Une bombe à retardement: la candidature Blair à la présidence UE

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 740

Depuis quelques jours, plusieurs articles de journaux européens mettent en évidence combien la question d’une candidature Blair pour la présidence de l’UE, une des dispositions du traité qui vient d’être adopté par le Parlement en France, est devenue un débat politique majeur. Ce débat a toutes les chances d’être une polémique majeure pour les prochains mois.

Un article du Daily Telegraph du 3 février signalait que l’ancien Premier ministre avait décidé de lancer une campagne formelle dans ce sens («Tony Blair has held a council of war with some of his oldest allies over becoming the European Union's first full-time president»).

Aujourd’hui, le même quotidien revient sur la question en signalant le rôle de pression qu’exerce dans ce débat l’ancien président Giscard d’Estaing. Il signale aussi l’opposition de Giscard à la candidature Blair et les questions soulevées par la procédure pour définir les pouvoirs et attributions d’un tel président.

«Mr Giscard d'Estaing has called for a public debate about the role of president, which he created. He fears that European governments, running scared of public opinion, will draft the job description in Brussels corridors instead. “The definition must be undertaken with great care if we want the role of the president to have a democratic character, taking into account public expectations,” he said.

»Closed meetings of ambassadors to the EU will begin to hammer out a job description later this month. This discussion is expected to reach a conclusion at a summit in mid-June, which has angered many British MPs because Parliament will ratify the new treaty before anyone really knows the powers and role of the EU president it creates.»

La question de la présidence de l’UE liée à celle de Blair comme candidat premier président est hautement polémique dans la mesure où elle révèle et suscite de graves affrontements au sein de l’establishment européen.

• Le Français Sarkozy est un chaud partisan d’une candidature Blair et l’Allemande Merkel en est une ferme adversaire, pour prendre les deux pays dont le soutien est essentiel pour une désignation comme président. (Le soutien de Sarko à Blair doit lui-même susciter une polémique en France où l’opposition à Blair, avec la position de Giscard, est forte.)

• Il y a deux autres candidats avec Blair, Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker et l’Autrichien Wolfgang Schuessel. Les Allemands soutiendraient Schuessel. Juncker a un très grand soutien, tant dans les institutions que dans nombre de pays. En général, on estime que si les Allemands s’aperçoivent de Schuessel n’a guère de chance (ce qui devrait êtré le cas), ils se replieraient sur Juncker, – tout sauf Blair…

• Une candidature/une présidence Blair conduirait paradoxalement à des tensions avec son pays d’origine. Elle(s) réactiverai(en)t l’opposition virulente entre Brown et Blair. Brown est décrit comme «furieusement opposé» à une présidence Blair alors que Blair apparaît désormais décidé à mettre toutes ses forces dans la bataille.

Dans les institutions européennes, notamment à la Commission ét au Parlement, nous dit une source européenne, «la question fait l’essentiel des conversations de couloir. Le soutien à Blair est quasiment au niveau du zéro et l'on peut même parler d'une opposition active, agressive, notamment basée sur sa diplomatie passé considérée comme catastrophique, son alignement sur les USA, ses activités actuelles d'homme d'argent. La popularité de Juncker est considérable et nul ne doute qu’on aurait avec lui un premier président particulièrement représentatif, dynamique, indépendant d'esprit. Cette fois, le courant a l’air très puissant, très volontaire, et il jouera un rôle essentiel dans cette affaire.»

La présidence de l’UE, avec Blair comme candidat et une alternative extrêmement valable (Juncker, une personnalité très forte), promet de nous offrir une belle bagarre. L’intérêt de la chose est que, cette fois, ce n’est pas l’establishment contre les peuples, mais l’establishment gravement divisé.


Mis en ligne le 9 février 2008 à 06H28