Un ‘tournant furieux’ aux USA ?

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Un ‘tournant furieux’ aux USA ?

• RapSit-USA2022, – plus que jamais... • Les citoyens de nationalité américaine sont bien là, la larme à l’œil, au garde-à-vous, pour soutenir dans les sondages l’héroïque Zelenski, mais il ne faut pas aller plus loin. • Le ‘War Party’ et le CMI se pourlèchent les babines et font voter leurs employés au Congrès, mais il ne faut pas croire que cela signifie quelque chose de décisif dans le climat actuel. • L’hégémonie globaliste et l’hyperpuissance projetée dans le monde n’ont jamais vraiment été la tasse de thé du citoyen, et encore moins aujourd’hui que jamais. • C’est dire, selon cette impression qui est nôtre, qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours russe... • C’est dire qu’il se pourrait bien que l’Amérique ne fasse d’Ukrisis qu’un intermède avant de retomber dans le chaos bouillonnant de sa “guerre civile culturelle”. • Non pas qu’Ukrisis n’ait aucune importance de ce point de vue, bien au contraire, – mais cette importance considérable est indirecte. • Ukrisis est un événement extrêmement important parce qu’elle n’a pas suscité le regroupement qu’une telle crise aurait dû susciter au sein de la direction US.

5 mai 2022 (10H25) – Nous avons toujours estimé, dans cette GrandeCrise dont Ukrisis s’inscrit comme un élément majeur impliquant tous les pays du bloc-BAO, donc les USA, qu’il existe une “concurrence” de gravité décisive entre la crise extérieure avec son terrible volet du risque nucléaire, et les crises intérieures, soit collectivement de tous les pays impliqués, soit de l’un ou l’autre pays spécifiquement. On comprend que notre remarque, pour lev dernier cas, concerne les USA qui est le figurant majeur sinon écrasant de la chose.

En d’autres termes plus brefs, voici cette simple question : est-il possible que la situation crisique intérieure des USA prenne brusquement le pas sur la situation crisique extérieure (Ukrisis) dans la préoccupation et l’agitation hystérique du pays ? (L’on sait qu’aux USA, pays complètement animé d’une communication démentielle d’influence qui mobilise toute l’attention, y compris celle des directions, une agitation crisique concerne un seul sujet, et non deux sujets ensemble et de front ; dans ce cas, la situation crisique extérieure ou la situation crisique intérieure.)

Il nous semble que nous sommes à un point d’un possible basculement. Jusqu’alors, depuis le début de l’année, il n’y en avait que pour Ukrisis, marquant la prépondérance du ‘War Party’,  éclipsant dans notre perception le brouhaha de la crise de la “guerre civile culturelle” (wokenisme et le reste). Cela est-il en train de basculer ? La question est  très sérieusement posée.

Le 3 mai, PhG, dans ses considérations parfois un peu délirantes, introduit un élément de réponse ; comme l’on sait qu’il (PhG) préfère les visions catastrophiques changeantes, sa remarque n’étonne pas :

« Si l’on se trouve accablés en Europe dans les terribles secousses et soubresauts de Ukrisis, on imagine que cela se fait aux bénéfices de l’Amérique. En un sens, c’est assez juste mais pas vraiment sérieux à mon sens ; d’une façon plus générale, ce n’est pas une cause suffisante pour que cette Amérique triomphe en croyant restaurée sa puissante hégémonie. Au contraire, Ukrisis est devenue là-bas très secondaire et, de nouveau, se lève le grand et tempétueux souffle de la discorde civique, de la guerre culturelle mortifère qui ne cesse de se rallumer, depuis 2014-2015 dans sa phase incandescente. Ukrisis n’a pas réussi à détourner l’attention des électeurs de novembre prochain, et la puissance des nécessités supérieures est toujours en marche.

» Là aussi, en Amérique [...] “Events, events dear boy, command ».

On retrouve chez d’autres commentateurs une proposition similaire. Mentionnons ces remarques de l’un des plus sérieux et des plus éclairés, “b” de ‘TheMoonofAlabam’ (MoA), ce 3 mai, après la fuite du document d’une ébauche de décision de la Cour Suprême qui statuerait éventuellement pour l’abolition du droit à l’avortement au niveau fédéral (les États gardant le pouvoir de l’autoriser sur leurs territoires) :

« A son 69e jour, la guerre en Ukraine a disparu de la manchette des pages-une de la presse.

» L'indignation émotionnelle des démocrates a maintenant été redirigée vers la Cour suprême. Cela s'est produit après que Politico ait publié une ébauche de l'opinion de la majorité de la Cour sur la protection constitutionnelle des droits à l’avortement :

» Le projet de  jugement de la Cour est une répudiation spectaculaire et sans faille de la décision de 1973 garantissant les protections constitutionnelles fédérales du droit à l'avortement et d'une décision ultérieure de 1992, – “Planned Parenthood vs. Casey”, – qui a largement maintenu ce droit. “Roe [la cause qui l’a emporté en 1973] était manifestement erroné dès le départ", écrit Alito.

» Le président de la Cour suprême Roberts a confirmé l'authenticité du projet qui a fait l'objet d'une fuite, mais a ajouté qu'il ne représente pas la décision finale de la Cour.

» Le projet est daté du 10 février 2022. Il s'agit probablement d'une décision tactique des démocrates de laisser fuir le projet maintenant.

» La guerre visant à “affaiblir la Russie” se passe mal pour l’“Occident” et les États-Unis ne peuvent pas faire grand-chose pour changer cela. Les élections de mi-mandat verront probablement une énorme perte pour les démocrates. Ils ont besoin d'un sujet émotionnel pour inciter leurs électeurs à se rendre aux urnes. Le droit à l'avortement peut y parvenir pour un certain groupe d'électeurs. »

Dans ce commentaire, outre l’objet qui nous occupe (éventuelle “cancellation” aux USA des préoccupations guerrières d’Ukrisis en ‘pole position’ dans la communication), on a quelques mots sur une nouvelle polémique sur la possible intervention de la Cour Suprême pour l’abrogation au niveau fédéral du droit à l’avortement qui élargit encore le champ des affrontements sociétaux aux USA, dans la perspective des élections de novembre prochain. On voit que cette nouvelle polémique concerne deux points extrêmement sensible : l’un des piliers originels du projet sociétal (avortement), la toute-puissance traditionnelle de la Loi du système de l’américanisme (la Cour Suprême).

La question sociétale soutient un ensemble de revendications et de polémiques cruelles qu’on a déjà évoquées avant-hier, jusqu’à la question du ‘free speech’ et de la liberté et/ou l’indépendance des médias à cet égard. La querelle est profonde et caractérisée par des contradictions internes particulièrement remarquables, qui sont la marque de cette époque.

Il y a l’achat de Twitter par Elon Musc, qui constitue le paradoxe d’une hyper-richesse capitaliste indépendante, d’habitude dénoncée comme pourfendeuse du ‘free speech’, saluée au contraire comme sa sauvegarde. C’est le cas de cette sortie de Tucker Carlson du 3 mai 2022, saluant l’“homme le plus riche du monde” comme le chevalier blanc venu au secours du ‘free speech’ :

« Nous assistons à la fin du néolibéralisme et de sa pierre angulaire, la chose dont il dépend pour survivre, à savoir le contrôle des entreprises sur les médias, et donc sur votre cerveau. Elles doivent contrôler ce que vous pensez, sinon vous les rejetterez. Mais de plus en plus, elles n'y parviennent pas car la censure, – Dieu merci – est en train de mourir. Et nous pouvons en grande partie en créditer Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, qui a récemment acheté Twitter... Il s'avère que la plupart des gens, puisqu'ils vivent dans ce pays et qu'ils sont citoyens, aimeraient avoir leur mot à dire sur la façon dont ils sont gouvernés. Ils veulent donner leur avis à haute voix sans être punis pour cela. »

Il est peu utile de savoir ce que fera et pourra faire Elon Musc. Ce qui importe ici est l’image, la narrative de son intervention, qui a provoqué un effet tectonique sur les esprits et les jugements, faisant sortir du bois les hordes d’‘anti-free speech’, essentiellement venu de la gauche progressiste-sociétale singulièrement, et des wokenistes avec un peu moins d’empressement. Cette position de la gauche (aux USA mais aussi en Europe) par rapport au ‘free speech’ est à la fois singulière et explosive, tant elle accumule de contradictions qui devraient finir par provoquer des effets considérables, et eux aussi inattendus. Ce sont les « Events, events dear boy, command » du domaine.

De même, c’est encore cette “guerre civile culturelle” qui est la cause du durcissement anti-fédéral et centrifuge de deux gouverneurs de deux États parmi les plus puissants : le Texas et la Floride. Abbott et DeSantis mettent en cause le pouvoir fédéral en envisageant ou en prenant des mesures qui contrecarrent des pans entiers de la politique de l’administration Biden, – qui l’ouverture sans contrôle des frontières, qui la diffusion débridée des doctrines wokenistes et LGTBQ+.

On comprend que toutes ces polémiques brûlantes renvoient à un conflit interne qui ne cesse de gronder de plus en plus fort, malgré la présence au pouvoir d’une administration partisane d’un “réformisme révolutionnaire”. Mais la personnalité de Biden avec sa santé chancelante, la médiocrité des cadres supérieurs qu’il attire autour de lui, l’ambiguïté de la politique sociétale-progressiste et wokeniste du parti démocrate qui est totalement immergé dans une démagogie électoraliste, rendent les nouvelles causes affirmées très difficiles à défendre, et encore plus à être implantées dans des législations solides. Au contraire, l’effet paradoxal est d’affaiblir le pouvoir central, de renforcer des pouvoirs alternatifs, de relayer les divisions populaires aux niveau institutionnel.

Imagine-t-on que ce puissant bouleversement alimentant des divisions qui le sont encore plus, puisse être effacé (‘cancelled’) par une cause telle qu’Ukrisis ? Ce n’est certainement pas notre avis. C’est pourquoi nous observons tout cela comme les prémisses d’un tournant radical vers l’essentiel, qui est dans le centre d’intérêt principal de la politique aux USA, avec cette “guerre civile culturelle” en cours depuis 2014-2015 ; et ce tournant, du type-“retour à l’essentiel” se ferait après le lancement sur orbite d’Ukrisis, laissant les stupides Européens en extrémistes anti-Poutine, avec une guerre sur les bras.

Au reste, le seul homme politique d’importance nationale et candidat potentiel pour la présidentielle-2024 qui se soit prononcée directement contre l’entretien et l’exacerbation de cette guerre comme fait Biden, – c’est-à-dire Trump, ‘Who else’ ? – le fait en définissant la guerre comme une faute de Biden et nullement comme une initiative agressive de Poutine : à cause de Biden, dit Trump, Poutine « ne respecte désormais plus le leadership américain », – donc, la chose se règle sur le territoire national... Et qui, notamment, soutient Trump à cet égard ? Rien de moins que l’archi-gauchiste, le militant infatigable de la dissidence antiguerre, Noam Chomsky. Glenn Greenwald, autre idole de la gauche indépendante et qui a recueilli le jugement de Chomsky, est lui aussi un soutien indirect de Trump dans cette occurrence ressemblant à un billard au nombre respectable de bandes.

Cette “guerre civile culturelle” est vraiment la grande affaire américaniste aujourd’hui, le “bouillon de culture” de l’effondrement du système de l’américanisme. Si le ‘War Party’ et l’industrie de défense se frottent les mains et le portefeuille, ils n’ont pas partie gagnée, d’autant que le Pentagone reste cette énorme masse de puissance craintive qui ne cesse de craindre un affrontement montant aux extrêmes avec la Russie. Alors que le chancelier allemand Scholz, toutes culottes baissées et irresponsabilité hissée, assurait la Première ministre suédoise en visite à Berlin du soutien sans réserve de l’Allemagne pour l’élargissement de l’OTAN à la Suède et à la Finlande, le Pentagone faisait discrètement savoir que les conditions de sécurité requises pour cet élargissement n’étaient pour l’instant pas remplies.

C’est encore pour toutes ces raisons qu’il faut tourner toute notre attention vers le champ de bataille intérieur de la véritable crise du système de l’américanisme. Pour cela, examinons la perspective théorique mais non encore opérationnelle, – tant d’incidents et d’événements suivant leur voie propre peuvent bouleverser le paysage et mettre en question le processus politique normal dans la crise, – des futures échéances électorales jusqu’aux présidentielles de 2024. N’oublions pas que Biden lui-même, en accédant à la fonction suprême, s’était défini comme “un président de transition”, — bien qu’il lui prenne à certains moments la fantaisie bien de son âge d’affirmer qu’il sera candidat pour un deuxième terme, semant un instant de panique terrorisée dans les rangs démocrates...

Un inédit-2024 Trump-vs-BHO ?

... Du côté républicain

Parlons par conséquent dans champ et dans l’optique qui importent, à la lumière crépusculaire du candidat gâteux devenu président si incertain à cause d’une santé si chancelante... Les républicains d’abord.

Trump est un candidat “républicain”-2024 tout trouvé à cause de sa popularité persistante contre le vide républicain. Trump est complètement haï par le parti républicain de l’establishment ; parti complètement pourri et à la dérive, porté néanmoins par une colère anti-Biden et anti-wokeniste de son électorat, par conséquent obligé de soutenir et d’accepter Trump sous la pression de son actuelle popularité ; obligé même d’accepter des manœuvres de renforcement de son aile isolationniste-populiste qu’on pourrait voir se renforcer lors des mid-term de novembre 2022.

Le parti républicain de l’establishment, avec ses automatismes pro-guerre et son globalisme traditionnel, est dans un état « de mort cérébrale », comme dit l’autre. Il est une force passive, et sa représentation institutionnelle est prisonnière d’une base populaire toute acquise à Trump. Il aimerait bien en rester à Ukrisis, mais nous pensons que c’est une partie perdue d’avance.

... Du côté démocrate

C’est un paysage de carnage ! Comment se parti n’est-il pas parvenu à se débarrasser de Biden par un tour ou l’autre du côté du 25ème amendement (destitution du président pour incapacité d’assurer sa fonction) ? Outre son impuissance et ses divisions, la véritable question deviendrait alors, comme elle se pose pour 2024 : qui mettre à sa place ? La vice-présidente Harris serait encore pire que Biden et achèverait la destruction de la fonction présidentielle. Poursuivant leur tactique habile du “Courage, fuyons” en faisant du sur-place, les démocrates laissent Biden en place, jusqu’à supporter ses saillies occasionnelles où il annonce qu’il se représentera en 2024.

Alors, on fait le compte des candidats potentiels : Hillary ? Sanders ? Elizabeth Warren ? Tous presque gâteux, impopulaires et hors de propos. C’est alors que jaillit le nom d’Obama, que rien de constitutionnel n’empêcherait de se représenter.

On a remarqué que Biden a institué son “ministère de la Vérité” quelques jours après qu’Obama ait, dans un discours,  plaidé pour la nécessité de l’institutionnalisation d’une censure renforcée. Tulsi Gabbard, qui reste décidément en embuscade, a tweeté à cette occasion que Biden n’était qu’un « front man », une marionnette d’Obama... Dans ce cas, il importe de se rappeler les déclarations d’Obama de décembre 2020 reprises par nous à la fin janvier 2021 :

« On ressort, dans la référence citée à partir de l’article de ‘WhatDoesItMean’, un entretien vieux de plus d’un mois, d’Obama reçu par Stephen Colbert dans ‘The Late Show’. Obama confirme qu’il ne voudrait pas revenir au pouvoir pour un troisième mandat, comme certains lui demandent ou le lui ont suggéré, mais qu’il aimerait avoir (dans le pouvoir qui se mettait en place lorsqu’il parlait) des relais d’influence très directs, – tout cela étant dit sous une forme ironique, très cool, à-la-Obama dans le rôle du comploteur complètement à l’aise :

» Si je pouvais arriver à un arrangement où j’aurais un relais dans la place, un homme ou une femme de tête, avec une oreillette par où recevoir mes suggestions de proposition ou d’action, et moi dans ma cave, à  consulter fiévreusement ma documentation, et que je pourrais en quelque sorte exercer mon influence[comme si j’étais président] tandis que quelqu’un d’autre se chargerait de la conversation et du cérémonial, ce serait parfait pour moi parce que je trouve ce travail à faire absolument fascinant. »

... D’une façon ou l’autre, Obama reste un personnage important dans la vie politique US, qui verrouille indirectement le pouvoir. Il dit en 2020 « qu’il ne voudrait pas revenir au pouvoir pour un troisième mandat, comme certains lui demandent ou le lui ont suggéré » ? Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis... Il semble qu’il (Obama) se soit notablement radicalisé depuis sa présidence, – ou simplement découvert tel qu’il est, ayant assuré son statut-Système ; il semble donc qu’il constitue l’une des poutres-maîtresses  du facteur culturel révolutionnaire (wokenisme, LGTBQ+). Par conséquent, pourquoi ne changerait-il pas d’avis devant un Biden gâteux et un désert démocrate du point de vue des personnalités ?

Notre conviction à cet égard est qu’il devrait, s’il s’engageait à nouveau dans la vie politique, insister sur les questions sociétales-progressistes au détriment des questions de politique étrangère, et notamment des “besoins de guerre” du Système, parce que cette course effrénée a selon notre point de vue de moins en moins de chance de rencontrer quelque écho chez les minorités de tous genres (!). L’affrontement avec Trump serait sublime, au son des trompettes interprétant le « Aux morts » à la gloire de l’Empire.

... De tous les côtés

Dans l’état actuel des choses et si l’on se place selon un jugement qualitatif objectif des capacités politiques et des popularités profondes, on est conduit à reconnaître que la formule Trump-versus-Obama est la plus significative possible aux USA, pour une élection présidentielle. Pour autant, elle serait génératrice d’encore plus de rupture et de haine entre les camps opposés aux USA, et alors les “qualités” des deux hommes contribueraient fortement à radicaliser encore la “guerre civile culturelle”, et à s’enfermer encore plus dans cet affrontement terrible.

...Pour autant, bis repetitat, il est très probable que d’ici 2024, des événements inattendus-par-substance viendront interférer sur l’évolution politique que nous envisageons, dans le sens de l’aggravation comme les événements passés depuis 2014-2015 nous le montrent. Ainsi, cette évolution qui n’est qu’une évaluation que nous croyons pourtant inconsciemment présente dans les psychologies, n’a d’intérêt que dans son influence souterraine déjà à l’œuvre dans l’esprit de ces psychologies plongées dans l’atmosphère hystérique de la “guerre civile culturelle” aux USA en pleine relance après l’installation d’Ukrisis. Cette même Ukrisis pourrait s’installer dans le statut d’une crise guerrière annexe (pour les USA), occupée alors principalement à maintenir les Européens dans la plongée économique et culturelle catastrophique qu’ils subissent, avec la déstabilisation constante et encore accélérée, avec l’angoisse psychologique et les troubles populaires qui vont avec. Le bloc-BAO serait dans de beaux draps, du type ‘L’école des cadavres

Les USA entreraient alors complètement dans le schéma du surpassement des crises extérieures par la crise intérieure générale du système de l’américanisme. Cela nous ramène aux perspectives souvent évoquées par nous, et encore dernièrement, à partir d’une lointaine (2010) analyse d’un néo-sécessionniste du Vermont (Thomas Naylor) pour Chris Hedges, amendée de la guerre qui va bien pour correspondre aux “temps-devenus-fous” de la période :

« [Naylor] évoque alors “l’effondrement de l’empire” : “Il y a trois ou quatre scénarios possibles de l’effondrement de l’empire. Une possibilité est une guerre contre l’Iran [une guerre en Ukraine]... » Et l’une des récentes reprises de cette citation (le 30 mars 2017) était saluée de ce commentaire : “Après tout, certes, ce serait une bonne manière de régler la guerre civile qui fait rage à Washington D.C. »

» Naylor exprimait l’idée de la fragilité désormais très grande de l’‘Empire’ lors d’aventures ‘impériales’, en raison des répercussions intérieures, là aussi dans une situation infrastructurelles très fragile. Nous sommes, avec l’Ukraine, dans un cas de cette sorte, puisque c’est l’extraordinaire faiblesse, l’épuisement du système de gouvernement du système de l’américanisme qui est exposée, justement avec l’abandon de cette notion fondamentales de bipartisme, d’“union sacrée” face à une crise extérieure majeure pour ce système de l’américanisme... Dans le cas de l’Ukraine, manifestement et peu ou prou, tout le monde s’en fout, ne songeant qu’à poursuivre la vindicte interne de leur ‘guerre civile de communication’ en attendant les élections. »

... Ce qui revient à exposer notre conviction opérationnelle fondée sur notre conviction théorique : le Système doit exploser de lui-même, au faite de sa surpuissance dans une crise extérieure, transposant ainsi l’équation surpuissance-autodestruction. L’Amérique en est bien entendu le cœur, la matrice, et elle “fera la job” ; même si elle “profite” d’Ukrisis, arrose d’armes et de dollars le gang de Kiev, fait souffrir les Européens qui ne demandent que ça, elle en revient irrésistiblement à son déchirement intérieur, son insupportabilité d’une partie pour l’autre et vice-versa. C’est là que les choses se passent.