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27 mars 2003 — Il nous est arrivé d’utiliser en le relayant pour l’un ou l’autre texte le site antiwar américain YellowTimes.org. Depuis trois jours, nous avions remarqué l’impossibilité d’y accéder. Le site WSWS.org vient de donner l’explication de ces difficultés dans un texte publié hier, et que nous reproduisons ci-dessous intégralement, pour mieux présenter l’information (le texte est de Henry Michaels, collaborateur de WSWS.org, et nous le publions avec les restrictions d’usage quant à la forme de cette démarche d’emprunt) :
« While the major US media outlets have readily complied with Pentagon requests not to show footage and pictures of captured or dead American soldiers, one US-based web site has been shut down by its Internet provider, VortechHosting.com, for showing the images.
» YellowTimes.org, a six-month-old antiwar and media criticism site, first reported that it was temporarily shut down Sunday night for publishing “inappropriate graphic material.” After removing pictures of civilian Iraqi deaths and injuries, along with photos of the American POWs, the site was allowed to re-appear.
» However, the site has since been closed down again, together with its email facilities. In a message to the site’s publisher Erich Marquardt, Vortech Hosting referred directly to the Pentagon-requested policy adopted by the major networks:
» “As ‘NO’ TV station in the US is allowing any dead US solders or POWs to be displayed ... we will not either. We understand free press and all, but we don’t want someone’s family member to see them on some site. It is disrespectful, tacky & disgusting. No mother, brother, sister, wife or child should see their loved one plastered all over the net wounded or dead.”
» Marquardt told the WSWS he did not believe that Vortech, a private company operating from Orlando, Florida, had acted under direct official pressure, because he had no evidence to suggest that was the case. Nevertheless, the site’s closure is a blatant violation of the constitutional right of free speech and a direct product of the government’s campaign of censorship.
» VortechHosting is the second provider company to shut down YellowTimes. In February, another company claimed that the site was using too many of its resources, after the site published an article by Imad Khadduri, a former Iraqi nuclear scientist.
» Khadduri, who was instrumental in Iraq’s nuclear weapons program in the 1980s and early 1990s, charged that allegations by US Secretary of State Colin Powell and others concerning the competence and progress of the Iraqi nuclear weapons program were baseless and untrue. »
... Aujourd’hui, quand nous allons sur le site YellowTimes, nous y lisons l’inscription suivante : « Welcome to YellowTimes.org. Currently our site is down while we upgrade our servers. — Please check back in a few days. — Thank you. — YellowTimes.org. » Il est donc probable que YellowTimes rouvre son site, et on espère prochainement. Bien entendu, nous attendons avec impatience cette réouverture car le matériel que YellowTimes met en ligne nous est précis et contribue à entretenir le courant de liberté sur Internet.
Pour le reste, qu’est-ce que nous dit cette aventure, — outre que les USA et Internet sont sous un régime de liberté drôlement surveillée, pas loin d’être une censure de fer dans un gant de velours un peu rêche, ce que nous n’ignorions plus ? Cette aventure nous dit que les processus de la censure sont effectivement d’influence et de conformisme, de façon à ce que soient conservées saines et sauves les bonnes consciences et l’apparence des lois fondamentales (c’est-à-dire la lettre de la loi, l’esprit de la loi étant, lui, systématiquement violé). C’est à la fois une hypocrisie et une chance, — ce qui conduit à recommander de ne pas être dupe de la première et de profiter sans le moindre soupçon de vergogne de la seconde.
Cela confirme le climat et les perspectives aux États-Unis : un conformisme massif en faveur du gouvernement de la part, c’est-à-dire de l’opinion officielle soutenue par la force et très souvent relayée par les pouvoirs d’argent et en général par les structures liées de près ou de loin au pouvoir. Mais cette situation n’est pas générale, en ce sens qu’elle n’est pas systématique. (D’autres sites ont publié des photos de prisonniers US en Irak et n’ont pas été fermés par leurs serveurs.) L’attaque contre les libertés civiles, notamment contre les réseaux non-conformistes et dissidents, est retenue au tout dernier moment par la nécessité de respecter les grandes lignes de la loi, — conformisme pour conformisme, le pouvoir est aussi obligé de s’y conformer (!) pour ne pas perdre ce qui lui reste de réputation, et, ainsi, ne pas se mettre en mauvaise posture vis-à-vis du public (des sondages), ce qui constitue aux USA un handicap de crédibilité insurmontable. L’esprit de la censure est là mais l’application n’est pas facile ; s’il s’agit effectivement de quelque chose qui n’est “pas loin d’être une censure de fer”, cela ne l’est pas tout à fait en dépit de la corruption psychologique accomplie des dirigeants.