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1418C’est plutôt comme un symbole que comme une observation “rationnelle” sur les variations statistiques, sur les méthodologies, sur la situation quantitative, etc., que nous apprécierions la quasi-similitude étonnante, ou bien révélatrice, de ces deux dates : le 18 août et le 21 août.
• Le 18 août, c’était aux USA “the 2010 ‘Cost of Government Day’”, ainsi défini par l’association Americans for Tax Reform : «“the day on which the average American has earned enough gross income to pay off his or her share of the spending and regulatory burdens imposed by government at the federal, state and local levels.” Just two years ago, Cost of Government Day fell an astonishing 34 days earlier. This year, the average American worked 231 days just to support government, which consumes 63.41 percent of national income.» (Voir dans Ouverture libre le 23 août 2010.)
• Le 21 août 2010, c’était le jour où, selon Global Footprint Network, cette civilisation atteignait son “crédit écologique” pour l’année 2010. (Voir dans Ouverture libre, ce 26 août 2010.)
@PAYANT Si les deux observations statistiques peuvent être contestées évidemment dans la méthodologie ou le détail, – d’ailleurs comme toute observation de la statistique, fausse “science exacte” par excellence, – l’amplitude de ces mêmes observations les met à l’abri d’une contestation sérieuse sur le fond. Ces chiffres établissent un rapport avec une année (2010) qui est d’à peu près 60% et 40% pour les deux cas, et cela implique effectivement que la tendance ne peut guère être contestée, – d’autant, bien entendu, qu’il s'agit d'une “tendance” chronologique avec la progression régulière de cette situation dans les années et les décades qui précèdent. (Nous ajouterons pour notre part, pour justifier notre appréciation, celle de l’évidence intuitive qui doit caractériser le regard qu’on jette aujourd’hui sur le monde, c’est-à-dire, qu’on le veuille ou non, sur cette civilisation.) Ce qui nous a frappé c’est effectivement la similitude symbolique des deux dates, décrivant deux situations qui caractérisent presque complètement le “négativisme” productif de notre civilisation, ou sa “négativité”.
(Nous avions songé également à employer le terme “improductivité” mais nous l’avons jugé trop marqué par une référence économique. Le terme “négativité”, – «caractère de ce qui est négatif», – nous semble plus approprié dans la mesure où on peut certes le considérer du point de vue de la productivité, ou de la production, mais où on peut également le charger d’une dimension maléfique. Néanmoins, le terme “improductivité” contient in fine la notion d’infécondité qui se détache du seul champ économique et qui doit être également retenue.)
Les deux dates, avec les situations qu’elles recouvrent, illustrent en effet deux tendances complémentaires de cette civilisation presque exclusivement quantitative (et, dans tous les cas, de plus en plus quantitative). D’une part, – nous préférons commencer notre commentaire par la deuxième date, par respect pour Mother Nature, – des exigences en constante augmentation pour des substances naturelles utilisés pour la production et la consommation, dans tous les sens de ces termes, alors que la disponibilité renouvelée de ces substances est largement dépassée, dans un ordre de grandeur proche de 50%. Cela induit un effet de déficit chronique dont l’accumulation se marque par l’augmentation parallèle, sinon exponentielle, de la dévastation du cadre qui permettrait justement, s’il était respecté, le renouvellement de la disponibilité de ces substances. Disons qu’il s’agit de la “crise de l’environnement” prise dans son sens le plus large, qui s’avère être en fait une tendance désormais négative et prédatrice, devenue la marque d’une infécondité forcée, également en constante accélération. C’est une marche vers l’entropie catastrophique de la situation du monde, cette “entropie catastrophique” devenant ainsi le terme de cette tendance négativiste. Ce n’est plus une situation accidentelle, c’est une situation structurelle de destruction. En regard de cette situation de tendance, toutes les polémiques du monde, sur tel ou tel chiffre, telle statistique, telle tendance politique inspiratrice ou pas de tel ou tel jugement, relèvent de la sympathique conversation à propos du sexe des anges.
D’autre part, la part budgétaire consacrée au seul fonctionnement du gouvernement central des Etats-Unis d’Amérique, dans le budget effectif des USA. Ce chiffre est bien entendu déterminé par des organisations (et le medium qui le répercute, le Washington Times) qui sont hostiles au “grand gouvernement” et aux dépenses publiques. Il y a évidemment une réelle hypocrisie polémique à avancer que toutes ces dépenses sont “improductives”, simplement parce qu’elles servent en principe à faire fonctionner des rouages destinés à animer un organisme général dont on attend qu’il soit productif et fécond. Certaines des dépenses sont certainement productives mais, là encore, l’ampleur du chiffre rend effectivement toute polémique sur tel et tel aspects de la chose vaine et déplacée, et relevant de la même “sympathique conversation” que ce qui est vu plus haut. Dans ce cas, nous nous trouvons à l’autre extrémité de la chaîne, ou bien, plus justement dit, en présence du deuxième pilier du fonctionnement courant de la civilisation. Le gouvernement des Etats-Unis est l’un des centres les plus puissants, à la fois pour la dépense, pour l’incitation et pour l’“inspiration”, de la “doctrine de civilisation” dont l’effet est apprécié par la situation décrite plus haut. Sa propre situation est donc elle-même complètement négative, puisque cette organisation coûte manifestement beaucoup plus d’argent, d’efforts, de ressources diverses, et notamment humaines, pour son propre fonctionnement que son propre fonctionnement ne produit de ces diverses choses. Il est lui-même, ce gouvernement, totalement dans le domaine de la négativité ; plus il “produit” plus il détruit, plus il grandit plus il s’effondre, plus il avance plus il recule…
Ainsi les deux piliers fondamentaux du fonctionnement de la civilisation sont-ils identifiés et définis dans leurs caractères absolument inféconds, négativistes, et, pour ce qui regarde de la prospective évidente, dans leurs caractères absolument nihilistes et catastrophiques. Ainsi a-t-on une situation décrite presque parfaitement de ce qui peut être perçu dans ses développements comme la civilisation quantitative, et de ce qui peut en être apprécié historiquement, comme la civilisation de l’“idéal de puissance” (pour les idées, puisqu’il paraît qu’il y en a) et du “déchaînement de la matière” (pour la réalité historique). Ainsi peut-on alimenter encore plus fortement l’hypothèse que la psychologie humaine, avec les “idées” qu’elle favorise et le niveau intellectuel qu’elle alimente, est fortement marquée, épuisée, et constamment abaissée par la pression de ces réalités du monde. Les idées et l’intelligence que cette psychologie alimente sont à mesure, désormais de plus en plus conduites vers une situation où le choix serait restreint à deux pathologies si l'on s'en tient à ce qui est présenté en général comme “la seule civilisation possible”, dont ces réalités sont effectivement les références : la folie ou le crétinerie.
Le symbole de la rencontre presque jusqu’à l’identité des deux dates valait la peine d’être signalé et médité. Il vaut bien plus qu’une simple observation chronologique, et ceux qui y verraient un signe ne doivent être ni découragés, ni ridiculisés. Il s’agit bien d’un signe.
Mis en ligne le 26 août 2010 à 08H41
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