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697Les derniers événements politiques aux USA, l’année électorale USA-2016, les menaces rupturielles extrêmement précises qui pèsent sur le pays, ont mis en évidence un groupe politique très spécifiquement américain (et non “américaniste”) : les libertariens. Ce groupe n’a pas vraiment été représenté par le candidat justement dit “libertarien” (Gary Johnson), et bien que son programme puisse se réclamer des grandes lignes du mouvement ; en fait, bien qu’il y ait un “parti libertatien” depuis 1972, les libertariens restent extrêmement indociles du point de vue politique, et d’une certaine façon répugnent à se regrouper en un parti.
Cette attitude serait d’ailleurs assez en accord avec la “doctrine” libertarienne qui est pour une décentralisation maximale et un rôle du “centre” réduit au minimum avec un renforcement décisif des droits des États de l’Union, une tendance sécessionniste bien entendu, une posture isolationniste, etc., et d’une façon générale un point de vue et une perception des USA qui les apparentent naturellement aux divers mouvements populistes qui sont une spécialité US. Il n’empêche, ou bien justement à cause de tout cela, qu’aujourd’hui leur état d’esprit a une grande place dans la pensée politique US depuis que l’apparition de Trump a montré qu’il devenait nécessaire qu’une architecture intellectuelle se mette en place pour s’opposer aux neocons si l’on veut prendre les choses par le petit bout de la lorgnette, et aux globalistes si l’on veut être sérieux...
Les libertariens américains (et non américanistes) n’ont pas d’équivalents en Europe parce qu’ils dépendent d’une histoire totalement étrangère aux grands principes de la politique de la civilisation européenne, du fait de la géographie, de la dimension continentale des USA, de la fausseté originelle de la création des USA (et, de ce fait, de la trahison du localisme démocratique de Jefferson, ancêtre de ce que les libertariens ont de plus “américain”). Lorsque vous lisez ou entendez Justin Raimondo, Ron Paul ou Rand Paul (tel qu’il devient), vous n’avez certainement pas l’impression d’une unité organique et partisane mais sans aucun doute d’une unité critique extrêmement vive et, finalement, paradoxalement constructive : les libertariens vivent fondamentalement sur tout ce qui a été fait depuis 1787-1788 par des “Pères Fondateurs” sous l’influence d’Hamilton comme l’on vit sous l’empire d’une trahison. (Jefferson, ambassadeur des USA à Paris de 1785 à 1790, manqua tous les débats et la construction de l’édifice constitutionnel des USA, avec la rédaction et l’adoption de la Constitution ouvrant la voie au fédéralisme centraliste puis impérialiste.)
Pour cette raison, les libertariens ont suivi Trump avec intérêt durant toute la campagne, tout en détestant nécessairement certains aspects du personnage, de sa carrière, de ses habitudes, de son éventuelle politique. Ils ont adoré les coups que Trump a porté à l’establishment, qu’il l’ait voulu ou pas, et également adoré combien la gauche progressiste-sociétale, – grande ennemie du libertarien parce qu’étatiste et centralisatrice, – s’est découverte pour ce qu’elle est, sous sa forme globaliste d’hypergauche, aile marchante de l’hypercapitalisme : « En d’autres mots, nous avons trouvé dans la gauche absolument tout ce que la gauche reproche à Trump : l’intolérance, la haine des gens qui ne sont pas comme eux, l’autoritarisme, le sectarisme complet de la pensée, et un grand appétit pour la violence... »
Ces jugements sont de Llewellyn H. Rockwell Jr., grand ami de Ron Paul et l’un des inspirateurs des libertariens en-dehors de tout cadre partisan. Le site de son institut LewRockwell.com abrite un blog fameux où l’on trouve les meilleurs signatures de la traditionnelle excellence historienne libertarienne, qui est le caractère essentiel et très paradoxal de ce mouvement qui se voudrait d’abord économique selon un libéralisme maximal. La réalité américaine, contre l’américanisme venue du Système et opérationnalisant la globalisation, fait que les libertariens donnent surtout d’excellents historiens, sans doute pour tenter de rétablir les vérités de l’origine ; de même qu’ils se constituent quand il le faut en redoutables polémistes qui n’ont de plus grand adversaire que l’establishment, justement parce qu’ils jugent que les USA sont d’abord, à l’origine, une trahison historique de ce qu’ils (les USA) ont prétendu être...
(On peut penser que le redoutable Henry L. Mencken [dit H.L. Mencken], ce critique-auteur-journaliste mort en 1947, inclassable, sans-parti, découvreur et traducteur de Nietzsche aux USA, soutien sans faille du mouvement “noir” dans les années 1930 [la littérature policière “noire” type-Dashiel Hammett], critique absolu de la démocratie américaine, est de la sorte d’esprit qui anime les libertariens, de cette pensée américaine originelle qui s’estime trahie depuis l’origine parce que l’Amérique fut exactement ce que Jacques Barzun en dit : « S’il y en avait un, le but de la Guerre d’Indépendance américaine était réactionnaire: “Le retour au bon vieux temps!” Les contribuables, les élus, les marchands et négociants, les propriétaires voulaient un retour aux conditions existantes avant l’établissement de la nouvelle politique anglaise. Les références renvoyaient aux droits classiques et immémoriaux des Britanniques : autogouvernement par le biais de représentants et d’impôts garantis par les assemblées locales, et nullement désignées arbitrairement par le roi. Aucune nouvelle idée suggérant un déplacement des formes et des structures du pouvoir – la marque des révolutions – ne fut proclamée. Les 28 affronts reprochés au roi George avaient déjà été souvent cités en Angleterre. Le langage de la Déclaration d’Indépendance est celui de la protestation contre des abus de pouvoir, et nullement celui d’une proposition pour refonder le gouvernement sur de nouveaux principes. »)
Nous estimons très logiquement par rapport à ce qui précède que ce texte de Lew Rockwell (pour faite court pour le prénom), qui est une appréciation du phénomène Trump, dégagée de toutes les supputations sur les événements actuels, sur les perspectives, etc., que ce jugement est d’un intérêt certain. Rockwell n’aime pas précisément Trump mais il exulte littéralement à la pensée de ce que Trump, “un des leurs” après tout, fait subir à tous les barons de l’establishment en fait de trouille kilométrique et de panique hystérique sans cesse renouvelée... (Texte du 15 décembre 2016 sur le site du Mises Institute.)
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Amid all the hysteria surrounding Donald Trump, clear and sober analyses of who he is and what to expect have been few and far between.
I’ve already seen numerous progressives warning that Trump intends to eviscerate entitlements. It’s as if facts never enter the progressive consciousness. Their opponents are an undifferentiated blob and hold what progressives take to be generically right-wing positions.
Only this robotic approach to politics can account for why progressives seem to think Donald Trump, by far the most pro-LGBT GOP nominee in history, intends to harm homosexuals, or that despite his repeated assurances that he wants nothing more than to shore up entitlements, he intends to cut them sharply.
As anyone who isn’t tone deaf when it comes to American politics knows, nobody in public life favors cutting back entitlements. What the left has to worry about isn’t budget-cutting Republicans. It’s making complete fools of themselves with hysterical predictions anyone in his right mind knows will never come true.
For one thing, to think Trump’s aim is to eviscerate entitlements is to misunderstand the Trump phenomenon altogether.
During the presidential campaign, a number of observers, trying to understand the Trump phenomenon, suddenly discovered the work of Sam Francis, an author and newspaper columnist, from 25 years earlier. Francis wrote about what he called Middle American Radicals (MARs).
The MARs hold political correctness in precisely the same contempt that Hollywood, the media, and the political class hold them. They are not rigidly ideological, nor even ideological at all. While in general, they support private property and the US Constitution, they are not philosophically opposed to business regulation, they believe free trade has made them worse off, and they have no interest at all in cutting Social Security and Medicare. And they are anti-globalist.
At the time Francis wrote about them, his analysis seemed off: if these people existed in the numbers he suggested, how were people like Bob Dole getting the GOP nomination?
The 2016 election, at last, vindicated the Francis analysis. The MARs came out in droves, despite the most relentless attack on their candidate by the media and cultural elite anyone can remember.
Now in this non-libertarian milieu, what might a libertarian reasonably hope for, while of course bracing himself for the usual horrors? Primarily these: (1) de-escalation of tension with Russia; (2) lower corporate taxes; (3) regulatory relief.
In a speech just days ago, Trump summarized his foreign policy. He still wants to fight ISIS. But he went on to say, “We will pursue a new foreign policy that finally learns from the mistakes of the past. We will stop looking to topple regimes and overthrow governments, folks.”
Now you might think a speech so at odds with the past half-century of bipartisan interventionism would get some media attention and be discussed for days.
You’d think that if you’d had no previous exposure to the American media. That aspect of the speech was picked up on by the alt-media, and that’s about it.
But more than that, Trump’s election destroyed two American crime families in one fell swoop: the Clintons and the Bushes. If you’re not cheering this, you darn well should be.
Then, too, the Trump phenomenon brought media bias into the open more starkly than ever. There are people who think second- and third-generation Mexican-American citizens are about to be deported, or who actually fear the confinement of blacks and homosexuals in camps. That didn’t come from anything Trump said. That is entirely the work of the media and the Social Justice Warriors.
Speaking of the SJWs, the lunacy on the campuses is being captured on YouTube for normal people to see. The SJWs are trying to portray themselves as victims of Trump’s authoritarian followers. But how many of their professors have had their lectures disrupted?
How many Bernie or Hillary rallies had to be canceled out of security fears?
How many people have been beaten up for wearing a Hillary hat? (All right, that one wasn’t fair: no one has ever worn a Hillary hat.)
When was the last time an SJW event was disrupted by libertarians or conservatives?
Teachers — even entire teachers’ unions — have distributed anti-Trump curricula for use in the government’s schools. When was the last time anti-Democrat curricula were proposed for use in government schools?
And let me recall: which candidate was it whose party was caught on tape describing its practice of hiring provocateurs to try to provoke violence?
The violent behavior not of Trump supporters — the alleged wave of Trump-inspired hate crimes being a figment of the media’s imagination — but of Trump opponents is on full display.
In other words, we find in the left every single feature it claims to find in Trump supporters — intolerance, hatred of people unlike themselves, authoritarianism, closed-mindedness, and an appetite for violence.
And this has all been exposed more clearly than ever before for the general public to see.
To get to where we want to go, the American political class has to be hit hard, and the media and the universities need to be exposed for the propaganda factories they are.
Has Trump accomplished these tasks completely and perfectly? Obviously not. As his appointments show, he himself remains far too attached to the establishment he seemed to be railing against. And apart from a few high-profile opinions, his approach to government is, after all, pretty conventional, though the media and the academics can’t bring themselves to admit it.
That’s because, as we’ve said all along, Trump is obviously not a libertarian. Neither are most Americans.
So the Trump years will, no doubt, include their share of statist idiocy and outrages. That’s been true of every presidential administration any of us living today can remember.
But it’s unreasonable to expect the changes we hope for to occur according to a neat playbook. Presumably, we all assumed that before we could reach the libertarian goal we’re striving for, the major institutions that have poisoned the public mind against liberty would have to be shaken up, and the public alerted to their true nature, one way or another.
That process is being at least partly accomplished, and it’s all to the good. That doesn’t make Trump a libertarian. But it does make the discomfort and horror of the elites something to cheer.
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