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25 avril 2004 — Restons attentifs aux commentaires de Thomas Friedman, qui relaie souvent, pour les tester, certaines pensées officieuses des “officiels” de l’administration, ou, encore plus souvent, de l’establishment washingtonien dans un sens plus large. D’où l’intérêt de son commentaire du jour.
Sous un titre assez anodin (« The 3 most likely scenarios in Iraq » dans l’édition IHT, « Rue John Kennedy » dans l’édition du New York Times), Friedman nous confie tout de même une conviction qui est, par les temps qui courent, pour le moins révolutionnaire : « Here's the good news: I doubt we will be in Iraq a year from now — certainly not in large numbers »
Friedman nous offre trois scénarios. Aucun n’est particulièrement glorieux pour les États-Unis et leurs ambitions d’empire civilisateur et de faiseur de démocratie. Le temps de prendre des gants est fini.
« We are now in the middle of a low-grade civil war in Iraq for who will control the place after we leave. That's the bad news. Here's the good news: I doubt we will be in Iraq a year from now — certainly not in large numbers. One of three things is likely to happen. First, the security and economic situations could continue to spiral downward, creating a Mogadishu-like situation in which we will have to fight our way out.
» Second, we might manage, with the help of the United Nations, to organize a reasonably legitimate Iraqi caretaker government to which we can hand ''limited'' sovereignty on June 30. But that won't stop our opponents. They will go on attacking U.S. forces to provoke a U.S. retaliation that will embarrass the caretaker government, make its leaders look like our stooges and pressure it to throw the United States out.
» Third, the least-bad scenario is that we will be able to stick it out and, with the United Nations, conduct a decent election by the end of the year that brings a legitimate Shiite-led Iraqi government to power. I doubt that such a government is going to want to have U.S. troops protecting it for very long, and it will either invite us to leave gradually or insist that we put our forces under a UN umbrella. »
Cette intervention de Friedman est un bon thermomètre. Elle indique que le climat à Washington est de plus en plus désenchanté, non seulement sur l’affaire irakienne, mais plus généralement sur la politique expansionniste et militariste actuellement conduite. Elle ne signifie pas que la moindre décision est prise pour un retrait, mais plutôt que la psychologie évolue désormais très sérieusement, que le débat sur le retrait est officieusement ouvert et que de nouveaux coups de boutoir ou simplement la poursuite de l’actuel processus d’aggravation de la situation pourraient précipiter une décision de retrait. En d’autres mots, la question posée le 7 avril par Patrick Buchanan à propos de l’Irak : « Is Failure Now an Option? » peut désormais recevoir, sans hésiter, une réponse positive.