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1037La querelle sur l’entrée de la Turquie dans l’UE n’est pas d’une actualité brûlante, d’autant que diverses indications montrent que la Turquie est désormais moins intéressée par cette perspective et se tournerait plutôt vers une zone d’action et d’influence allant de son Sud-Est à son Nord-Est, du Moyen-Orient quand il devient Caucase, vers la Mer Noire et vers la Russie. Mais voilà que la querelle sur l’entrée de la Turquie dans l’UE devient d’une actualité brûlante quand elle est l’occasion d’un accrochage entre deux amis aussi notoirement proches, dans tous les cas depuis au moins quatre jours, que Sarkozy et Obama.
Les Britanniques, spécialistes du genre, n’ont pas manqué de commenter l’incident, cela suivant la démarche attentive du Foreign Office à mettre en évidence tout ce qui fait désaccord entre les pays de l’UE, surtout la France mais pas l'Angleterre of course, et les USA. (Les Britanniques continuent à entretenir l'affirmation impérative qu'ils sont les seuls interlocuteurs possibles des USA en Europe.) Ainsi le texte du Times du 6 avril 2009 est-il exemplaire de la ligne d’influence britannique à cet égard.
«The love-in between Nicolas Sarkozy and Barack Obama proved short-lived after the French President warned his US counterpart yesterday to keep his nose out of the issue of Turkey’s membership of the European Union.
»President Obama used his first EU-US summit, on the eve of his visit to Turkey, to encourage European leaders to embrace the Muslim country and “anchor it in Europe”. However, Mr Sarkozy, a long-standing opponent of full membership for Turkey, rebuffed the US leader in language that seemed to sour the revival of Franco-US relations.
»Support for Turkey in joining the EU, a process that it began formally in 2005 and hopes to complete before 2020, has long been an American foreign policy goal. Mr Obama, who flew to Turkey last night, clearly wanted to leave on a positive note. He told EU leaders: “The United States and Europe must approach Muslims as our friends, neighbours and partners in fighting injustice, intolerance and violence. “Moving forward towards Turkish membership in the EU would be an important signal of your commitment to this agenda and ensure that we continue to anchor Turkey firmly in Europe.”
»Mr Sarkozy, who has talked of offering Turkey a privileged partnership rather than membership, did not wait to hit back. “I have been working hand in hand with President Obama but when it comes to the European Union it is up to member states of the European Union to decide [on membership],” Mr Sarkozy said in an interview on French television. “I have always been opposed to this entry and I remain opposed,” he added.»
La réaction de Sarkozy a été perçue comme extrêmement dure par les milieux institutionnels européens, qui estiment que l’intervention d’Obama n’était nullement conçue, justement, comme “interventionniste” mais plutôt destinée à s’inscrire dans un cadre plus large, un cadre très occidental d’apaisement des relations avec le monde musulman. L’intervention d’Obama n’était pas concertée avec la Turquie, mais relevait d’une initiative US dans ce sens d’un “cadre occidental”. Manifestement, il y a eu une différence d’interprétation avec les Français. Notre appréciation est que, si la France n’avait pas annoncé son retour dans l’OTAN deux jours avant la déclaration d’Obama, la réaction française n’aurait pas été aussi vive.
Cet incident fait partie, à notre sens, de l’effet dont nous mettons en évidence la possibilité, voire la probabilité dans notre texte sur le retour de la France dans l’OTAN, mis en ligne le 3 avril 2009. Pour ne pas prêter le flanc à l’accusation d’alignement sur les USA, il importe d’autant plus à Sarkozy de réaffirmer désormais à toutes les occasions une posture indépendante et souveraine, – que ce soit la souveraineté française ou la “souveraineté” européenne… Nous ne disons pas que cette attitude (réaction à l’intervention d’Obama) était préméditée explicitement dans ce sens, nous disons qu’elle fait partie de ce qui sera désormais une plus grande sensibilité française à tout ce qui peut paraître dommageable à l’image d’indépendance et de souveraineté; même s’il y a l’apparence d’excellents rapports entre Obama et Sarkozy, ceux-ci ne doivent pas pouvoir paraître interférer sur l’affirmation de l’indépendance française. Certes, il s’agit de “posture” et d’“image” mais, dans cette époque de communication, on en sait l’importance considérable.
Mis en ligne le 7 avril 2009 à 10H51
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