. Economic reports showed that new orders for long-lasting U.S. manufactured goods fell by their biggest margin in seven months, while August sales of new home fell short of Wall Street's expectations, raising questions about the strength of the recovery.»
• Toujours ce 25 septembre 2009, Huffington.Post présentait une vidéo d’une interview de Neil Barkovsky, l’Inspecteur Général chargé du contrôle de l’utilisation des fonds publics dispensés (TARP) aux banques par le “plan Paulson” et tous les plans qui ont suivi – pour une somme autour de $3.000 milliards. Sa conclusion: “le système financier est aujourd’hui ‘beaucoup plus dangereux’” qu’il ne l’était avant la crise… Barkovsky se prépare à un nouvel audit des banques en octobre, le précédent datant de juillet. «During an interview with the Huffington Post Investigative Fund, Barofsky made some striking observations. Among them were: • He found hundreds of banks capable of tracking their use of the TARP money – despite claims by the U.S. Treasury that the task was impossible. • If the purpose of the TARP rescue was to increase lending, it has failed. • The U.S. financial system, now dependent on bigger and fewer banks, is shakier than ever.»
@PAYANT Pourquoi avons-nous employé le terme “des problèmes économico-stratégiques” pour caractériser le G20? Parce que, effectivement, les problèmes économiques colossaux et totalement irrésolus, sinon insolubles (le souligné gras montre notre préférence, dont on trouve des signes dans les nouvelles données en annexe ci-dessus, avec ce qui concerne le G20), ces problèmes qui ont été évoqués au G20 de Pittsburgh quittent de plus en plus cette sorte d’enceinte et le domaine de la concertation, pour s’ordonner selon les règles stratégiques, parce qu’ils révèlent de plus en plus leur dimension stratégique. Ils ne changent pas de substance mais la méthode de les traiter change, avec le facteur stratégique s’imposant et rendant plus politique la substance des problèmes qui constituent la crise. L’illusoire solidarité et la fausse coopération de la première année de la crise laissent place à la réalité des situations réelles d’affrontement, tandis que le domaine s’élargit hors de l’économie. L’intrusion de l’affaire iranienne dans le G20 était un signe puissant à cet égard. La “solidarité” des trois pays, montrée à cette occasion comme on monte un spectacle, est également illusoire, surtout faite pour masquer l’absence de solidarité du G20.
Le G20 perd toute possibilité d’exprimer une force en soi, au moment où il remplace le G8. Si ce n’avait été le cas (le G8 remplacé par le G20), la situation aurait été similaire, et le G8 aurait perdu directement “toute possibilité d’exercer une force en soi”. Désormais, le G20 va devenir le lieu où viendront être confrontées les visions et les conceptions différentes, non pour les résoudre en des compromis multilatéralistes, mais pour que les uns et les autres en soient parfaitement informés et se situent plus précisément. Cela n’empêche pas des alliances ou des proximités temporaires, selon les intérêts, voire les humeurs des uns et des autres, mais c’est l’aspect temporaire qui domine. Le délitement des capacités, de l'autorité et de la pseudo-légitimité du tissu institutionnel qui a précédé dans son installation et son fonctionnement pendant des décennies la globalisation pour l’accompagner (toutes les organisations internationales, y compris l’ONU et l’OTAN, les rassemblements semi-informels comme le G20), commence à se marquer, toutes ces institutions perdant de leur substance à la suite du délitement de la globalisation. Cela ne signifie pas que ce tissu institutionnel va disparaître ou va être complètement inutile, mais essentiellement qu’il perd très vite l’importance essentielle qu’on lui accordair. Ce cas inclut évidemment, pour un un sort similaire dans les années qui viennent, les organisations financières qui ont eu un rôle prépondérant (le FMI), et le dollar lui-même. Tout cela suit une logique de dissolution de l’ordre du monde mis en place en 1945 et après.
La question politique primordiale, aujourd’hui, notamment sous la pression des conditions de la crise économique, va concerner les cohésions internes de certains pays, au premier rang duquel les USA. Les inquiétudes pour des violences internes aux USA ne cessent de grandir (nous reviendrons très vite sur cette question), avec le phénomène Tea Party comme signe annonciateur. Le G20 a paradoxalement montré des dirigeants plus préoccupés par cet ensemble de problèmes que les questions qu’ils étaient censés discuter. De toutes les façons, quelle mesure peut-on donner d’une réunion qui se termine en affirmant que “la victoire sur la crise ” a été remportée, que la chose est implicite dans le communiqué, que ce communiqué est notamment signé par un Sarkozy qui disait, deux jours auparavant, à la tribune de l’ONU, que nous nous trouvons dans et devant une crise sans exemple dans l’Histoire et de dimensions et de forme eschatologiques?
Mis en ligne le 28 septembre 2009 à 06H25