Un jour pour leur mémoire

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Les Américains avaient hier leur Memorial Day, le premier depuis le départ de l’administration Bush au cours de laquelle furent lancées ces guerres dont les morts étaient salués hier. On peut objecter qu’il ne s’agissait de saluer que des morts américains alors que ces guerres ont causé tant de morts non-américains, mais le Memorial Day est institué pour cela. Il fut aussi l’occasion de réflexions dépouillées de toute polémique, de toute acrimonie politique, simplement accordées au fait même de cette catastrophe que constitue la période en question.

Steve Clemons, du site The Washington Note, a publié hier, ce 25 mai 2009, une courte réflexion qui mérite une mention. L’habitude, avec ce chroniqueur qui pratique bien l’analyse politique, est le maniement de la nuance, le refus des anathèmes, la mesure, les jugements balancés… Cette fois, le propos est simple et il est catégorique; il embrasse bien, sans excès de langage, cet aspect catastrophique dont nous parlons; il constate, sans qu’il soit utile d’argumenter, l’évidence de l’absurdité de cette politique et des souffrances qu’elle entraîne.

Clemons a choisi, pour illustrer son propos, un mort parmi d’autres, mais un destin particulièrement tragique selon les circonstances familiales de la victime. Il s’agit du lieutenant Andrew Bacevich Jr., tué à Bagdad le 13 mai 2007; il était le fils du professeur et historien Andrew J. Bacevich, qui s’est battu dès l’origine contre la guerre en Irak qu’il jugeait illégale, cruelle et inutile; le professeur Bacevich n’a pas tenté d’user de son influence pour éviter à son fils d’aller se battre dans une guerre que lui-même condamnait, il ne lui a pas trouvé “d’autres priorités” (dixit Cheney quand il choisit de faire en sorte d’éviter d’aller au Vietnam).

Le texte de Clemons mérite lecture et citation. Il équilibre avec une grande sensibilité le respect qu’un citoyen doit montrer sans restriction pour le sacrifice des soldats morts pour son propre pays, et le jugement sévère pour ceux qui ont engagé ces conflits absurdes où ces soldats furent tués. Il nous donne une appréciation nourrie par l’émotion mais nullement exempte d’enseignements politiques sur une époque, et sur le système qui en fut le principal moteur, qui ont perverti dans l’esprit de certains la notion de sacrifice en la mettant au service de causes et de politiques absurdes et catastrophiques.

«The United States is engaged in too many wars at the same time and is convincing too many other nation states that it cannot achieve the ends it sets out for itself.

»The military limits America has exposed in its Iraq and Afghanistan engagements; the moral mistakes the US military and Bush administration made in Bagram, Guantanamo, and Abu Ghraib; and the audacity of American structural corruption that resulted in the export of toxic financial products to the rest of the world have generated doubt in the minds of allies that America can realistically support them – and have animated the ambitions of foes.

»North Korea is testing America – just like Joe Biden said would happen.

»One of the great thinkers about the implosion of American power in the world is Boston University defense thinker Andrew Bacevich whose book ‘The Limits of Power: The End of American Exceptionalism’ is a should read.

»His son, Andrew Bacevich Jr. […] was killed in Iraq, one of our current wars that I believe has undermined America's place in the world and its global leverage – not increased it.

»But I want to remember Bacevich and the many who have sacrificed for the country. I have friends in the military deployed in the Middle East now – and I wish they were back home. These soldiers do deserve our respect – but like Bacevich Jr.'s father, I believe that our current conflicts are doing the nation great harm.

»Memorial Day does not mean embracing wars and conflicts that set back the interests of the nation in some shallow gesture of patriotism – but Memorial Day should mean paying respect to those who have sacrificed greatly for the nation, even if that sacrifice should not have been demanded by our leaders.»


Mis en ligne le 26 mai 2009 à 09H53