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1076Une rumeur qu’on retrouve de loin en loin concerne le départ de Gates. On la retrouve le 27 octobre 2009 sur le blog de Loren B. Thompson, qui avait déjà mentionné cette possibilité. Ce qui est remarquable dans ce cas, c’est que le départ, envisagé pour l’année 2010, semblerait être plus proche, sinon précipité, puisque l’indication de Thompson parle de décembre 2009. Les raisons que donne Thompson sont assez anodines et méritent d'autres précisions et des commentaires plus politiques. Les possibles successeurs de Gates renvoient aux mêmes noms: John Hamre ou Richard Danzig, dans les deux cas des démocrates ou proches des démocrates et des proches d’Obama (surtout Danzig).
Thompson: «Many explanations are offered for why Gates would go soon. The Quadrennial Defense Review is largely done. He only promised the President he would stay one year. He isn't as close to Obama as people think. His wife doesn't like Washington. Etc.» Le “Etc.” mérite des développements...
@PAYANT On a déjà dit que Thompson, sur certains sujets qui ne concernaient pas les intérêts directs de ses commanditaires (Lockheed Martin et le reste), pouvait être considéré comme une source intéressante. Par ailleurs, la rumeur dont il fait état est effectivement très insistante au Pentagone, et se recoupe diversement. Mais les explications que donne Thompson nous paraissent, par contre, assez incomplètes.
D’une façon générale, il semble bien qu’on distingue un certain découragement chez Gates, et des difficultés politiques grandissantes, par rapport à ses ambitions qui concernent aussi bien la “réforme” du Pentagone que les relations extérieures. Gates mesure le blocage de ses tentatives de réforme, les difficultés qui s’accumulent sur les grands programmes qui soutiennent sa politique (le programme JSF, le programme des ravitailleurs en vol), qui pourraient rendre sa position de plus en plus difficile parce que tout cela pourrait lui être imputé. Une telle évolution serait considérée comme un échec personnel de Gates pour son plus important projet (réformer le Pentagone). D’autre part, les difficultés avec des alliés jusqu’ici alignés comme le Japon, les rapports en constante dégradation d’Obama avec les généraux partisans d’un effort supplémentaire en Afghanistan, sont aussi des éléments à considérer. L’absence de proximité de Gates par rapport à Obama, qui est mise en évidence par Thompson, est surtout le résultat d’une évolution: les rapports de Gates avec Obama, en fait, se sont dégradés à mesure de la dégradation de toutes ces affaires.
Si Gates partait très rapidement, dans les mois qui viennent, alors que ce délai respectait les premières prévisions lorsqu’il fut décidé qu’il resterait au Pentagone, cela aurait aujourd’hui, dans la situation dégradée, une signification politique indiscutable. (Il y a encore quelques mois, on jugeait que Gates resterait beaucoup plus longtemps que ce qui avait été annoncé au départ, peut-être jusqu’au bout du premier terme d’Obama.) Surtout, et c’est le plus important, le départ de Gates pourrait présager un changement important de politique au Pentagone. Dès l’été, on a pu remarquer une certaine divergence entre Gates et certains de ses adjoints nommés par Obama, et faisant partie de l’équipe Obama (Ashton Carter), une position plus dure vis-à-vis de la bureaucratie du Pentagone notamment, et vis-à-vis de certains grands engagements de programme de Gates. Dans de telles conditions, le départ de Gates ne serait pas une évolution normale mais peut-être une rupture, avec l’arrivée d’une politique plus radicale, un durcissement de l’administration Obama contre le Pentagone, aussi bien vis-à-vis des aventures extérieures (Afghanistan, avec la mise en question de la politique d’engagement) que vis-à-vis de la situation intérieure du Pentagone, vis-à-vis du budget et de certains grands programmes.
Mis en ligne le 29 octobre 2009 à 06H06