Un sujet majeur de mésentente entre Britanniques et Américains : les livraisons d’armes iraniennes en Irak

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Il existe un sujet majeur de mésentente entre Britanniques et Américains. Il n’est pas exposé comme une mésentente ; simplement, les deux versions “cohabitent” sans jamais vraiment être confrontées. Elles sont pourtant diamétralement opposées.

Les Américains affirment que les Iraniens ravitaillent massivement et régulièrement les “insurgés” irakiens en armes et munitions. Les Britanniques affirment le contraire. Un article (4 octobre) du Washington Post expose cette mésentente de façon très précise.

«Britain, whose forces have had responsibility for security in southeastern Iraq since the war began, has found nothing to support the Americans' contention that Iran is providing weapons and training in Iraq, several senior military officials said.

»“I have not myself seen any evidence — and I don't think any evidence exists — of government-supported or instigated” armed support on Iran's part in Iraq, British Defense Secretary Des Browne said in an interview in Baghdad in late August.

»“It's a question of intelligence versus evidence,” […] Brig. James Everard of Britain's 20th Armored Brigade, said last month at his base in the southern region's capital, Basra. “One hears word of mouth, but one has to see it with one's own eyes. These are serious consequences, aren't they?”

»They are. Allegations that Iran or its agents are providing military support for Iraqi Shiite Muslim militias and other armed groups is one of the most contentious issues raising tensions between Washington and Tehran. Most gravely, U.S. generals and diplomats accuse Iran of providing infrared triggers for special explosives that are capable of piercing heavy armor.

»Evidence of Iranian armed intervention in Iraq is “irrefutable,” one U.S. commander in Iraq, Brig. Gen. Michael Barbero, told Pentagon reporters in August. The lead U.S. military spokesman in Iraq renews the allegation almost weekly in Baghdad.

»Iraq's remote Maysan province is “a funnel for Iranian munitions,” said Wayne White, who led the State Department's Iraq intelligence team during the war and now is an adjunct scholar at the Washington-based Middle East Institute. White said that in the first year of the occupation a well-placed friend had seen “considerable physical evidence of it, and just about everyone in al-Amarah knew about it.” Al-Amarah is the commonly used name of Maysan province. (…)

«But Maj. Dominic Roberts of the Queen's Dragoons said: “We have found no credible evidence to suggest there is weapons smuggling across the border.”»

C’est un sujet important de mésentente. S’il s’agit à première vue d’une question opérationnelle et d’une question de simples faits (ou “evidence”), sa dimension politique est très réelle. La question de l’aide iranienne aux “insurgés” pourrait être utilisée comme un des arguments de soutien les plus importants en cas d’une attaque US contre l’Iran. Il s’agirait même d’un argument opérationnel central en cas d’option d’attaque US plus limitée, servant comme “avertissement” aux Iraniens. Dans ce cas, on se trouve dans un cas classique de “droit de suite”, utilisé notamment par les Français contre des forces (l’ALN) du FLN algérien stationnées en Tunisie, ou par les Américains eux-mêmes contre le Cambodge et le Laos durant la guerre du Viet-nâm.

Aux USA, un tel argument aurait un effet émotionnel et politique évident et très fort en raison de l’importance pour les Américains du conflit irakien et des pertes US.

Dans cette perspective, la mésentente américano-britannique prend elle-même une dimension très particulière et intéressante. Elle peut laisser présager, dans certaines hypothèses de situations extrêmes, des tensions sérieuses entre les deux alliés, voire un désaccord complet sur une possibilité d’action contre l’Iran.


Mis en ligne le 6 octobre 2006 à 12H54