Un homme sans avertissement

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Un homme sans avertissement

18 mars 2017 – Je vais vous parler des présidentielles France-2017, mais c’est juré, pas un mot sur Fillon et se fringues ajustées et puis tout juste une allusion ou l’autre sur Micron. Disons que ce texte marque la clôture des candidatures et confirme que je ne suis pas candidat malgré la sollicitation d’un nombre à ne pas croire de maires prêts à me donner leur soutien ; ce qui me permet enfin d’entrer dans mon sujet qui est celui de Mr. Asselineau...

C’est admis par le fait même, je réponds à l’exclamation inscrite dans le Forum du 13 courant de monsieur Nicolas Laurenceau à propos du candidat François Asselineau, président de l’UPR, qui venait à ce moment (le 10, je crois) de dépasser les 500 signatures de maires lui permettant de participer à l’élection pour la présidence de la République … Celle-là (d’exclamation) quelques jours plus tard suivie d’une autre. (*)

Voici l’intervention de monsieur Laurenceau, sous le titre « Etonnement » : « Personne ne commente la montée en puissance de celui qui va peut-être réussir à faire tomber l'Union Européenne (de façon ordonnée)? Personne ne voit qu'un homme “Antisystème” peut être à 100% basé sur des principes et à 100% crédible? https://www.youtube.com/watch?v=DlIS2pp8Qmw

» J'ai voté pour lui en 2015 (tout comme 190000 électeurs) malgré la censure complète. Cette censure est en train de lâcher maintenant qu'il a ses signatures (obligations légales de médiatisation), et la progression est exponentielle. Il a un caractère rassembleur explosif, et veut rendre la liberté à la France notamment via la triple sortie EURO UE OTAN.

» Ouvrez les yeux sur ce qui est en train de se passer, vous serez agréablement surpris ! https://www.youtube.com/watch?v=7Sor-BAf2bE»

Je crois me rappeler que ce n’était pas la première fois qu’on s’exclamait de la sorte dans le Forum... Bien que j’obtempère rarement parce qu’il n’est en rien dans mon caractère d’obtempérer de la sorte, j’eus tout de même, pour cette fois, la curiosité d’aller voir l’objet de tout ce chambard, savoir monsieur Asselineau dans ses œuvres, sur les vidéos référencées. Bien que le site dedefensa.org ne soit tenu à aucune exigence, y compris celle de tout repérer qui ait quelque importance que ce soit, parce que nous sommes protégés par notre super-“Premier Amendement” à nous, qui est l’argument et la vertu de l’inconnaissance, je reconnais bien volontiers que je n’ai pas vraiment perdu mon temps, qu’il est assez sympathique d’être conduit à repérer et à identifier un OVNI de cette qualité. Il est vrai qu’Asselineau, qui n’a pas froid aux yeux, qui a du souffle et une mémoire éléphantesque de ses dossiers et des réparties méritées par les sociétaires de la presseSystème (sa conférence de presse est impeccable, sinon implacable), Asselineau est ce qu’on nomme, dans nos contrées migratoires et encombrées de faux-nez et d’empaillés, un oiseau rare.

Il ne paye pas de mine, le bonhomme ; il n’a guère de charisme, comme l’on dit aujourd’hui, ce n’est ni le type-people ni le type-orateur fantasy-blingbling ; bref, il n’a rien pour séduire la “société du spectacle”, et Hollywood ainsi que Barack H. Obama n’en ont que faire. Il nous a semblé, disent les causeuses et causeurs LGTBQ+ avec un soupçon de soupçon, qu’il est du genre masculin sans particularité sexy. Il a juste la capacité d’enfoncer dans un bruit de tonnerre les portes ouvertes et absolument interdites par la censure-Système, et de siffloter paisiblement et aimablement sur l’air de “le roi est nu” ; bref, la capacité d’apparaître finalement comme un candidat qui est vraiment une surprise qui peut nous en réserver de belles, si le sort ne lui règle pas son compte décisivement, soit par l’opération habituelle du non-être, soit par l’option nucléaire de la diabolisation. (Son Wikipédia est déjà écrit dans cette intention, plein de “dit-on”, de “peut-être“, de “sans doute” qui donneraient assez d’encre à moudre pour une bonne narrative pleine de FakeNews, façonnée par les petites mains empressées et flicardes de la presseSystème pour en faire un hitléro-fasciste bon pour le poteau.) Comme moi-même l’ait été, je l’avoue platement et sans barguigner mais non sans jubilation ironique, le Système a été pris de court pour lui avoir laissé dépasser les 500 signatures de soutien sans retard, ni aide institutionnalisée ni véritable effort. Il est vrai que des coups pareils qu’on n’a pas vu venir et qui en disent long sur le climat latent de notre “cher vieux et pays” profond, c’est pour le coup jubilatoire et estampillé antiSystème.

... Je veux dire par là qu’Asselineau est complètement stupéfiant par sa capacité de dire calmement “le premier jour que je passerai à l’Elysée, je signerai une lettre où j’aviserai nos amis pays-membres de l’UE que j’active au nom de la France l’Article 50”, autrement dit Frexit en menu complet (sortie de l’euro et de l’UE) sans autre forme de procès ; et là-dessus, sortie de l’OTAN, sans excessifs tambours-et-trompettes, simplement comme si cela allait de soi. Il critique vertement ses candidats-compagnons, ceux qui se disent prétendument anti-UE et qui proposent une “renégociation des traités”, manœuvre absolument impossible puisqu’il faut avoir l’accord de 56 corps constitués (les 28 chefs d’États ou de gouvernement des pays-membres, et les 28 Parlements correspondants). Il a raison, ce brave homme, il-faut-rompre, d’un coup sec et sans nécessité d’élever la voix : le bois mort, c'est comme ça qu'on le traite.

Bien, nous verrons bien ce qu’il en restera au cours de cette campagne électorale de tous les désordres alignés en bon ordre comme à la parade, où tout est bien sûr écrit d’avance jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que c’est certes écrit mais en sanskrit, et donc qu'on comprend à l'envers et que s’accumulent erreurs d’aiguillage sur erreurs de montage. Je dois dire que j’ai été particulièrement marqué, moi, d’entendre Mélanchon, dit la Merluche, faire une interview assez détaillée sans hurler ni vitupérer avec ses sarcasmes époustouflants et ses envolées lyriques, mais plutôt en chuchotant. (**) C’est inhabituel bien que nécessité par le fait que l’interview avait lieu lors d’une émission de sa chaîne de TV-perso qui a un très gros succès ; c’était une nécessité technique, me dira-t-on, mais cela sonnait à la fois si juste et si inhabituel, de voir la Merluche parler sur ce ton à la fois de comploteur, d’un sérieux d’un connaisseur de secrets, de la confidentialité pleine d’une sorte de méditation... Et ce qu’il disait, qui valait pour lui dans son chef, mais qui vaut pour tout le monde en vérité, y compris un Asselineau-par-surprise, c’est que rien n’est fait ni décidé, que l’électorat est extraordinairement flottant et indécis, que tout tout se décidera dans la dernière semaine, voire dans les derniers jours de la campagne... Cela voulait dire : attendez-vous à des surprises que personne, personne n’aura vu venir... Et l’on avait envie d’ajouter : et encore à des surprises que personne ne verra venir, après les surprises que personne n’a vues venir.

La question n’est pas de savoir s’il existe de grands courants de fond qui s’ébrouent et cherchent à s’exprimer, ni s’il existe des forces hors de notre contrôle qui peuvent et veulent se manifester. Ceci et cela, c’est l’évidence, une évidence dans laquelle vous pourriez mettre cinquante ou cent candidats type-Micron sans que la possibilité d’une surprise n’en soit altérée en rien, au contraire, renforçant encore la possibilité d’une surprise. Cette campagne française du printemps 2017 est tellement brouillonne-bouillonnante, qu’on ne peut échapper à l’image qu’il s’agit d’un immense brouillon, quelque chose d’informe, sans aucun sens ni direction bien réelle ; un brouillon d’on ne sait quel texte, bien entendu, un texte qu’il reste à écrire, directement traduit du sanskrit de la tradition...

Atmosphère de complète dissolution, d’entonnoirs tournoyant, de sens-dessus-dessous d’où pourrait bien sortir l’inattendu, une Vérité Première comme les flammes de l’enfer, un Asselineau comme une crise de régime. C’est vrai ça, lors de cette émission où l’on entendit la Merluche chuchoter, ils étaient nombreux, les commentateurs-journalistes, à se tailler le bout de gras à propos d’un troisième tour en forme de “crise de régime”...

 

Notes

(*) Entretemps, après que j’ai eu commencé ce texte, un autre partisan de Mr. Asselineau est venu sonner à la porte de dedefensa.org pour déposer son bulletin dans l’urne, ou disons son commentaire enflammé sur le Forum. Respectant l’antériorité, je ne le cite pas directement dans le texte pour n’en pas trop charger la lecture et il me pardonnera puisque son vœu principal (parler d’Asselineau) est rencontré. Voici le texte de monsieur Hourya Slimani, du 16 mars, qui m’admoneste également... Effectivement, je reconnais la justesse d’une des remarques d’Asselineau lors d’une intervention, qui parle de l’extrême engagement et de la pugnacité de ses adhérents.

« Pensez-vous que sortir unilatéralement de l'euro, de l'Union Européenne par l'article 50 du TUE ainsi que de l'OTAN par l'article 13 du traité de l' Atlantique soit suffisamment anti-systême ? De plus par un candidat qui s'est fait connaître uniquement  par internet et le bouche à oreille dont le parti est devenu le 4ème ou 5ème parti politique français (18500 adhérents ce jour) en étant connu de moins de 5% de la population. Je pense Mr Grasset qu'en ne vous intéressant pas au phénomène UPR et François Asselineau, vous ne passiez à côté d'un mouvement de fond qui a débuté il y a 10 ans le 25 mars 2007 jour du congrès fondateur de ce parti. Je vous invite à regarder la conférence de presse de candidature suite à l'obtention des 500 parrainages, ainsi que la présentation des programmes présidentiel et législatif pour comprendre pourquoi ce type fait un tabac sur le net et pourquoi le Système le boycotte depuis 10 ans. »

(**) C’était au cours de l’émission de Calvi sur LCI, mercredi dernier je crois, avec une vidéo d’un Mélenchon très concentré sur son travail.