Une campagne aux dents longues

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 390

La compétition et l’ambition sont redoutables. Il paraît désormais bien difficile que les vœux ardents des uns et des autres pour une campagne des présidentielles US “civile” (c’est-à-dire: polie) soient rencontrés. La rencontre télévisée (21 janvier) entre les trois principaux candidats démocrates a été sanglante, – et, finalement assez incertaine puisque l’on ne savait plus combien ils étaient sur le plateau ni qui étaient exactement les candidats.

• A côté d’Hillary et du sénateur Obama qui s’invectivaient avec une vigueur rafraîchissante et démocratique, le sénateur Edwards se demandait ce qu’il faisait là, – non, plutôt, il se demandait s’il était là: «The third candidate at the debate, John Edwards, was left largely as a bystander. “Are there three people in this debate, not two?” he asked.»

• L’engueulade entre Hillary et le sénateur Obama s’est déroulée à propos d’une intervention de Bill Clinton qu’Obama n’a pas appréciée. Alors nous nous sommes demandés – ou, plutôt, Obama s’est demandé: quel est le véritable candidat? Bill ou Hillary? «During the debate, Obama quoted a contentious remark made by Bill Clinton. Hillary Clinton shot back: “Well, I'm here; he's not.” Obama replied: “OK. Well, I can't tell who I'm running against sometimes.”»

Le Guardian donne aujourd’hui une appréciation et la transcription du débat (plus une vidéo disponible sur le premier texte).

Tout cela est plus qu’anecdotique. Dans l’histoire politique moderne des USA (depuis que la télévision existe, dans tous les cas), le débat Clinton-Obama apparaît comme un événement remarquable par sa violence et sa spontanéité. L’antagonisme qui a éclaté entre les deux candidats a fait sauter en miettes l’image de “civilité” en question et a donné une bonne mesure de la nervosité qui caractérise la campagne. D’autre part, les circonstances sont complètement inédites dans une campagne présidentielle avec cette présence constante du mari d’Hillary. L’incident avec Obama officialise en quelque sorte cette étrange candidature bicéphale du couple Clinton.

La question du rôle de Bill Clinton est par conséquent de plus en plus au centre de la campagne de Hillary Clinton. Si l’on peut aisément admettre que la violence du débat Hillary-Obama n’était pas préméditée, par contre le rôle de Bill Clinton pourrait être différent de ce qu’on en a fait en général ces dernières semaines. Depuis quelques interventions jugées malencontreuses, Bill Clinton était en général présenté comme “hors de contrôle” dans la campagne de sa femme. Une autre version fait (ou refait?) surface. Un article du site Politico.com du 22 janvier présente cette autre perspective. Selon ce point de vue, le comportement et le rôle de Bill Clinton sont préparés et programmés par les deux époux, comme complémentaires de ceux d’Hillary. Au fond, la question est encore plus insistante: qui est le véritable candidat?

«“While some observes have warned the campaign not to allow the former president to ‘steal the limelight,’ [Bill] Clinton has the ability to validate the candidate and launch aggressive push backs on [Hillary's] opponents, including those of us in the media,” said Donna Brazile, a former Clinton aide and CNN commentator who was recently one of his critics.

»He's “a beloved figure in the Democratic party,” she added.

»What’s still unclear is whether Bill Clinton’s performances on his wife’s behalf could wear thin over time, either with Democrats or in a general election contest, and possibly amplify complaints that her presidency would reprise the 1990s rather than look forward.

»For now, there is one sure sign that his words are having their effect: Now Sen. Barack Obama, after absorbing the former president's assaults with a sort of bemused silence, has chosen to engage him.»

Mis en ligne le 22 janvier 2008 à 23H05