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769On le sait maintenant, et nous nous inscrivons complètement dans cette appréciation, l'importance de la référence de la Grande Dépression des années 1930 pour accompagner notre appréciation de la crise. La “hantise”, plutôt que la mémoire, en est la marque essentielle; les titres des textes qui rappellent la grande catastrophe des années 1930 font grand usage du mot. C’est le cas d’un universitaire britannique, de l’université du Sussex, Clive Webb, qui nous fait une description très intéressante de la Grande Dépression, sous le titre «Haunted by History», dans le Guardian d’aujourd’hui.
Il y a de nombreux passages et détails intéressants dans ce texte, y compris sur la situation actuelle aux USA. On notera, comme exemple de ce type de référence à la situation actuelle, la dévastation incroyable que les pratiques du capitalisme US sans le moindre contrôle ont exercé dans les minorités, amenant une connotation raciste dans l’escroquerie qui nous édifie sur l’état de la chose dans l’American Dream; l’intégration raciale dans le chef de l’escroquerie caputaliste est sans aucun doute achevée, au-delà de toute espérance: «Once again, minorities, still overrepresented among America's poor, have borne the brunt of the economic burden that now afflicts Americans. Sub-prime mortgage lenders aggressively targeted minorities who otherwise were unable to afford their own homes. According to the Harvard University's Joint Centre for Housing Studies, 55% of African Americans and 45% of Latinos who became homeowners in 2005 did so through sub-prime mortgages, compared with only 17% of whites. The sub-prime mortgage crisis has hit minorities hard, with many suffering foreclosures. Last year, the National Association for the Advancement of Colored People filed a lawsuit against sub-prime mortgage lenders it accuses of “institutionalised racism” because of their predatory behaviour.»
C’est évidemment sa dimension historique qui reste l’attrait essentiel du texte. Parmi les divers aspects du domaine, on retiendra la conclusion qui s’attache à un point particulier de la comparaison entre les situations de 1933 et de 2008.
«There is one further lesson from history that the federal government will need to consider should economic conditions deteriorate further. Although much of the blame for the current crisis is attributable to the recklessness of Wall Street, bailing out the economic elites will not address the problems that afflict Main Street. The New Deal programmes of the Roosevelt administration represented an unprecedented expansion of government intervention in the economy. Yet they failed to work. Although Washington provided relief and opportunities to millions of Americans, the country remained in a perilous state. On the eve of US intervention in the second world war, nine million Americans were still out of work.
»Perhaps the most frightening lesson of history is that the mobilisation for war and the factory-employment opportunities it created accomplished what government economic reform programmes could not. By contrast, the current military conflict in which the US is embroiled only compounds its economic problems. The expenditure of billions of dollars on the war on terror drains resources that could be spent on the domestic economy, imposing a tax burden on ordinary people that restricts their disposable income. Nothing less than a radical restructuring of the economy, from the grassroots up, will fix today's mess.»
Nous avions développé nous-mêmes cette idée, notamment le 17 mars 2008, selon laquelle la guerre est aujourd’hui un problème de plus, sinon l’un des moteurs de la crise économique, alors qu’elle s’avéra être la “solution” de la Grande Dépression en 1941. Dans ce sens, la conclusion extrême de Clive Webb est encore plus intéressante, exprimée par cette phrase: «Nothing less than a radical restructuring of the economy, from the grassroots up, will fix today's mess.»
C’est un exemple de plus de la façon dont, ces dernières semaines, les esprits, ayant pris conscience de la gravité de la crise, sont conduits à envisager de plus en plus nettement des issues radicales. Ce qui fut évité à l’issue de la Grande Dépression, –la mise en cause fondamentale du système économique, c’est-à-dire du capitalisme lui-même au bout de cette logique, – semble de plus en plus devenir l’issue inévitable de la crise. La conclusion de Clive Webb n’est qu’un exemple parmi d’autres. Aujourd’hui, ceux qui plaident pour un réformisme appuyé du capitalisme, conception qui était encore jugée extrémiste, voire relaps il y a encore quelques mois, deviennent des modérés dans les attitudes vis-à-vis de la crise. L’idée d’une action structurelle contre le système actuel ne cesse de gagner du terrain, à une vitesse très grande, qui laisse à penser quelle force eurent les appréciations critiques qui furent interdites de s’exprimer pendant de nombreuses années, – et qui sont libérées aujourd’hui.
Mis en ligne le 3 octobre 2008 à 14H25
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