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808Ce titre semblerait-il contredire celui de la nouvelle précédente? On verra cela plus loin. Il s’agit du rapport trimestriel de Neil Barofsky, l’Inspecteur Général nommé par le Congrès pour surveiller les effets du système TARP (Troubled Asset Relief Program) qui a été mis en place pour le “sauvetage”, avec bonus à la clef, des grandes banques de Wall Street. Le rapport a été rendu public le 31 janvier 2010 par Fox.News. La situation est, aujourd’hui, pire que celle qui a conduit à la crise 9/15 de 2008.
«The problems that led to the last financial crisis have not yet been addressed, and in some cases have grown worse, says Neil Barofsky, the special inspector general for the trouble asset relief program, or TARP. The quarterly report to Congress was released Sunday. The government's bailout of financial institutions deemed “too big to fail” has created a risk that the United States could face a worse fiscal meltdown in the future, an independent watchdog assigned to review the program told Congress on Sunday.
»The Troubled Assets Relief Program, known as TARP, has not addressed the problems that led to the last crisis and in some case those problems have festered and are a bigger threat than before, warned Neil Barofsky, the special inspector general at the Treasury Department. “Even if TARP saved our financial system from driving off a cliff back in 2008, absent meaningful reform, we are still driving on the same winding mountain road, but this time in a faster car,” Barofsky wrote.
»Barofsky wrote the $700 billion financial bailout has encouraged more risk-taking because bank executives, who are still receiving massive bonuses, figure the government will come to the rescue the next time they steer their ships nearly aground.»
@PAYANT La rapport Barofsky montre, immédiatement après nos remarques sur le discrédit de l’information officielle sur l’économie, et sur la crise économique par conséquent, que des “officiels” peuvent parfaitement évoluer pour figurer dans le “réseau parallèle” d’information, aux côtés d’un Roubini, lorsque la situation et les opportunités politiques les y conduisent. C’est bien de “désordre” qu’il faut parler, à côté de l’évidence du discrédit de l’information officielle suivant la ligne optimiste suivie depuis le printemps dernier. L'“information officielle” ne signifie pas que tous les “officiels” y souscrivent mais, d'une façon différente, qu'elle semble refléter la ligne “officielle”. Dans ce cas, même cette définition doit être nuancée...
Le rapport Barofsky a été rendu public au Congrès dans un contexte hautement politique. La dépêche Fox.News rend compte des réactions de parlementaires, qui ont été immédiates et radicales. Aucun des deux partis ne conteste la tonalité très pessimiste du rapport; bien au contraire, tous les deux tentent de l’exploiter à leur avantage respectif. Les républicains en font un argument pour condamner la politique du gouvernement Obama vis-à-vis de Wall Street, son interventionnisme massif en faveur des banques qui conduisent celles-ci à perdre tout sens de leur responsabilités, si elles en eurent jamais («The market mentality now seems fixed that the U.S. government will continue to step in and bail out giant financial institutions», dit la sénatrice Collins, républicaine du Maine). Les démocrates, menés par la Speaker de la Chambre Nancy Pelosi, rejettent toute la faute sur la politique mise en route initialement par l’administration Bush qui a effectivement institué la politique des TARP, laquelle a enchaîné l’administration Obama dans la voie qu’il a suivie (Pelosi: «The American people paid a heavy price because of the reckless economic policies of the Bush administration where the interests of Wall Street were placed ahead of the interests of Main Street»). Dans les deux cas, on distingue nettement une tonalité anti-Wall Street qui rencontre évidemment le sentiment des électeurs, tel qu’il s’est manifesté le 19 janvier dans le Massachusetts, et tel qu’on attend qu’il se manifestera en novembre prochain.
La publication du rapport Barofsky est donc d’abord un acte politique du Congrès, parce que les parlementaires veulent des munitions pour alimenter leur rhétorique électorale. La singularité de l’événement, c’est bien entendu que les deux partis sont d’accord dans ce cas, même si chacun avec des arguments différents, contre le gouvernement. Le département du trésor, aujourd’hui très contesté avec une position très délicate de son ministre Geithner et des rumeurs persistantes de son départ, a eu la réaction remarquable d’à la fois approuver la publication du rapport et de son contenu – lequel contenu est une condamnation indirecte mais évidente de sa politique – et d’annoncer qu’il poursuivait cette politique parce que c’est la seule possible et qu’elle est finalement excellente. Difficile de trouver mieux en fait de schizophrénie. Mais il s’agit également de la démonstration qu’aujourd’hui le Congrès et l’administration ont des intérêts et des politiques différents en fonction des prochaines élections, sans aucune attention portée au couleurs politiques: les démocrates du Congrès ont leur politique, différente, voire contraire à celle du gouvernement, pour ce qui est de ce domaine des relations avec Wall Street. Pire encore, ou plus compliqué, ou désordre plus grand si l’on veut; en l’occurrence, on devrait parler plutôt de la politique du trésor (Geithner) que de l’administration dans son ensemble. Il n’est nullement assuré qu’Obama suive la même ligne que son secrétaire au trésor dans cette affaire; il n’est pas improbable que le président prenne ses distances également sur ce point et se rapproche de l’opinion du Congrès pour soutenir les démocrates en campagne électorale, et tenter de conforter sa propre position. (La fameuse “sinuosité” d’Obama, aujourd'hui mise en évidence presque de façon quotidienne.)
A côté de quoi, il faut tout de même noter également que Barofsky ne fait rien d’autre que de nous annoncer une nouvelle crise 9/15, en pire, à un rythme plus élevé, une crise parfaitement rôdée par la précédente pour faire sentir tous ses effets dévastateurs: «… we are still driving on the same winding mountain road, but this time in a faster car.» On n’arrête donc pas le progrès car l’on n’arrête pas la course aux performances toujours améliorées. Ce précepte du système triomphant joue donc aujourd’hui à fond pour sa “structure crisique” décidément transformée en “spirale crisique”, tout cela à la recherche du trou noir final – de la crise définitive.
Mis en ligne le 1er février 2010 à 07H19