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585522 février 2019 – Il faut voir autant qu’entendre Finkielkraut, convoqué dans les grands réseaux du Système après l’agression verbale de samedi contre lui, qui ne s’est pas déroulée comme le Système aurait voulu qu’elle fut, laisser venir la question, lui bouillant, qu’on voit et qu’on sent au bord de l’exaspération incontrôlable, et soudain explosant sur les derniers mots de son interrogatrice un peu sévère par un : « C’est ignoble ».
Ce « C’est ignoble » signale l’insurrection de l’intelligence qui refuse de tomber dans les rets de la folie.
Nous sommes à ce moment où Finkielkraut parle de l’épouvantable Schiappa qui, dans une interview de Valeurs Actuelles, met un peu, beaucoup, pas loin de “passionnément” je crois bien, sur le même pied à peu près (comme on dit “en même temps”), La Manif pour tous et les terroristes islamistes.
(Le Schiappa a parlé notamment d’« une alliance entre les gens d'extrême droite et les islamistes qui s'unissent de fait dans ce combat », elle a évoqué « une explosion des actes antisémites, mais aussi homophobes » [on sait chez qui et à cause de qui, ma chère], et elle a ajouté car on a de la mesure chez ces gens pleins de raison humaniste d’En Marche !, c’est-à-dire qu’elle a “souligné”, for the record, comme disent les Anglo-Saxons qui veulent laisser entendre l’essentiel en n’en disant pas trop qui pourrait leur être reproché plus tard : « Je ne mets pas sur le même plan la Manif pour tous et les terroristes islamistes, mais je souligne l'existence d'une convergence idéologique »... Un pseudo-labyrinthe vertigineux d’amalgame, la Schiappa.)
Voyez et écoutez Finkielkraut sur cette vidéo, c’est sur Europe n°1 mercredi soir à 19H30, c’est 01’22” de pure colère finkielkrautienne, irrésistible, comme une marée absolument d’indignation qui emporte tout, une dénonciation furieuse face à la folie pure...
« C’est ignoble... C’est ignoble ! C’est ce qu'ils veulent ! ... Ils auraient voulu que mes agresseurs ce soit La Manif pour tous, qu'ils soient à la fois contre l'avortement et contre moi ! ... Mais c’est complètement dingue ! ... Aujourd’hui il y a des profanations contre des églises et personne n’en parle... Ce serait des synagogues, tout le monde en parlerait, mais c’est aussi grave ! Non, mais cette idée est complètement folle ! » Son emportement, son indignation le font bégayer, chercher ses mots, le cher et pauvre Finky, emporté par une sainte colère contre ce qu’il identifie parfaitement comme rien d’autre que de la folie. Il termine en retrouvant en partie son calme et en développant son argumentation précise et identifiée à l’aide de quelques images dans l’air du temps qui concluent la séquence, tranchantes comme un couperet :
« Mais le grand rêve de toute une gauche bien-pensante, c'est de faire face à un seul et même ennemi, ceux qui sont contre “parent 1 et parent 2”, et ceux qui sont contre les juifs. Eh bien moi, je suis juif, et “parent 1 et parent 2”, je trouve que c'est une débilité noire ! ».
Finkielkraut, il n’y pas à hésiter, je confesse que je l’aime bien et que je l’aime beaucoup. On a eu un moment de brouille accessoire, lorsqu’il fut sonné par 9/11 et crut un peu trop à ces narrative sur la destruction d’Israël (notamment dans le chef de l’Iranien Ahmadinejad, qui pourtant n’a jamais menacé dans ce sens). En 2011 (“printemps arabe” & Cie), j’écrivais à son propos, à l’occasion d’une diatribe de Robert Fisk contre les “intellectuels occidentaux” : « ...plus de tristesse pour Finkielkraut, pauvre âme perdue depuis 9/11 dans l’aveuglement et la passion que lui impose le Système, – Israël ou pas, – et qui n’est plus que l’ombre du Finkielkraut glorieux qui avait réhabilité pour ses “amis intellectuels”, et à leur grand dam, le grand Péguy, – en 1992, “Charles Péguy, lecteur du monde moderne”. » Un texte de ce Journal-dde.crisisde 2015 montre que, lui et moi, nous nous étions complètement retrouvés depuis, à propos d’une “liste noire” de Libé (ah, la vertu du flic-dénonciateur) qui mettait en tête de Turcs comme trio infernal, Onfray, Zemmour et Finkielkraut.
Ces retrouvailles n’ont fait que se confirmer, et elles marquent bien que le désordre du monde, la désintégration de la réalité sous les coups du Système, l’agression désormais à visage découvert du Système ne laissent plus de place aux dérives de bifurcation et aux mésententes marginales. Maintenant, nous savons qui est qui, nous nous reconnaissons, et je sais que Finkielkraut est bien Finkielkraut, et que ni l’âge ni l’Académie n’ont éteint en lui cette flamme furieuse qui l’anime presque comme une sincérité juvénile qui serait trempée au feu de l’expérience.
Ce qui est d’un particulier intérêt dans cette diatribe de 01’22” où éclate toute sa frustration de ces quelques jours depuis samedi où on a tant voulu le manipuler et lui faire dire, comme on manipule l’antisémitisme, ce qu’il se refuse à dire parce qu’il est homme de bien, c’est l’idée de folie qui domine tout dans son chef pour désigner ceux que j’hésite à nommer ses “adversaires”, – justement, parce qu’ils sont fous. C’est une idée qui est développée souvent sur ce site, qui a été récemment et précisémentdéveloppée dans ce Journal.
Nous sommes conduit nécessairement, par des forces supérieures d’intuition, à cette conclusion qui sourd bruyamment des propos de Finkielkraut : ils sont « dingues », l’idée qui les conduit comme on traîne un esclave enchaîné des temps anciens et honteux est « complètement folle ! », leur volonté aveugle de déstructuration, de dissolution et d’entropisation du monde relève d’une raison totalement pervertie par la folie d’un esprit épuisée et d’un caractère faible qui ne résistent pas aux tentations du Malin. Dans cette phase ultime de l’effondrement dans une orgie de surpuissance-autodestructrice, la folie règne chez tous ces gens. Dans sa majestueuse colère, Finkielkraut les a parfaitement identifiés.
Pas de complots, pas de noir dessein patiemment et rationnellement construit, caltez volailles et allez “jouer avec cette poussière” : la folie, rien que cela, nous raconte tout... La folie a envahi le poulailler où de multiples Schiappa caquètent en cadence et en bandes dérisoires, avec enfin l’impression de penser révolutionnairement par elles-mêmes ! Le rêve du bobo en solde, montant dans sa superbe 4x4, éclaboussant d’une boue saine et réparatrice les gilets-jaunes qui osent encore montrer leurs pifs avinés, voilà ce qu’un Finkielkraut furieux voit confirmé devant ses yeux et qu’il dénonce dans un instant qui, pour moi, à l’entendre et à le voir, est un instant de “bonheur fou”.
Je veux dire, tout simplement, qu’à voir et entendre ces 01’22” de Finkielkraut, on se sent moins seul et l’on se dit : “Eh oui, c’est bien cela, ce sont bien les fous qui se sont évadés de l’asile, et ils n’ont pas réussi à me convaincre que, dans ma solitude, c’était moi le fou”.
Observez ce monde, bientôt vous serez amenés à témoigner de l’enfer de folie que fut sa chute.
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